Top des initiatives pour s'informer avec qualité

Distinguer réel et virtuel devient de plus en plus difficile à l’ère de la post-vérité. Heureusement des outils existent, notamment grâce à l’IA, pour aider les internautes à identifier et se protéger contre les informations trompeuses et malveillantes afin de rendre l’environnement numérique plus sûr et fiable.

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Parmi les justiciers du numérique, il y en a, comme Méta-Brouteur, qui se moquent des arnaqueurs de sentiments, et d’autres, comme Vincent Flibustier, qui font tourner les trolls (ces semeurs de fausses informations) en bourrique. Quand les sites de fact-checking rétablissent simplement la réalité, lui joue à singer les conspirationnistes et leur rhétorique. Sur son compte X, il raconte comment, à l’aide d’un montage grossier, il s'est fait passer pour le coupable de la panne Windows mondiale survenue cet été. Une affaire drôle sur le papier mais inquiétante dans le fond tant elle en dit long sur le manque de vigilance de personnes vulnérables à la désinformation.

Désormais, le trublion enseigne la vérification d’informations sur Internet dans des écoles, universités, entreprises, associations, etc. L'humour, instrument de lutte efficace contre la diffusion des fake news ? En attendant d’avoir la réponse, d’autres initiatives existent pour s’informer correctement.

Vera, l’intelligence artificielle au service de la vérité

Née sous l’impulsion de l'ONG française LaReponse.tech, un collectif de citoyens bénévoles qui travaillent dans la tech et formé après les élections législatives de 2024, Vera est une intelligence artificielle conçue pour contrer la désinformation. Gratuite et simple d’utilisation, elle se présente comme "le numéro de confiance pour vérifier les faits". Il suffit d'enregistrer son numéro – le 09.74.99.12.95 – et de lui écrire sur la messagerie WhatsApp ou de l'appeler par téléphone pour lui demander si telle ou telle rumeur est vraie.
Elle décroche immédiatement d'un "Bonjour, je m'appelle Vera, quelle information souhaites-tu vérifier aujourd'hui ?" Techniquement, Vera se base sur le modèle de langage GPT-4, développé par la société américaine Open AI. Mais cet agent conversationnel numérique se distingue par sa capacité à orienter ses utilisateurs vers plus de 300 sites d’informations fiables sélectionnés par un comité d'expert, dont une centaine de plateformes de vérifications d'information. Elle délivre des réponses détaillées et sourcées. Et lorsque l’information demandée n’est pas disponible, Vera assume ses limites au lieu d’halluciner et de nous mener tout droit vers le botshit

FRAME, le vérificateur qui préserve le débat public

Aujourd’hui, rares sont les fois où la “petite phrase” d’une personnalité publique n’est pas reprise, détournée et cuisinée à toutes les sauces à l’ouverture de vos réseaux sociaux. Si elles peuvent être une grande source d’inspiration pour celles et ceux qui maîtrisent l’art du mème, ces déclarations qui déchaînent les passions — et le plus souvent, des crises de rires — contiennent parfois des informations erronées. C’est pourquoi Les Surligneurs, média signataire des Code déontologiques du European Fact-Checking Standards Network et de l’International Fact-Checking Network, a créé FRAME, un outil capable d’analyser en direct les déclarations des principales personnalités publiques à la télévision et à la radio.

Concrètement, les discours politiques sont transcrits grâce à une IA utilisant la reconnaissance vocale et automatiquement croisés avec la base de données de fact-checking des Surligneurs. À chaque fois qu’une déclaration déjà réfutée est répétée, FRAME envoie une notification instantanée aux journalistes, permettant de mettre à jour et de republier rapidement les vérifications précédentes. Il devient alors plus facile pour l'équipe de tracker la fausse information, si elle continue de se répandre, sur quel(s) support(s) et par qui. “FRAME n’est pas un système automatisé de vérification des faits, mais il soutiendrait le travail quotidien des vérificateurs de faits en France”, souligne Les Surligneurs.

JTI, la norme internationale qui certifie les sources fiables

Près de 60 % des Français déclarent “se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d'actualité” dans le dernier baromètre annuel La Croix-Kantar Public. Face à ce constat et au besoin de récompenser les médias respectant les pratiques journalistiques éthiques, la Journalism Trust Initiative (l'initiative pour la confiance dans le journalisme) est née en 2018 sous l'impulsion de Reporters sans frontières puis d'une centaine d'organisations. Plus qu'un label, la certification JTI a été conçue comme une norme ISO, c’est-à-dire un standard international, développée par plus de 100 experts internationaux sous l'égide du Comité Européen de Normalisation (CEN). 

“A l’instar du label ‘commerce équitable’ apposé sur une tablette de chocolat, la JTI ne garantit pas le produit final mais le processus par lequel il est passé”, explique Chloé Fiodiere, à l’origine du projet. Transparence sur les propriétaires, existence de mécanismes de correction, gestion des contenus générés automatiquement, application d’une ligne éditoriale, source de revenus, preuve du respect de garanties professionnelles… Les médias prétendants à la certification doivent remplir 130 critères. Leur évaluation est ensuite rendue publique sur la plateforme JTI dans un rapport de transparence. Aujourd’hui, une trentaine de médias sont labellisés JTI, parmi lesquels TF1, France Télévisions, le groupe Ebra, France Médias Monde en France ou CBC au Canada. 

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