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En France, 5 à 7% des enfants en âge d'aller à l'école sont concernés par des troubles « dys » (dyslexie, dyspraxie, dysphasie, dyscalculie…) selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Ces troubles cognitifs spécifiques entravent l’apprentissage et touchent toutes les sphères scolaires : lecture, écriture, compréhension, gestion des émotions et relations sociales. Face aux obstacles et au manque de moyens de l’école, le numérique apparaît comme un véritable tremplin pour donner aux élèves « dys » les moyens de progresser à leur rythme et de révéler leur potentiel.
5 à 7% des enfants en âge d'aller à l'école concernés par des troubles « dys »
Pourquoi les outils numériques changent la donne ?
L’utilisation raisonnée du numérique représente aujourd’hui un levier d’accessibilité majeur pour ces enfants. D’abord, parce que la personnalisation et l’adaptabilité des interfaces permettent de compenser efficacement certaines difficultés : réglage de la police (OpenDyslexic), modification des contrastes, accès à des textes en synthèse vocale ou à des exercices d'orthographe ou de calcul interactifs. Les outils numériques offrent également aux élèves la possibilité d’enregistrer leurs réponses à l’oral, de bénéficier de correcteurs orthographiques intelligents ou d’utiliser des claviers virtuels, facilitant ainsi la prise de notes ou la restitution de travaux écrits.
C'est ce que nous explique en vidéo Laurence Rio, fondatrice des Acteurs de l'Inclusion. Elle a développé des outils et une méthode via l’outil PC pour faciliter l’inclusion des enfants avec des troubles neurodéveloppementaux.
Plus encore, l’arrivée de l’intelligence artificielle dans les applications éducatives a considérablement renforcé le pouvoir d’accompagnement du numérique : prédiction et correction contextuelle (par exemple Lexibar, Grammalecte IA), assistants conversationnels, OCR portables pour lire les documents imprimés à voix haute, ou encore cartes mentales numériques pour organiser ses idées en classe.
Plusieurs applications et dispositifs ludiques testés en classe illustrent ces apports :
Zoom sur 5 outils utiles aux enfants « dys » (et à leurs parents)
1. Poppins, un jeu ludique pour associer concentration, mémoire, motricité et rythme
Créée par des ingénieurs, professionnels de santé et game designers, Poppins aide les enfants atteints de troubles « dys » à renforcer certaines connexions neuronales impliquées dans le langage grâce à la musique. « La façon dont vous allez traiter la musique par votre cerveau va être assez similaire à celle avec laquelle vous traitez le langage oral et le langage écrit », explique François Vonthron, co-fondateur du jeu.
Ludique et donc motivant pour les enfants, il propose des activités « qui vont se rapprocher de l’orthophonie, que l’enfant peut faire en session et emmener avec lui à la maison, pour poursuivre avec ses parents » , continue François Vonthron. Et pas de risque de surconsommation d’écran : le jeu est plafonné à 20-25 minutes d’utilisation. L’abonnement, parfois pris en charge par des mutuelles, donne accès à un suivi parental, un espace communautaire et des jeux personnalisés, la difficulté s’adaptant au profil de l’enfant.
2. WordQ (et) Vocaboum, pour faciliter la prise de notes (et l’apprentissage)
Destiné aux particuliers et aux écoles, WordQ est un système prédictif avec synthèse vocale pour faciliter et accélérer la frappe. Il s’adapte à votre traitement de texte habituel (Word, OpenOffce, Bloc-Notes …), avec :
- prédiction de mots à partir de la frappe de quelques lettres ;
- insertion des mots prédits par une simple touche ;
- écho de la frappe grâce aux synthèses vocales incluses Claire & Bruno (Acapela) ;
- oralisation de la fenêtre de prédiction de mots par la synthèse vocale ;
- reconnaissance vocale incluse (fonction SpeakQ) pour les utilisateurs de Windows.
