Non, les ados ne sont pas des “crétins digitaux”

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On entend souvent que les adolescents seraient “esclaves des écrans”. Un stéréotype largement relayé par certains experts, comme Michel Desmurget, auteur du best-seller La fabrique du crétin digital, qui alerte depuis des années sur les effets des écrans sur le cerveau des jeunes.

Pourtant une récente étude de la CNIL (Numérique, adolescent et vie privée) tord le cou à ce type de clichés. En interrogeant des centaines de collégiens sur leurs usages numériques, elle montre que les ados sont loin d’être passifs ou inconscients dans leur vie connectée. Au contraire : beaucoup développent des stratégies pour préserver leur vie privée en ligne, contrôler ce qu’ils publient, et gérer leur présence sur les réseaux sociaux, avec une vraie lucidité

 

Injonctions contradictoires

Et pourtant, on ne les aide pas ! Les jeunes sont confrontés à des contradictions auxquelles ils ne savent pas comment répondre. Côté Parents, on reproche aux ados d’être trop sur leur téléphone alors qu’ils sont entourés d’adultes accrochés au leur jusqu’à la table du dîner et qu’ils n’ont pas le droit de sortir car l’extérieur est perçu comme dangereux. Côté école, dès l’entrée en 6ᵉ, les établissements attendent des élèves qu’ils puissent se connecter quotidiennement à leur espace personnel sur Pronote et autre École Directe pour consulter leurs devoirs, leur emploi du temps ou vérifier l’absence d’un professeur avant de se rendre en cours.

Un usage qui entre donc en contradiction avec les discours appelant à limiter les écrans.

"46% des parents disent avoir fourni un téléphone à leur enfant pour qu’il puisse aller sur l’intranet, ce qui montre la place que prend l’école dans les motivations à équiper un enfant"
Mehdi Arfaoui, sociologue à la CNIL

Autre cliché tenace : les écrans isoleraient les ados de leur entourage. Or, c’est tout l’inverse que montre le rapport : à cet âge charnière, les outils numériques sont d’abord un moyen de sociabilisation avec l’entourage. “Les premières applications qu’installent les enfants ne sont pas les réseaux sociaux classiques, mais des applis liées aux loisirs culturels (jeux vidéo, musique, films…) et des messageries pour garder le lien avec la famille proche”, souligne le sociologue Mehdi Arfaoui.

Le jeu réputationnel, facteur de prudence

Autre idée reçue tenace :  les adolescents s’exposent sans pudeur sur les réseaux sociaux et sans se soucier de leurs données personnelles. Mehdi Arfaoui nous explique pourquoi c’est faux, décryptant leurs codes.

Le dernier Baromètre du numérique confirme une grande lucidité des adolescents : 62 % des 12-17 ans déclarent ressentir une inquiétude face à l’usage d’Internet et des outils numériques. Un chiffre qui grimpe à 75 % chez les 18-24 ans, une génération qui a grandi avec les réseaux sociaux avant l’arrivée des premières protections sérieuses, comme le contrôle parental renforcé ou le Digital Markets Act, qui encadre aujourd’hui les pratiques des géants du web (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft).

Ces constats rappellent un besoin fondamental : les enfants ne demandent pas seulement des outils, ils ont besoin d’un cadre clair et d’un accompagnement solide. Et cela suppose une meilleure communication entre tous les adultes qui les entourent : parents, enseignants, encadrants.

A force de répéter que les jeunes font n’importe quoi avec les écrans, le lien se rompt. Il est essentiel que le numérique ne soit pas de ne pas rompre le lien avec eux. Car en cas de problème, ce sont généralement vers leurs parents que les adolescents ont le réflexe de se tourner... À condition que le dialogue soit possible. “Autrement, il y a de grandes chances pour qu’ils ne se retournent... vers personne”, alerte Mehdi Arfaoui.

Comment dialoguer avec son ado autour des réseaux sociaux ?

Nos conseils ici

Tout comme les adolescents apprennent peu à peu à se protéger en ligne par essais et erreurs, les parents, eux aussi, avancent par tâtonnements.

“On a vu dans l’enquête que beaucoup ajustent leur posture au fil du temps, prenant conscience, parfois tardivement, des risques auxquels leurs enfants peuvent être exposés”, explique le sociologue Mehdi Arfaoui.

Plutôt que de culpabiliser, il invite à accompagner ce cheminement avec bienveillance, en posant un cadre clair mais souple. Un cadre qui laisse à l’enfant la liberté d’expérimenter, tout en maintenant une présence rassurante : une bouée de secours à portée de main, en cas de besoin, à un âge où le cadre est définitivement un besoin.

Et toi Orange tu fais quoi ?

Des ateliers numériques gratuits et ouverts à tous, dédiés aux parents et grands-parents, pour monter en compétence et pour accompagner et protéger enfants et petits-enfants dans leurs usages du numérique sont organisés en ligne et en boutique.

L’atelier « Protéger son enfant sur Internet » aborde particulièrement la thématique du contrôle parental tandis que l’atelier « Mieux comprendre les usages numériques des adolescents » aborde les usages dans une optique de dialogue intergénérationnel sur la vie des jeunes sur les réseaux sociaux ainsi que les dangers d’Internet afin de donner la possibilité aux adultes d’accueillir la parole des enfants. 

Retrouvez tous nos conseils pour adopter les bons mots avec son ado.

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