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Vous lancer dans une carrière d’influenceur, très peu pour vous ? A partir du 10 juillet, si vous avez un compte Instagram en mode public, vos photos et vidéos seront affichées sur Google. Elles seront visibles par tous, même ceux qui n'ont pas Instagram. Le but ? Concurrencer les plateformes comme TikTok et YouTube. Heureusement, il est possible de refuser ce changement en suivant le chemin suivant : Paramètres → Confidentialité du compte → désactiver “Autoriser les photos et vidéos publiques à apparaître dans les résultats de moteurs de recherche”. Autre solution : passer votre compte en mode privé, tout simplement.
Attention, ce n’est pas immédiat. Instagram prévient que les moteurs de recherche peuvent garder votre contenu en ligne pendant un moment. En attendant, et pour éviter de semer d’autres traces de nous sur Internet, on s’adapte en apprenant quelques gestes simples pour maîtriser son image numérique.
Protéger sa e-réputation, pourquoi c’est important ?
On le sait déjà, les photos sur les réseaux, les commentaires, les tweets, ou encore un profil LinkedIn offrent un panorama de nos vies et de nos idées à de parfaits inconnus. Une exposition qui, sans mise en contexte, peut délivrer une image de nous à autrui pas forcément flatteuse. Recherche d’emploi, lancement de son entreprise… Une mauvaise e-réputation peut vous mettre en porte-à-faux dans la vie, la vraie.
La e-réputation est un concept large englobant d’autres traces, plus discrètes, semées au gré de nos pérégrinations sur le Web. On parle ici d’empreinte numérique. Les renseignements que nous laissons à chacun de nos passages sur un site ou un réseau social, quand nous envoyons un mail, ou à chaque fois que nous utilisons notre téléphone, tablette ou ordinateur peuvent être utilisés pour nous identifier. Ces petits bouts de nos vies virtuelles peuvent ensuite être agrégés, puis utilisés ou vendus à des tiers, à notre insu. En prenant peu ou pas de précautions, on s’expose donc à la diffusion de notre ADN 2.0.
“Je n’ai rien à cacher” est le refrain qui revient souvent lorsque nous parlons de notre empreinte numérique. Sauf qu’en partageant des infos, nous perdons, sans le savoir, un certain degré de confidentialité. Et le traçage systématique des données peut prêter à confusion.
Par exemple : vous utilisez votre carte de crédit pour payer une tournée dans un bar, puis pour payer des frais de parking. Un tiers pourrait imaginer que vous avez conduit après avoir bu, alors que vous étiez le capitaine de soirée. Et si ces informations tombaient dans les mains d’un assureur ? Car vos données sont monétisées par des entreprises que vous ne connaissez pas et sur lesquelles vous n’avez aucun contrôle. Et les bénéfices ne vous reviennent pas.
Préserver ses données personnelles, ce n’est donc pas accessoire. C’est fondamental
Adopter une hygiène numérique
Vous connaissez l’adage, il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes. Alors, premier pas pour protéger sa e-réputation : segmenter ses activités. L’intérêt ? Vous bâtissez des frontières entre les différentes empreintes numériques que vous laissez : santé, travail, réseaux sociaux, etc. Pour ce faire, plusieurs astuces existent. On commence d’abord par segmenter ses activités en ligne en multipliant ses identifiants de cette manière :
– pierre.dupond@gmail.com pour vos mails pro
– pierre24@gmail.com pour la maison
– pierrejeux@gmail.com pour les spam ou jeux concours
On n’oublie pas non plus de renforcer nos connexions en multipliant et en variant les mots de passe et leur complexité. Le nom de votre chien en guise de laissez-passer sur Facebook, votre banque en ligne et votre adresse mail, c’est pratique à retenir mais question sécurité, on repassera.
Dernier conseil, à destination des plus jeunes notamment, pour vivre heureux, vivons cachés ! Pour préserver son anonymat numérique sur les réseaux sociaux par exemple, le choix d’un pseudonyme et d’un avatar à la place d’une photo de profil peuvent être judicieux. Cela permet d’éviter les mauvaises rencontres mais aussi toute tentative d’usurpation d’identité pouvant nuire à la e-réputation de nos enfants.
Se Googleliser
“Google, Google, dis-moi qui est la plus belle… de mes photos publiées sur le Web !” On tape son nom dans la barre de recherche et surprise ! Toutes les pages et photos vous concernant apparaissent. Difficile en effet de passer inaperçu sur Internet aujourd’hui. C’est le moment de faire le tri. Exit la photo de vous en maillot de bain sur la plage à Pavalas-Les-Flots. Il est temps de changer cette photo de profil Linkedin qui a 10 ans.
Vous soupçonnez que certains contenus peuvent porter atteinte à votre vie privée ou à votre sécurité ou celle de vos proches ? La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) propose en ce sens différentes démarches et outils pour faire disparaître ces informations.
Enfin, l’outil Google “Résultat vous concernant” permet de faire place nette. Rendez-vous donc sur la page dédiée, cliquez sur “Commencer” puis deux fois sur ”Suivant”. Indiquez les informations que vous souhaitez supprimer du moteur de recherche (Nom, adresse personnelle, numéro de téléphone, adresse email). Cliquez sur “Continuer”, choisissez vos paramètres de notification (email ou notification push) et appuyez sur “Enregistrer”.
