Sur Snapchat, ce sont des comptes baptisés « ficha » (verlan de affiche, ou comment mettre la honte à quelqu’un) qui ont fleuri. Ils diffusent des photos dénudées ou des vidéos intimes de jeunes femmes souvent mineures. Par région, par ville, par département. Il en existe des dizaines…, qui font des ravages.
Selon l’association de protection e-Enfance les appels reçus par le numéro vert national NET ECOUTE ont fortement augmenté (+20%) depuis le confinement pour chantages sexuels à la webcam, revenge porn, comptes ficha, escroqueries, exposition à la pornographie. Et les signalements aux plateformes ont doublé, entrainant la fermeture de nombreux comptes, notamment en coopération avec Snapchat et Instagram.
Mais à peine repérés, les comptes se transposent en partie sur Telegram, une messagerie cryptée plus difficile à surveiller. Et il reste très difficile de maîtriser la divulgation de ces photos fournies par des ex…
« ça m’a détruit »
Je n’ose plus aller sur les réseaux sociaux, ni parler à mes amis. Ce qui s’est passé m’a traumatisée… » Sarah, 16 ans, vit prostrée chez elle à Garges-lès-Gonesse (Val d’Oise) depuis plus d’une semaine. Il y a quelques jours, elle a découvert des photos d’elle nue, postées à son insu sur un compte Snapchat nommé « ficha 95 ». « C’est une amie qui m’a prévenu que ça circulait sur Snap. Quand je les ai vues, je me suis mise à pleurer. J’étais complètement bouleversée, je me suis dit que ma vie était foutue », a raconté à 20 minutes la jeune fille qui, par honte et par peur des réactions, n’a pas osé en parler à ses proches.
Depuis plusieurs semaines, cette nouvelle forme de revenge porn a déferlé sur Snapchat et sur la messagerie cryptée Telegram. Le procédé est à chaque fois le même. Les auteurs de ces comptes demandent à leurs abonnés de leur transmettre des images à caractère sexuel de leurs ex-copines ou toute autre fille de leur entourage (…) Et souvent ils révèlent l’identité de la victime.
Selon Hind Ayadi, la présidente de l’association Espoir et Création, les victimes ne sont pas toutes des femmes majeures. Loin de là. D’après elle, la plupart des victimes seraient en réalité des lycéennes ou des collégiennes âgées de 14 à 17 ans. Elle a d’ailleurs confié à 20 minutes avoir reçu des dizaines d’appels désespérés depuis le début du confinement.