Le jeu vidéo a du bon

Oubliez les clichés sur l’ultra violence et l’isolement ! Les jeux vidéos peuvent être bénéfiques aux joueurs. Il suffit de s’y intéresser et d’en parler…

Publié le : 30-09-2020

Le jeu vidéo a du bon

Temps de lecture : 4 minutes

 
Promettant un déluge de combats et d’explosions, le très attendu (et violent) Call of Duty Black Ops Cold War va encore ravir les joueurs…et inquiéter les parents ! Entre une incompréhension générale et la peur d’une possible addiction, ils se demandent si le jeu vidéo ne va pas transformer leurs rejetons en zombies hagards ou en sociopathes sanguinaires ivres de violence. Heureusement, Yann Leroux, psychologue et auteur de « Les Jeux vidéo ça ne rend pas idiot », rassure tout le monde, apaise les esprits et nous explique pourquoi jouer sur un écran, ce n’est pas perdre son temps.

Pourquoi le jeu vidéo a-t-il si mauvaise réputation ?

En effet, quand on regarde les publications sur le sujet, 95% traitent du lien entre jeu vidéo et violence ou du jeu vidéo et addiction ! Ce biais provient à mon avis de deux sources. D’une part, la méconnaissance du sujet par ceux qui le traitent. Souvenons-nous, dans les années 80, pour souligner la violence dans les jeux on mentionnait Pac-Man ! Ensuite quand on a des ambitions universitaires, un article connait plus de résonance s’il parle de problèmes, quitte à tordre un peu les faits, que de l’absence de ceux-ci. Les journalistes eux aussi préfèrent dénoncer les trains qui arrivent en retard que de se féliciter de ceux ponctuels…

Le jeu vidéo isole-t-il ?

Dans l’immense majorité des cas, non et ça n’a jamais été le cas. Avant on se réunissait autour de la borne d’arcade, aujourd’hui en jouant sur Internet on fait partie de communautés immenses. Le composant social n’est cependant pas le même, il est plus cadré que dans la vie réelle. Cependant, si on prend le problème dans l’autre sens, on sait que les personnes isolées auront tendance à jouer beaucoup aux jeux vidéo, car elle ne trouve pas dans l’environnement physique les interactions sociales dont elles ont besoin. Elles peuvent alors y développer une vie sociale au sein d’une communauté de joueurs, mais elles peuvent aussi ne pas nouer de relations et alors, dans ce cas-là, oui, le jeu vidéo peut aggraver leur solitude.

Les jeux vidéo apportent plein de bénéfices, lesquels, par exemple ?

Les études ont montré au moins un bénéfice spécifique dans le traitement des informations visuelles. Vous développerez des compétences motrices, des temps de réaction plus courts, une meilleure capacité de visualisation, une meilleure attention visuelle que les non-joueurs. Attention, ce n’est pas vrai pour les jeux vidéo en général, si vous jouez à Call of Duty vous les développez plus que si vous jouez à Animal Crossing bien sûr.

Le jeu vidéo, c’est aussi des pratiques qui stimulent l’imaginaire…

Tout à fait. Avec le numérique, les joueurs sont encouragés à produire du contenu et cela s’avère très riche ! On peut modifier le jeu, développer son personnage, écrire des nouvelles dans l’univers du jeu, gérer une guilde de joueurs, même regarder des parties sur Twitch s’apprend ! J’en parlais avec un jeune qui me disait que les adultes ne savent pas utiliser le tchat en même temps qu’ils regardent une vidéo. Une pratique qui s’est développée pendant le confinement dans les classes en ligne. Contrairement à ce que dit Michel Desmurget, les geeks apportent de l’intelligence dans ce monde.

Que dites-vous aux parents qui s’inquiètent que leur enfant ne parle que de jeu vidéo ?

Quand un enfant parle beaucoup de quelque chose, c’est qu’il a envie de partager avec ses parents cette passion. Or je pense qu’un des rôles des parents c’est d’accepter ce que les enfants amènent, le comprendre et le transformer pour les aider à se construire comme adulte. Si on leur ferme la porte dès qu’ils parlent de Call Of Duty, le message qui passe est « ton expérience ne vaut rien pour moi » C’est assez désespérant adolescent d’être confronté à cela. Il faut vraiment essayer de comprendre pourquoi ce jeu intéresse l’enfant, qu’est ce qu’il en retire et quelles compétences on peut l’aider à développer. Un fan de jeu de guerre peut s’intéresser à des livres ou des documentaires sur les conflits, ou lancer des discussions sur la violence de la guerre et de l’État. A-t-on le droit de se refuser une guerre qu’on considère comme injuste l’instar d’Achille dans l’Illiade…

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