Le 15 mai, la mise à jour de la politique de confidentialité de l’application WhatsApp prend bien effet. On vous explique les enjeux autour de ces changements !
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Impossible de passer à côté, votre cousin, vos amis ou encore votre voisine prêchent peut-être à votre porte pour vous faire quitter le navire WhatsApp, au profit d’applications comme Signal ou encore Telegram. Un exode qui a déjà débuté face à la crainte de nombreux utilisateurs de la mise en demeure de leurs comptes, sans validation de leur part de ces nouvelles conditions d’utilisation. Une vague de mécontentement mais surtout d’interrogations sur l’avenir qui a poussé l’associé de Facebook à ralentir la cadence côté changements.
« Nous avons décidé de reculer la date à laquelle il sera demandé aux utilisateurs de consulter et d’accepter les conditions. Personne ne verra son compte suspendu ou supprimé le 8 février (…) Nous nous tournerons progressivement vers les utilisateurs afin qu’ils puissent consulter la politique de confidentialité à leur propre rythme avant que de nouvelles options pour les professionnels ne soient disponibles le 15 mai. » Face à la traînée de poudre semée par l’annonce des changements pour la clause de confidentialité de son application, le rejeton de Facebook mise sur la patience et la compréhension.
A présent, voici ce que l’application peut collecter côté informations à votre sujet :
- Votre numéro de téléphone, obligatoire à la création d’un compte WhatsApp.
- Les informations relatives à votre profil que vous indiquez ou modifiez selon vos préférences.
- Votre photo de profil que vous pouvez prendre directement à partir de l’application ou en piochant dans votre galerie photos de votre smartphone, en ayant au préalable autorisé WhatsApp à y accéder.
- Les numéros de téléphone de vos contacts WhatsApp.
- Votre localisation et vos données relatives aux transactions et aux paiements, en ayant au préalable autorisé WhatsApp à y accéder.
- Les informations relatives à votre téléphone portable ou à tout autre appareil utilisant l’application (ordinateur, tablette, etc.).
WhatsApp/Facebook, des liens qui se renforcent
WhatsApp entend donc partager plus de données de ses utilisateurs avec les autres entités de la maison mère Facebook, à savoir Instagram et Messenger. Voici la manière dont l’application a présenté cette “nouvelle collaboration” :
- Vous faire profiter de messages et d’appels rapides et fiables dans le monde entier, tout en comprenant les performances de nos services et de nos fonctionnalités.
- Garantir la sécurité de WhatsApp et des produits des entités Facebook en supprimant les comptes spams et en luttant contre les abus.
- Relier votre expérience WhatsApp aux produits des entités Facebook. Par exemple, vous pouvez partager un lien vers une publication Facebook dans une discussion WhatsApp.
- Vous donner la possibilité de communiquer avec des entreprises sur WhatsApp. Par exemple, si vous consultez la page Facebook d’une entreprise, vous verrez peut-être un bouton vous permettant d’entamer facilement une discussion WhatsApp avec cette entreprise.
Il est important de préciser que parmi toutes ces configurations, il est encore en principe impossible que les messages échangés sous leurs différentes formes (texte, photo ou vidéo) soient partagés en dehors du cadre de l’application à des tiers. Comment ? Grâce au fameux système de chiffrement de “bout en bout” rendant ainsi les clés permettant de déchiffrer une conversation hors d’accès. “Le chiffrement de bout en bout garantit que seul(e)s vous et la personne avec qui vous communiquez pouvez lire ou écouter ce qui est envoyé ; il n’y a donc pas d’intermédiaires, pas même WhatsApp”, précise l’application.