Naviguer en mode privée et gérer les cookies
La e-réputation ne concerne pas seulement ce que l’on poste de manière consciente. Dès que nous consultons une page Web, que nous lisons une info, que nous apposons un like sous une photo, nous laissons des empreintes. Cela englobe les fameux cookies enregistrés par les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux qui analysent notre comportement dans différents buts : améliorer votre expérience lors d’une prochaine visite sur un site, cibler les publicités en fonction de vos préférences…
Bien que les cookies ne représentent pas de danger à proprement parlé dans notre navigation, il existe des moyens pour maîtriser ces petits curieux :
- La navigation privée. Dans votre navigateur allez dans Fichier → Nouvelle fenêtre de navigation privée.
- Les moteurs de recherche qui ne conservent pas vos données comme DuckDuckGo, le français Qwant ou encore Ecosia qui reverse une partie de ses bénéfices à la plantation d’arbres.
Autre solution, qui demande un peu plus de temps : gérer ses cookies soi-même depuis les paramètres des moteurs de recherche. Par défaut, navigateurs et réseaux sociaux sont paramétrés pour dévoiler plutôt que protéger vos données. Prenez le temps de regarder la liste de vos cookies. Vérifiez si votre navigateur vous permet de les bloquer.
Vérifiez aussi quelles fonctionnalités sont associées à gmail, si vous l’utilisez.
Faire son ménage de printemps
Checkez vos réseaux et commencez par passer un grand coup de balai numérique. Ces photos de vos 18 ans, une bouteille à la main sur la table du salon : poubelle. S’il se trouve que vous n’êtes pas l’auteur des photos où vous êtes tagué, demandez gentiment un retrait, ou détaguez-vous. Sur Facebook, cliquez en haut à droite d’une publication puis cochez “supprimer l’identification”. Cependant, dire adieu à une identification ne veut pas dire anonymat garanti.
Soyez également vigilant lors de la publication d’une photo. Certes, il y a l’image, mais aussi les métadonnées qui lui sont rattachées. En effet, lorsque vous prenez une photo, l’appareil enregistre la localisation, la date et l’heure. Un outil tel que ViewExif disponible iOS vous permet gratuitement de consulter les métadonnées des photos stockées sur votre téléphone et de vous permettre accessoirement de les supprimer.
Régler ses paramètres de confidentialité sur les réseaux
Quelques petits réglages peuvent vous sauver d’une grosse cata. Pour Instagram, passez votre profil en privé si vous n’êtes pas influenceur et filtrez les demandes de follow. N’hésitez pas non plus à créer un groupe d’ “amis proches” pour les stories personnelles.
Sur Facebook, de multiples options s’offrent à vous. Restreindre votre profil au maximum pour que des inconnus ne voient pas vos publications, créer des listes d’amis différentes en fonction de vos cercles (famille, amis, travail), limiter l’audience d’anciennes publications, et passer au peigne fin la liste de vos « amis » depuis la création de votre compte. N’oubliez pas de passer en privé les albums persos, de cocher la case “demande d’autorisation” pour l’identification dans les publications et de désactiver la reconnaissance faciale.
Redéfinir ses priorités
Ce conseil est notamment destiné aux personnes en pleine quête professionnelle. Il ne s’agit pas ici de noyer le poisson en masquant de mauvaises publications mais plutôt de se montrer sous son meilleur jour sur le Net. Pour ce faire, pensez par exemple à créer votre propre site Web afin d’y exposer vos différents travaux. Dans ce sens, pensez également à lustrer vos réseaux sociaux en vous créant une belle page Instagram ou en étant actif sur LinkedIn avec la publication de commentaires inspirants. Vous verrez, petit à petit, les recherches à votre sujet sur Google s’orienteront naturellement vers vos activités “positives”. L’affaire est dans le sac !
Nous pouvons être méchants sur les réseaux sociaux. Alors gardez en tête que les commentaires Facebook, les tweets et les snap restent. Interrogé par l’Etudiant, Aymeric Vincent, spécialiste du recrutement 2.0, met en garde contre X : “On parle beaucoup de Facebook, mais X peut être beaucoup plus dangereux pour les candidats. L’immédiateté et la brièveté des messages peuvent laisser penser que l’envoi de messages est sans conséquence, mais c’est un leurre.” Donc, tout bêtement, restez courtois.
Faire valoir son droit à l’oubli
Depuis novembre 2014, la CNIL a défini des critères pour obtenir le droit à l’oubli. Si la publication est “sensible, inexacte ou excessive”, entre autres, il est possible de demander sa suppression. Les demandes s’étudient au cas par cas.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de la CNIL.
Maintenant que vous avez supprimé ce qui pouvait l’être, surveillez ce qui se dit sur vous avec Google Alerte. Rentrez votre nom et recevez dans votre boîte mail les dernières entrées vous concernant. Comme ça, plus de mauvaises surprises.