La rue, moins dangereuse que la maison pour les enfants ?

On se représente toujours l’espace extérieur comme beaucoup plus dangereux que chez soi. Pourtant, il faut en moyenne moins d'une minute à un enfant pour être sollicité sexuellement sur un réseau social alors qu’il est dans sa chambre ou sur le canapé du salon. Véronique Béchu, directrice de l'Observatoire e-Enfance contre les violences numériques faites aux mineurs, nous explique les bonnes pratiques pour que la maison ne soit pas plus dangereuse qu’un parc rempli de cyberpédocriminels.

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Temps de lecture : 2 minutes

Beaucoup de parents craignent les inconnus au parc, les trajets seuls vers l’école, les vestiaires du club de sport. Ils se sentent rassurés lorsque leur enfant est à la maison, à portée de voix. Pourtant dans la chaleur de leur foyer, les enfants sont souvent en danger car le plus grand risque aujourd'hui ne se cache plus derrière un buisson, mais derrière un écran. L'arrestation d'un membre du réseau de cyberpedocriminels « 764 » par le procureur d'Evreux illustre tristement bien la situation. Sévissant sur Discord, il poussait des jeunes filles à se filmer en train de se mutiler. Sur les plateformes de jeux en ligne, les réseaux sociaux ou les forums de discussion, la menace est réelle : quasiment un enfant sur deux a déjà été sollicité par un cyberpédocriminel selon l’Observatoire e-Enfance.

L’espace numérique, un terrain de jeu trop souvent sans surveillance

Parce qu’il se vit à la maison, l’espace numérique paraît sûr. Les parents y voient un espace ludique et stimulant où l'enfant développe ses capacités ou crée du lien social. Mais ce confort apparent masque une forme de cécité collective : celle qui fait exagérer la peur du dehors, tout en minimisant les risques du dedans, liés à un simple clic.

Véronique Béchu, directrice de l’Observatoire e-Enfance, rappelle que les jeux en ligne comme Roblox ou Fortnite sont des lieux de prédilection de prédateurs utilisant le grooming ou la sextorsion pour piéger les mineurs.

De la vigilance numérique plutôt que de la peur physique

Alors que l’on apprend très tôt à un enfant à ne pas parler à un inconnu dans la rue, peu de familles transmettent les mêmes réflexes pour les échanges virtuels. Pourtant, les mêmes dangers existent, démultipliés par l’anonymat et la disponibilité permanente des réseaux.

Dialogue et paramétrage, meilleures protections que l’interdiction

La prévention passe avant tout par la parole. Expliquer à son enfant pourquoi ces réglages sont nécessaires, dédramatiser la notion de contrôle et ouvrir l’écoute sont les clés pour qu’il ose parler d’une situation inquiétante ou d’un comportement suspect rencontré en ligne.

Pour compléter cette démarche, il est impératif d'installer un contrôle parental sur le téléphone. Protéger son enfant, c’est également paramétrer rigoureusement ses comptes, désactiver les discussions avec des inconnus et surveiller les données partagées dans les jeux ou sur les plateformes. 

Enfin, le numéro 3018 reste la ressource essentielle pour toute famille confrontée à des violences en ligne. Accessible 24h/24 et 7j/7, il met en relation parents et enfants avec des psychologues et juristes spécialisés dans toutes les formes de violence numérique.

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