Un autre que moi : l’usurpation d’identité gangrène les réseaux

Pourquoi tu m’as envoyé ce message ? L’usurpation d’identité sur les réseaux sociaux joue les maîtres chanteurs d’une génération hyperconnectée. Violation de l’intimité, menace et perte de confiance en soi. Comment agir face à ces piratages d’un nouveau genre ?

Publié le : 09-02-2021

Temps de lecture : 5 minutes + podcast

 
 

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Surprise, surprise. Un de vos contacts vous met la puce à l’oreille, votre photo se balade sur la toile. « Le premier réflexe que j’ai eu a été d’aller chercher le profil, mais je ne pouvais pas mettre la main dessus depuis mon téléphone. J’ai donc publié sur mon propre mur la fameuse capture d’écran du profil, demandant à tous mes contacts de signaler cette personne et de faire passer le message à un maximum de gens », Laure (nom d’emprunt) raconte au journal 20 minutes comment son image s’est retrouvée utilisée par un compte Facebook totalement étranger au sien. Un jeu de miroirs angoissant pour la jeune femme qui a finalement réussi à faire supprimer par la plateforme son double malsain. 

 

 

Sur les réseaux sociaux, les imposteurs se bousculent. Simple envie de ressembler à cette fille vue sur Instagram ou réelle volonté de chantage, les conséquences psychologiques de cette forme de harcèlement sont majeures quand on sait l’importance que portent certains jeunes aux bruits de couloir. Derrière ce masque se cachent de plus en plus de proches de la victime à l’image de cette affaire récemment médiatisée dans une petite commune du Nord-Pas-de-Calais nommée Hulluch où un adolescent de 15 ans aurait usurpé l’identité d’une jeune fille pour venger une altercation avec son ex-petite amie. En utilisant des photos de la victime, le garçon aurait fait proliférer en son nom des insultes et des menaces à son entourage. Enlisée dans ce piège, l’adolescente commence alors à montrer des signes inquiétants de détresse morale : isolement et perte de poids. La brigade cybercriminalité a mené l’enquête jusqu’au détracteur par la suite convoqué pour un rappel à la loi. 

 

Faire tomber les masques

 

Face à l’ampleur du phénomène, la justice répond désormais à cette usurpation d’identité visant le plus généralement à ternir la réputation de quelqu’un chez les jeunes plutôt que d’opérer un acte malveillant à but purement lucratif. Cependant, « Le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou de faire usage d’une ou plusieurs données de toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération est puni d’un an d’emprisonnement et de 15 000€ d’amende » (article 226-4-1 du code pénal). Cette peine globale s’applique de la même manière lorsqu’elle est commise sur un réseau social ou toute autre plateforme d’échanges.   

 

L’éradication de la mise en ligne de ces faux profils nécessite cependant un certain traitement au cas par cas en fonction du réseau utilisé par l’usurpateur :  

 

Facebook : En son statut de père des réseaux sociaux, Facebook a dû rapidement réagir face à l’accumulation de ces faux profils. En 2010, le tribunal de Grande Instance de Paris a reconnu ces fraudes sur le réseau de Mark Zuckerberg comme une atteinte au respect de la vie privée et au droit à l’image. Pour signaler tout acte frauduleux sur la plateforme la démarche est simple : cliquez sur la page aide (petite icône en forme de maison bleu) puis accédez au formulaire de signalisation d’un compte imposteur en cochant la case correspondant à votre cas : “quelqu’un utilise mon adresse e-mail sur son compte”, “Quelqu’un a créé un compte pour mon entreprise ou mon organisation” ou bien “Quelqu’un a créé un compte en se faisant passer pour moi ou pour un ami”. Facebook vous donne alors la marche à suivre pour signaler une page ou un profil : 

 

Si vous avez un compte Facebook et souhaitez signaler un profil ou une page :

  1. Accédez au profil ou à la page du compte usurpateur d’identité. Si vous ne le trouvez pas, recherchez le nom affiché sur le profil ou la page, ou demandez à vos amis de vous envoyer un lien vers ce profil.
  2. Cliquez sur “…” en dessous de la photo de couverture.
  3. Si vous signalez une page, sélectionnez “trouver de l’aide” ou “signaler la page”. Si vous signalez un profil, sélectionnez “trouver de l’aide” ou “signaler un profil”.
  4. Suivez les instructions qui s’affichent pour signaler une usurpation d’identité.

