Ils ont moins de 25 ans et n’ont pas connu le monde sans numérique. La Génération Z s’arme d’un vocabulaire nouveau à la croisée des réseaux sociaux, du jeu vidéo et de l’actualité. Libérés du carcan des dictionnaires, focus sur ces néologismes d’un jour ou de toujours.
Cloudrave : Dj aux platines et à la visio
Nom féminin
Apparition du néologisme : 2020
Potentiel de pérennité : moyen
Durant cette crise sanitaire, la société française crie famine de culture. Théâtres, cinémas, musées… La jeune génération à le ventre qui gargouille aussi face à la mise entre parenthèses des concerts, festivals et boîtes de nuit. Après les Skypapéro, c’est au tour des Cloudrave de satisfaire l’appétit des oiseaux de nuit. Contraction de « cloud », fameux système de stockage en ligne et de « rave », rassemblement de personnes notamment autour de concerts de musique électronique dans des lieux généralement secrets, la Cloudrave transvase tout l’esprit de ces fêtes derrière les écrans. Foule en délire garantie.
Thousands of people who are stuck at home during the coronavirus are using live-streaming apps to go « cloud clubbing » #coronaviruspic.twitter.com/90WxAIlG81
— Sophia Ankel (@sophiaankel) February 24, 2020
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C’est en 2020, en Chine, là où le coronavirus frappe en premier que le pays mis sous cloche lance les premières Cloudrave. La rave et autres dj set font alors de la résistance par le biais de plateformes prisées de la jeune génération chinoise comme TikTok ou Kuaishou. Quand l’épidémie va toucher la France à son tour, la fièvre de la Cloudrave va s’emparer de l’hexagone sans plus tarder avec l’organisation de la première « Internet rave » diffusée sur Twitch par le club lyonnais Le Sucre : « Une fois toutes les précautions prises pour fermer le club, nous avons voulu essayer de répondre à cette situation d’une manière un peu humoristique, sortir de la psychose ambiante et garder un peu de fête et de fun ». Un phénomène grandissant donnant par la même occasion de nouveaux espaces de créations et d’expressions aux artistes en mal de scène. Faut-il encore attendre la fin de la crise sanitaire pour fixer définitivement le sort de ces Cloudrave ? Il est probable que les véritables amateurs de rave parties reprendront leur route hors des sentiers battus, proches de la sono et loin de leurs smartphones.
GG : diminutifs addictifs
Nom masculin
Apparition du néologisme : 1997
Potentiel de pérennité : élevé
Cette leçon de vocabulaire va certainement intéresser de nombreux parents. Console en main et casque vissé sur les oreilles, vous avez certainement déjà pu observer votre enfant ou votre adolescent utiliser des mots alambiqués. Il ne s’agit pourtant pas de formules magiques ou d’un langage codé pour vous cacher des bêtises, mais de raccourcis fréquemment utilisés dans l’univers du jeu vidéo. Des hiéroglyphes pour vous, qui sont des diminutifs fluidifiant grandement la partie de jeu en ligne de vos rejetons comme « GG » pour « Good Game » à traduire par « bien joué », qui est une des expressions les plus utilisées pour saluer la superbe prestation d’un joueur après une partie. Il y a aussi noob pour désigner un joueur peu expérimenté ou encore fufu pour évoquer un personnage « furtif » pouvant se rendre invisible. La liste est longue et difficile de savoir où donner de la tête quand on ne baigne pas dedans !
M comme… MMORPG (Massive Multiplayer Online RPG). C’est en effet à l’arrivée des premiers jeux multijoueurs à une échelle élevée que l’apparition de ces anglicismes simplificateurs s’est faite et notamment en 1997, date de sortie du premier MMORPG au succès retentissant : Ultima Online. Dans ces mondes virtuels rassemblant simultanément des milliers de joueurs, il est rapidement devenu nécessaire de simplifier les communications de ces avatars pour que ce grand bazar ne se transforme pas en véritable tour de Babel. Le langage du gamer, véritable matière vivante et malléable, n’est pas prêt à donner son « game over ».
Doomscrolling : cap sur la navigation compulsive
Nom masculin
Apparition du néologisme : 2018
Potentiel de pérennité : élevé
Scotché aux écrans, l’enchaînement des confinements a eu raison de notre addiction aux réseaux sociaux. Selon les dires du cabinet d’étude britannique Kantar, notre consommation quotidienne de Twitter ou encore d’Instagram aurait fait un bond de 61 % durant cette période : « à mesure que les pays s’enfoncent dans la pandémie, la consommation des médias augmente sur tous les canaux de communication à domicile ». Actualités ou encore vidéos de chatons mignons, nos doigts défilent sur nos portables à une allure folle si bien que ce comportement émergent est désormais désigné sous l’appellation de Doomscrolling. Un terme hybride né de la fusion du mot « doom », signifiant « condamner » et de « scrolling », cette fameuse action de faire défiler un contenu sur un écran.
🎯Comment les annonceurs surfent-ils sur le #doomscrolling pour capter l’attention de la #ciblemedia au bon moment avec le bon #message?
via 👉@airofmeltyhttps://t.co/d4Dl74s8eY
— Makuity (@makuity) April 6, 2021
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Notre regard serait-il donc condamné à passer d’information en information sur les réseaux ? Le phénomène est en tout cas mis en lumière pour la première fois en 2018 par le média Fast Compagny qui alerte sur cette consommation malsaine des écrans. Une boulimie d’un nouveau genre qui n’est pas sans répercussions sur la santé mentale, mettant ses adeptes dans un état passif, avalant à outrance des informations bonnes ou mauvaises sans faire le tri. Un comportement à surveiller notamment chez une jeune génération adepte de TikTok, plateforme où les contenus défilent sans discontinuer. Une petite digital détox ne ferait pas de mal n’est-ce pas ?