Miroir, miroir… Plus fort, plus beau, plus drôle, les réseaux sociaux ont lancé la course à qui mieux mieux sur fond de challenges loufoques pour faire grimper les vues. Un regard toxique méritant une vigilance toute particulière.
Publié le : 09-02-2021
Temps de lecture : 5 minutes + podcast
Lire le script de l’épisode
Écoutez les autres épisodes du podcast mdr – manque de repères
Tu as un mois jour pour jour pour devenir la meilleure version de toi-même. Un leitmotiv inspirant s’il ne s’agissait pas ici d’une transformation physique drastique incubée par des challenges à la pelle sur TikTok. La liste est longue : #PrettierChallenge, #glowchallenge, #makeupbrushchallenge … Comme par magie des jeunes filles (en majorité) dont la tranche d’âge se situe essentiellement entre 13 et 24 ans exposent avec fierté leur évolution physique parfois drastique. Si certaines se contentent de jouer sur la transition en se grimant puis en s’affichant sous leur meilleur jour, d’autres sont prêtes à passer par la case chirurgie pour être certaines d’enregistrer une différence physique notable . D’après le dernier congrès en date de l’IMCAS – acteur international de la dermatologie et de la chirurgie plastique – les jeunes femmes de 18 à 34 ans ont à présent plus recours au bistouri que leurs aînées. Cherchez l’erreur …
Pour le psychologue Eric Turon-Lagot, cette tendance s’est convertie en une véritable recrudescence des pathologies chez les jeunes patients notamment pour les cas de dysmorphie. Un trouble obsessionnel-compulsif caractérisé par une vision exagérée voire erronée d’une partie du corps. “Il faut savoir qu’à l’adolescence le corps change mais le cerveau évolue également. La fonction sociale d’un individu va ici se renforcer. C’est aussi la raison pour laquelle c’est la période de la vie où l’on ressent le besoin de tester les autres et de se tester soi-même, les réseaux sociaux ont accentué cela”, explique le professionnel avant de poursuivre : “ Ces comportements excessifs peuvent facilement conduire à un état dépressif. Il est impératif de comprendre que ce monde social est souvent fictif. Il ne faut pas se comparer à ces photos prises à de multiples reprises pour trouver la bonne et les nombreuses retouches qui s’ensuivent. »
A la conquête du like
Elle court, elle court la maladie d’amour… TikTok, Instagram, qui m’aimera le plus ? Si certains challenges restent « raisonnables » pour faire grimper les vues, d’autres n’hésitent pas à pousser dangereusement les jeunes vers des pratiques franchement douteuses. Parmi les plus célèbres d’entre eux on dénomme le fameux challenge du « crâne brisé » mais la liste est loin d’être exhaustive : Nutmeg Challenge, où il s’agit d’ingérer une grande quantité de noix de muscade pour en révéler les effets psychotropes; scalppopping challenge, reprenant le principe d’un prétendu remède mexicain pour soigner les migraines, ce challenge consiste à serrer une mèche de cheveux très fort au point d’entendre “craquer son crâne”, entraînant ainsi de possibles lésions…
En septembre 2020 une jeune américaine de 15 ans décède à la suite d’une surdose d’antihistaminiques ingérée à l’occasion du Benadryl challenge, un défi TikTok consistant dans sa version française à consommer un important dosage d’Actifed par exemple pour en filmer les effets “planants”. « Chloé était une jeune femme extrêmement intelligente et rêvait d’aller à l’université pour devenir avocate. Ne prenez plus ça, les enfants… Je ne veux plus voir aucune famille traverser ça. Ne vous dites pas que ça n’arrive qu’aux autres», a déploré la mère de la jeune fille sur Facebook.
Relever le challenge de changer les choses
Challenges positifs, contrôle parental, soutien en ligne, les solutions pour aider nos enfants :
Des challenges 100% positive attitude
Si certains défis, images ou vidéos s’affichent comme de véritables dangers pour nos enfants, ne mettons pas le blâme absolu sur ces réseaux sociaux mettant aussi en exergue la formidable créativité dont les jeunes peuvent faire preuve. Exemple, à contre-courant des challenges TikTok prônant des standards de beauté trop rigides et loin de la diversité, de nombreuses jeunes filles décident d’afficher au grand jour ce qui fait leur particularité et ça fait du bien ! Parmi nos préférés, un défi consistant à se comparer à des œuvres d’art ou encore à des personnages historiques ayant eux aussi de magnifiques singularités : nez aquilin ou encore dents du bonheur, le résultat est magique.
@tiktoktoyoulateraquiline/hooked noses are beautiful & apart of so many nations & cultures around the world and it would be an injustice if i hated mine like i use 2💖♬ original sound – jake
Ce contenu ne peut être affiché en raison de vos préférences de gestion des cookies
Des réseaux sociaux qui lèvent le point
Alors qu’en octobre dernier Instagram mettait enfin à jour sa politique de nudité jusqu’alors accusée de grossophobie et de racisme en censurant des contenus de manière douteuse, c’est aujourd’hui une grande majorité des réseaux qui tentent de protéger la diversité de ses utilisateurs. C’est notamment le cas de TikTok qui a récemment lancé un mode « sécurité familiale » pour contrôler et protéger l’activité de nos enfants sur la plateforme. Destinée à atteindre une “expérience en ligne plus sereine et mesurée”, cette sécurité vous permettra ainsi de limiter la proposition de contenus inappropriés, de réguler le temps d’utilisation de l’application ou encore de réguler la messagerie en restreignant par exemple cette dernière au cercle d’amis. Pour pouvoir bénéficier de ce dispositif, les parents devront au préalable s’inscrire sur TikTok.
Prendre du recul sur la situation
Sur les réseaux sociaux le mot fake prolifère. Faux compte, faux post de vacances, photo retouchée … La réalité en prend un coup et le moral de nos jeunes aussi. Pour déculpabiliser et prendre de la distance par rapport au monde faussement parfait auquel les adolescents sont biberonnés à travers les réseaux, de nombreux acteurs du domaine démantèlent les clichés. C’est le cas du youtubeur et streamer français Théodore qui décortique avec minutie la face cachée d’Internet et de ses acteurs. De quoi redescendre sur terre :
Réaliser une digitale détox
Matin, midi, soir… votre ado ne quitte plus des yeux les écrans. Pour prendre du recul sur la situation, de nombreux professionnels de la santé préconisent ce que l’on nomme une “digital detox”. Ici pas question de retraite silencieuse isolée en haut d’une montagne mais tout simplement d’une prise de distance face aux réseaux sociaux afin de se reconnecter avec une image de soi plus saine. Pour vous aider il existe par exemple de multiples applications pour lever le pied : Moment, Offtime, Mytime, Cleverest… Limiter votre temps passé sur le téléphone, prendre de bonnes habitudes avec un coaching spécial… Pourquoi ne pas s’y mettre tous en famille ?
Les initiatives à retenir :
- Le mode “sécurité familiale” de TikTok : pour surveiller et contrôler les contenus de vos enfants sur TikTok, la plateforme vous permet désormais de contrôler 3 paramètres de leur compte : gestion du temps d’écran, gestion de la messagerie et mode restreint pour filtrer les contenus sensibles.
- Moment, Offtime, Mytime : 3 applications gratuites et intuitives pour limiter votre temps passé sur les écrans.
E-enfance : l’association s’affiche comme un partenaire multiple pour soutenir enfants et parents dans un usage bienveillant du net. Écoute, conseil et éducation y sont disponibles sous de multiples formes : email, chat, messenger, appel. Numéro gratuit et confidentiel : 30 18.