Aucun logiciel d’aide à l’écriture ne peut écrire à la place de l’élève, rassure WordQ.
Le logiciel Vocaboum facilite quant à lui la représentation de la langue parlée et écrite, via des couleurs, formes, structures et sons, dans des entraînements personnalisés et adaptés à chaque enfant.
3. Dys-Vocal, pour faciliter la lecture (et l’écriture)
Dys-Vocal est un éditeur, qui permet d’adapter tout type de document ou de texte en ligne aux problèmes de lecture des personnes « dys », pour leur éviter de se perdre (grâce à la segmentation syllabique, par exemple).
Le logiciel propose aussi un système de lecture vocale, capable de retranscrire un texte par une voix de synthèse. Quant à la reconnaissance vocale, elle permet de dicter un texte à l’oral pour faciliter la prise de notes.
Adapté aux élèves en très grande difficulté, Dys-Vocal est intégré d’office à plusieurs ordinateurs dédiés aux personnes « dys ».
4. L’application Notability pour créer des notes adaptées
Disponible sur iOS, l’application Notability est très pratique pour les enfants « dys » puisqu’elle leur permet (entre autres) de créer des notes personnalisables, de dessiner, de surligner, d’ajouter de l’audio, mais aussi de synchroniser des textes avec des notes audio.
5. Glaaster , l'application qui adapte la présentation des documents à chaque profil « dys »
Créé par Antoine Auzimour, dyslexique, cet outil intègre l'intelligence artificielle pour adapter des documents en fonction des besoins de chaque enfant en changeant par exemple la police, l'espacement des lettres ou des lignes, et en modifiant d'autres paramètres visuels pour les rendre plus lisibles. Collaborant avec le Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, les fondateurs de l’application ont également mis au point une synthèse vocale et une reformulation automatique des textes pour aider à la compréhension. Enfin, Glaaster intègre des fonctionnalités ludiques, comme des défis et des récompenses, pour motiver les enfants et rendre le travail scolaire plus agréable.
Pour une école plus inclusive
L’apport du numérique va toutefois bien au-delà de la sphère cognitive. Il constitue un véritable facteur d’inclusion, réduit les risques de harcèlement ou d’isolement scolaire (prégnant chez les élèves dys) et restaure l’estime de soi selon la FFDys. Les témoignages recueillis auprès des familles et l’étude FFDys-Poppins révèlent : 51 % des enfants dys ont été victimes de moqueries ou de harcèlement, et plus de 65 % des parents jugent encore les aménagements scolaires insuffisants – faute de formation.
Dans ce contexte, les solutions numériques constituent un relais précieux, tant à l’école qu’à la maison. Elles facilitent la coordination entre parents et enseignants, encouragent la motivation par le jeu et dédramatisent le rapport à l’apprentissage, comme l’a rappelé Sciences & Avenir dans son panorama sur les troubles « dys ».
Le numérique ne remplace pas l’accompagnement humain ni les thérapies spécialisées, mais il joue aujourd’hui un rôle crucial pour favoriser l’égalité des chances à l’école, alléger la charge mentale parentale et stimuler le plaisir d’apprendre des élèves « dys ».
Et toi Orange tu fais quoi ?
Depuis plus de 30 ans, Orange soutient, à travers sa Fondation, la recherche, les structures et les associations dédiées aux personnes ayant des Troubles du Spectre Autistique (TSA).
Depuis 2013, Orange lance chaque année un appel à projets pour l’équipement numérique des personnes avec autisme. On compte à ce jour plus de 500 établissements équipés et plus de 6 000 tablettes ou tableaux interactifs financés.
Pour aider accompagnants et familles à trouver l’outil le plus adapté, Orange a participé au lancement de la plateforme collaborative Applications-Autisme, qui répertorie une multitude applications pour personnes avec autisme. Classées par domaine d’apprentissage, elles sont notées par les utilisateurs professionnels ou parents.