En France, les spécialistes prônent d’établir un emploi du temps
Pour ne pas voir les journées filer dans un flot de vidéos décousues, les spécialistes, recommandent de définir des plages horaires : temps des devoirs, temps de jeux…et d’interdire l’usage du téléphone durant les repas, et avant de se coucher. Comme le recommande tous les experts et l’OMS depuis des années.
« Il faut en tout cas éviter que les enfants soient sur tous les écrans à la fois. Lorsqu’ils travaillent, ils n’utilisent pas leur téléphone portable », insiste le psychiatre Serge Tisseron, pour pouvoir se concentrer sur une activité. Il recommande aussi de définir des temps sans écran et des lieux : notamment de ne pas emporter son téléphone dans la chambre.
Pour le pédopsychiatre Patrice Huerre, qui répondait au Monde, il faut préserver les interactions sociales, réelles. Si l’écran vient parasiter le temps de l’échange, il devient néfaste. Notamment avec les touts-petits. Dans un entretien au Monde, il rappelle donc que « Le danger d’une exposition précoce aux écrans vient surtout du manque d’interactions affectives et sociales pour le tout-petit. Il faut donc lui parler, en le regardant et donc en lui faisant quitter des yeux son écran ! Il faut aussi réserver des moments d’échange avec lui, sans être soi-même occupé par l’écran. Enfin, quand vous êtes devant l’écran, tournez le bébé de façon qu’il ne le voie pas, il est attiré par ces images et lumières. »
Cette crise « est une bonne occasion de remettre les écrans à leur place » avec les différents usages qui peuvent en être faits: éducatif, récréatif et nocif. Pour l’auteur de Faut-il avoir peur des écrans?, il faut avant tout que “les parents délimitent des frontières”.
Ailleurs dans le monde : ne pas culpabiliser
Les spécialistes recommandent avant tout de ne pas culpabiliser d’avoir lâché du lest depuis le début de la pandémie. « Avec d’autres chercheurs, nous avons passé ces dernières années à expliquer que la surexposition des enfants aux écrans constituait un véritable scandale sanitaire ; mais en période de confinement, ces outils apparaissent comme malheureusement salvateurs : ils vont permettre à certains parents de respirer et de ne pas devenir trop agressifs envers leur progéniture », reconnaît Stéphane Blocquaux, chercheur à l’UCO (Université catholique de l’Ouest) sur les effets de la réalité virtuelle dans Les Echos.
« Les familles ont assez de stress à gérer. Compter les minutes d’écran ne devrait pas être une priorité pour chacun d’entre nous », déclare Michael Robb de Common Sense Media, une association basée à San Francisco qui éduque les familles sur l’utilisation de technologies sûres et adaptées à l’âge des enfants.
L’expression même de « temps d’écran » fait abstraction de distinctions importantes, explique Andrew Przybylski, professeur associé à l’université d’Oxford et directeur de recherche à l’Oxford Internet Institute. Programmer un FaceTime avec ses grands-parents, jouer aux échecs en ligne et s’adonner à la consommation de vidéos YouTube répondent à des besoins différents et ont des conséquences différentes, et ne doivent pas être mis dans le même panier.
Dans une étude portant sur l’utilisation des technologies par plus de 17 000 adolescents aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Irlande, le chercheur a constaté que le temps total passé devant un écran chaque jour avait peu d’effets mesurables sur la santé mentale des adolescents. Une deuxième étude, co-écrite par Przybylski l’année dernière, a examiné les données de plus de 35 000 enfants américains et de leurs soignants. Ils ont constaté que les enfants qui passaient une à deux heures par jour avec la technologie montraient des niveaux de bien-être plus élevés que ceux qui n’y avaient pas du tout accès. Presque aucun de leurs sujets ne passe assez de temps avec la technologie pour montrer des dommages psychologiques mesurables en conséquence.