Accepter ou refuser, c’est le moment de choisir
« Les conditions d’utilisation entreront en vigueur le 15 mai 2021. Veuillez accepter ces conditions d’utilisation pour continuer à utiliser WhatsApp après cette date », WhatsApp le confirme, pas moyen de faire machine arrière. Vous l’avez d’ailleurs très certainement remarqué par vous-même, puisque que désormais il suffit d’ouvrir l’application pour recevoir ce fameux message : accepter ou refuser. Le choix est cornélien sachant que tout refus entraînera une limitation de l’utilisation que vous pourrez faire de l’appli WhatsApp. En effet, comme l’indique WhatsApp dans sa FAQ, votre accès à WhatsApp se trouvera grandement limité. « les fonctionnalités de WhatsApp seront limitées jusqu’à ce que vous acceptiez la mise à jour (…) Vous ne pourrez pas accéder à votre liste de discussions, mais vous aurez toujours la possibilité de répondre aux appels téléphoniques et vidéo entrants. Si vous avez activé les notifications, vous pourrez appuyer dessus pour lire ou répondre à un message, ou pour rappeler un contact dont vous avez manqué l’appel téléphonique ou vidéo », précise en ce sens l’entreprise.
Nombreuses sont certainement les personnes ayant décidé de quitter le navire. Leurs arguments : comment accepter qu’une entité comme Facebook, fonctionnant depuis des années sur le modèle de gratuité, penche cette fois-ci du côté de la bourse ? Car en effet, ces nouvelles règles de confidentialité s’inscrivent surtout dans la nouvelle veine très « B2B » de WhatsApp instituée notamment par le fameux WhatsApp Business. Àdestination des PME, cette réforme a pour but d’aider les entreprises à communiquer de manière plus fluide avec leurs clients, à améliorer le système de publicité ciblée ainsi qu’à conduire l’application à devenir un canal d’achat pour monétiser ses services.
Cette information est cependant à prendre avec des pincettes car le cadre administratif européen entre dans le match. En effet, les utilisateurs français et ceux du reste de l’Union européenne ont moins de soucis à se faire que leurs homologues américains par exemple, puisque le vieux continent dépend des services fournis par WhatsApp Ireland Limited. Cela implique par conséquent un cadrage plus rigoureux : la Data Protection Commission (DPC) que l’on peut comparer à la CNIL (Commission nationale de l’Informatique et des Libertés) avait déjà mis son carton rouge en 2018 en suspendant le partage de données entre les deux entités. Une position européenne davantage dans la protection donc comme l’explique RTL : « Ces nouvelles règles ne permettent pas non plus à Facebook d’utiliser les données issues de WhatsApp pour proposer de la publicité ciblée car la réglementation l’interdit en Europe. Mais à l’avenir, un utilisateur pourrait tout à fait trouver une publicité pour un produit sur Facebook, l’acheter sur Instagram puis contacter ensuite le service après-vente sur WhatsApp sans quitter l’écosystème de Facebook ».
Signal, Telegram, Olvid… Qui sont les homologues du téléphone vert ?
À l’aube de cette année 2021, des noms comme Elon Musk (PDG de SpaceX) ou Edward Snowden (lanceur d’alerte) ont appelé sur leur compte Twitter à l’utilisation de l’application Signal. Résultat ou non de ces annonces, les téléchargements de l’application ont fait un bond si bien que sur Android et sur IoS, les millions de nouveaux utilisateurs de Signal – qui connaîtrait une hausse de 17 millions d’utilisateurs selon les Fondateurs – ont engendré une panne importante de l’application le temps de quelques heures. Comme d’autres applications de messagerie sécurisée telles que la russe Telegram ou encore la française Olvid, les fonctionnalités restent similaires et ce fameux chiffrement de bout en bout n’est pas exclusif à WhatsApp. Pour mieux comprendre alors ce qui différencie réellement ces applications, voici un petit récapitulatif :
Signal : développée en Open Source, l’application étasunienne conserve peu de métadonnées contrairement à WhatsApp (numéro contacté, heures d’appel, etc.), des éléments permettant d’identifier quelqu’un même si le contenu des échanges a été rendu invisible par le chiffrement.
Telegram : l’application russe aux quelques 500 millions d’utilisateurs a aussi été créée en Open source mais présente un modèle économique basé sur la diffusion de publicités dans les grands groupes publics et inclut aussi des fonctionnalités de vente.
Olvid : l’application française Olvid – qui a déjà conquis 10 000 utilisateurs dans l’hexagone – ne réclame pas l’accès à votre liste de contacts et ne demande pas de numéro de téléphone garantissant ainsi un certain anonymat.