 

imposteur Facebook

 

Twitter : Conformément au règlement de Twitter, l’usurpation d’identité constitue une infraction à ce dernier : “l’activité des comptes Twitter se faisant passer pour une autre personne dans le but de semer la confusion ou d’induire en erreur peut être définitivement suspendue”.  Il n’est pas nécessaire de posséder un compte Twitter pour signaler une usurpation d’identité sur le réseau à l’oiseau bleu. Deux options s’offrent alors à vous : signaler une usurpation directement depuis un profil (cliquez sur l’icône débordement “…” puis indiquez “signaler”) ou bien remplir un formulaire d’usurpation d’identité. 

 

imposteur twitter

 

Snapchat : Utilisé par 90% de personnes de moins de 13 ans, Snapchat a voulu réaliser un signalement d’usurpation d’identité simple et efficient.  Il vous suffit de vous rendre sur le site officiel du réseau social et de sélectionner la rubrique “ assistance Snapchat” puis de cocher la case “un autre compte Snapchat se fait passer pour moi » ensuite indiquer en bas “OUI j’ai encore besoin d’aide” : dans ce cas un formulaire plus complet s’affiche, ce dernier est à remplir en partie en anglais donc l’assistance d’un adulte ou d’une personne bilingue est recommandée. La plateforme conseille vivement à ses usagers d’activer l’authentification, également connue sous le nom d’authentification à deux facteurs, une option facultative à activer dans la rubrique « réglage » permettant de mieux protéger votre compte Snapchat. 

 

imposteur snapchat

 

Instagram : Royaume du paraître, Instagram est l’endroit idéal pour les esprits malveillants souhaitant s’accaparer l’identité de quelqu’un. “Instagram attache beaucoup d’importance à la sécurité. Si une personne a créé un compte Instagram en usurpant votre identité, signalez-le-nous. Fournissez toutes les informations demandées, y compris une photo de votre pièce d’identité officielle” dixit la plateforme. Pour ce faire, il vous suffit de vous rendre sur les pages d’aide d’Instagram, de sélectionner la rubrique “confidentialité et sécurité” puis “signaler quelque chose”, puis remplissez le formulaire indiqué. Petite précision, une personne extérieure au cercle de la victime ne peut signaler une usurpation de cette dernière sur Instagram : “Nous répondons uniquement aux signalements qui nous sont envoyés par la personne victime de l’usurpation d’identité ou par son représentant (par exemple, un parent). Si l’identité d’une personne que vous connaissez est usurpée, encouragez-la à nous le signaler”.

 

imposteur Instagram

 

Les initiatives à retenir pour signaler ou prévenir une usurpation d’identité

 

  • – Trouver un guide d’information sur le site de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés)
  • – Remplir le questionnaire intuitif du sitecybermalveillance.gouv.fr 
  • – Trouver une mine d’informations sur le sujet et des outils pour se défendre sur le site de la police nationale
  • – e-Enfance : email, chat, messenger, appel. Vous êtes victimes de harcèlement en tout genre, cette plateforme vous donne une solution sur-mesure. Numéro gratuit et confidentiel : 30 18
  • – Installer une protection sur les appareils de votre enfant : un pare-feu détectant les potentielles communications dangereuses, installer un antivirus, utiliser un VPN… 
  • – Remplir le formulaire de signalement d’usurpation d’identité disponible sur la majorité des réseaux sociaux ( se reporter au règlement). 
  • – Dernier conseil, privilégiez toujours le dialogue avec votre enfant ou votre ado, rassurez-le en lui montrant que des solutions existent et qu’il n’est pas seul ! 

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