Travel shaming : cachez-moi ces valises que je ne saurais voir
Nom masculin
Apparition du néologisme : 2021
Potentiel de pérennité : faible
Voyage, voyage plus loin que la nuit et le jour. Des étendues de sable immaculé, des montagnes enneigées ou des tropiques lointains, Instagram fait souvent office d’album de vacances qui a de quoi susciter quelques jalousies. Un désir d’évasion d’autant plus grand avec la crise sanitaire où voyage rime désormais avec mirage. Alors quand une personne pratiquant le Doomscrolling (voir notre dico #1) tombe nez à nez avec un cliché pris à l’autre bout du monde par son voisin, il est possible qu’il réagisse mal en laissant un commentaire amer face à cette escapade. Un phénomène détecté encore une fois en premier au pays de l’oncle Sam nommé le « travel shaming » contraction de « voyage » et de « honte ».
Outre la catégorie « amis proches », j’aimerais suggérer la création d’une catégorie « ouh je suis un petit déglingo » dans les stories insta. Un bon moyen pour les personnes qui voyagent et font des grosses soirées interdites d’éviter de nous imposer leur vie loin des restrictions
— Vincentmnv 🦆 (@VincentMnV) April 22, 2021
Vous n’avez pas honte de vous la couler douce ? Voici une phrase pouvant résumer la pratique du travel shaming. Les baroudeurs seraient boudés à l’heure du confinement ? Le blogueur et podcasteur Matt Long affirme en tout cas au Washington Post avoir diminué de façon drastique le nombre de ses posts sur Instagram. Certaines personnes bloquent désormais même leurs collègues de bureau sur les réseaux sociaux afin d’éviter les mauvaises langues quand le télétravail ne sera plus de rigueur. Une forme d’auto-censure qui ancre une nouvelle fois ces usages malsains que font certaines personnes des réseaux sociaux en comparant leur vie ou leur physique à ces images lissées. Heureusement que le travel shaming risque fortement de devenir un néologisme en voie d’extinction quand le monde reprendra son rythme de croisière !
FOBO : la crème de la crème du Net
Nom féminin
Apparition du néologisme : 2000
Potentiel de pérennité : élevé
Avant, on se contentait de peu mais l’ère du numérique a élargi l’horizon des possibilités et le surplus d’Internet nous donne l’embarras du choix. Quelle série choisir sur Netflix pour être sûr de ne pas bayer aux corneilles ? Dans quel restaurant en ligne va-t-on commander son dîner, parmi les milles et unes bonnes adresses proposées sur Deliveroo ? Les choix cornéliens offerts par Internet sont devenus la hantise des grands indécis si bien qu’un comportement nouveau a émergé : la « FOBO ». Derrière cet acronyme se cache le terme anglais « fear of better option », c’est-à-dire « la peur d’une meilleure option ». La toile serait-elle devenue l’objet de torture des éternels insatisfaits ?
Demain à 7h30 je ne vois pas de meilleure option pour lancer la journée. #bonjourppc saison 3 !! #Fobo #faitbeau aussi. https://t.co/SFGU87Sj9f
— Lionel Chenet (@lionel_chenet) September 7, 2020
Le problème de la FOBO prend certainement ses racines dans un phénomène de partage d’avis beaucoup plus grand. Une étoile pour les hôtels sur Tripadvisors ou une note sur 10 pour les créations du grand écran sur SensCritique, le surplus d’informations a donné naissance à un certain élitisme de nos actions effectuées derrière les écrans. En science comportementale, la FOBO porte d’ailleurs un nom : la maximisation. Comme indiqué par une étude de chercheurs américains, les Maximisers, personnes pratiquant la maximisation, ne seraient pas plus heureux en ayant choisi la « meilleure option » : « les Maximimisers sont plus à même d’éprouver des regrets et des émotions négatives à cause de la comparaison avec les choix qu’ils n’ont pas sélectionnés ». Alors on oublie la doctrine du « toujours plus » au risque de développer une FODA ( « Fear of doing Anything »), la peur de faire quoi que ce soit, et on ne se prend plus la tête pour nos prochains choix sur le Net. Un esprit aventureux pourrait bien vous faire tomber sur des trésors insoupçonnés…