Cyberpédocriminalité, le sujet dont on préfèrerait ne pas parler

La vie numérique des enfants et l’exposition aux risques ne commencent pas avec le premier mobile. Sur le téléphone des parents, sur la tablette familiale ou la console de jeux, votre enfant, dans sa chambre ou à l’autre bout du canapé, est peut-être en contact avec un adulte qui se fait passer pour son ami.

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Laisseriez-vous votre enfant seul dans une forêt, entouré de quinze adultes que vous ne connaissez pas ? Certainement pas. Le nombre de prédateurs sexuels sur Internet est lui, évalué à 2,5 millions… Toute connexion à Internet si elle n’est pas sous surveillance étroite des parents (l’écran est visible à tout moment) est donc à risque. Sans un paramétrage adéquat, un enfant peut en effet recevoir une dizaine de minutes après son inscription sur un réseau social, un premier message d’adulte.

L’objectif des échanges sera de mettre en confiance le mineur (selon les experts, c’est chose faite en seulement 45 minutes d’interaction) pour obtenir des informations personnelles, des photos, de sexualiser progressivement les échanges voire d’organiser une rencontre physique.  Cette technique de manipulation baptisée grooming s’opère essentiellement via les réseaux sociaux : Instagram, Snapchat, Tiktok mais aussi dans les espaces de discussions des jeux en ligne comme Roblox, Fortnite et Minecraft, où les interactions entre les joueurs sont autorisées. Dans tous ces espaces de jeux, se cache un nombre affolant de cyberpédocriminels.

En France, l’Office des mineurs (Ofmin), dont la mission est de lutter contre toutes les violences faites aux jeunes, reçoit chaque jour 870 signalements de contenus pédocriminels parmi lesquels des viols d’enfant. Soit une augmentation de 12 000 % depuis dix ans. La France est le quatrième pays hébergeur de contenus pédocriminels, dont le flux est constamment alimenté par le sharenting, le partage de photos par les parents qui ne se doutent pas qu’elles sont récupérées à des fins pornographiques voire utilisées pour localiser leur enfant.

Mais avant tout, la solution pour éviter que les mineurs ne soient piégés avec des adultes malfaisants, repose sur la prévention et le dialogue, comme nous l’explique Socheata Sim, responsable de la mission sociale France de l’association CAMELEON , qui lutte contre les violences sexuelles et la cyber pédocriminalité. 

Questionner votre enfant souvent pour établir un espace de dialogue, notamment autour de ses activités en ligne. Voici trois questions essentielles : 

  • Est-ce que tu as déjà été mal à l’aise, effrayé, dégoûté, triste ou choqué à cause de quelque chose que tu as vu en ligne ou de quelqu’un qui t’a parlé sur Internet ?
  • Est-ce que toi ou tes amis ont déjà reçu des messages, appels ou photos d’inconnus ?
  • Est-ce que quelqu’un t’a déjà demandé des informations personnelles comme ton adresse, de lui envoyer une photo ou de le rencontrer ?

Enfin, si vous avez un soupçon, et que vous souhaitez recueillir l’avis d’un professionnel, contactez gratuitement le 3018 par téléphone ou via l’application, qui apporte conseil et assistance psychologique, juridique et technique aux parents et leurs enfants.

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