Quels sont les besoins de l’enfant ?

​​Dans un monde où les écrans sont partout, les voix sont nombreuses pour estimer qu’il faut en tenir éloignés le plus possible les enfants. C’est difficile, mais il est fondamental pour eux d’interagir avec des humains et pas avec des machines. On vous explique pourquoi dans cet article, rédigé en collaboration avec Clémence Lisembard de la Fondation pour l'Enfance.

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Quand le cerveau se développe, il y a des périodes critiques durant lesquelles le “câblage nerveux” se met en place pour que le cerveau acquiert les pièces indispensables à son fonctionnement puis à sa forme finale. A ce stade, l’expérience sensorielle est cruciale pour l’enfant. La seule activité vraiment utile au tout petit reste d’interagir spontanément avec son environnement : jouer, toucher, manipuler les objets, se familiariser avec l’espace en trois dimensions… De ces stimulations, découle également l’acquisition du langage et les écrans ne font pas bon ménage avec ces apprentissages.

C’est dans ses expériences quotidiennes avec autrui (parents, frères et sœurs, grands-parents, professionnels de la petite enfance…) que le jeune enfant développe sa capacité à interagir et donc son lien d’attachement. Une utilisation excessive et inappropriée des écrans par l’ensemble de la famille peut donc nuire à son développement cognitif, social et psychoaffectif. 

Bien dans sa tête… et dans sa peau

Sommeil, alimentation, motricité, entrée dans l’apprentissage… Le développement de l’enfant comporte plusieurs enjeux sur lesquels il faut veiller pour son bien-être. Par exemple, les enfants qui, selon leurs parents, passent plus d’une heure sur les écrans entre 17h et 20h, se couchent plus tardivement et voient leur temps de sommeil réduit. 

De même, il existe un réel lien avec la sédentarité : les enfants fortement exposés aux écrans au cours de leur petite enfance passent moins de temps à faire du sport ou bouger, consomment plus de soda et de friandises et présentent donc un indice de masse corporelle plus élevé.

Parents, on vous comprend

Les parents ont tendance à sous-évaluer les répercussions de leurs propres pratiques sur ce développement (seuls 56% les constatent, d’après le baromètre de la Fondation pour l’Enfance), même s’ils sont témoins de répercussion lorsqu’ils utilisent eux-mêmes les outils numériques à proximité de leurs enfants. Leurs dispositions à modifier  leurs comportements pour éviter l’exposition des enfants demeurent timides (seule la moitié consent à faire évoluer leurs pratiques).

Nombreux sont les parents qui se retrouvent désorientés face à des préconisations multiples, alarmistes, et parfois inopérantes : le baromètre de la Fondation pour l’Enfance a d’ailleurs révélé que 2 parents sur 3 estiment que les recommandations faites lors des campagnes sont trop éloignées de la réalité, ou trop générales et donc peu adaptées aux particularités de chaque enfant. 

Une consommation excessive et inappropriée des écrans dans la famille découle surtout d’un manque de repères des parents face au numérique. Et pour des parents confrontés à un emploi du temps surchargé, il peut être difficile de poser un cadre, d’autant plus que les écrans peuvent être perçus comme une solution à cette surcharge.

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A partir d’un certain âge, le numérique est vecteur de nombreux impacts positifs sur le développement et l’éducation des enfants. Il permet aux enfants et jeunes de se divertir, de communiquer, de s’informer, de trouver de l’inspiration, d’avoir accès à la culture, mais aussi d’aider les enfants porteurs de certains handicaps dans leurs devoirs.

Apprivoiser l’écran en famille

La création d’une nouvelle dynamique autour du numérique au sein des familles est fondamentale. Il s’agit de favoriser les interactions familiales autour du numérique pour mieux accompagner les enfants dans l’utilisation des écrans et de les protéger des contenus inadaptés.

Les professionnels de santé insistent également sur la nécessité de réduire le temps passé devant les écrans et de « sanctuariser des moments sans connexion » durant lesquels les enfants s’investissent dans d’autres activités nécessaires à leur développement cognitif et social, en solo, en famille ou entre amis (activité sportive et/ou artistique, lectures etc.).On peut par exemple garder en tête quelques repères pour un bon équilibre pour l’enfant comme par exemple le fait qu’une heure devant l'écran doit être compensée par une heure d'activité physique ou encore veiller à ce que l’enfant soit exposé au minimum 2h par jour à la lumière naturelle de l'extérieur. Ce qui est primordial, c’est de vivre l’instant à 100% avec l'enfant. On n'a pas forcément besoin d'être longtemps avec son enfant : c'est la qualité qui est importante, pas la quantité.

S’il est essentiel de prévenir le mésusage et d’assurer une utilisation raisonnée des écrans, il serait inutile et contreproductif de les diaboliser et d’en empêcher l’usage. Pour garantir un rôle positif tout en évitant les effets néfastes sur les interactions parents-enfants et les liens familiaux, abordons une nouvelle approche du numérique, plus constructive et collective. 

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