Parents et écrans : comment rester connecté (à son bébé !)

L’écran… ce nouveau membre de la famille dont on a du mal à se séparer s’incruste parfois jusque sur la table à langer, au péril de la sécurité et du développement de nos bébés. Il est pourtant particulièrement important de ne pas le laisser interférer. Pourquoi ? On fait le point avec le docteur François-Marie Caron.

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Eteindre la télé, ne pas consulter son téléphone, activer le mode avion ou “ne pas déranger”, aménager des plages horaires spéciales… Vous connaissez la chanson, néanmoins difficile de résister aux sirènes des écrans à la maison. Notifications, appels indésirables ou mails professionnels continuent de s’incruster dans la sphère privée, y compris avec bébé. Pourtant, les parents ont largement conscience (96%) que l’usage des écrans impacte le développement de leur nourrisson. Mais seule la moitié (56%) consent à faire évoluer ses pratiques numériques, comme le souligne Clémence Lisembard, responsable de cette étude réalisée par l’Ifop pour la Fondation pour l’Enfance. Il en ressort que 98% des professionnels de la petite enfance estiment que les pratiques numériques excessives des parents peuvent nuire à la relation du parent avec son enfant.

C’est le cas de François-Marie Caron, pédiatre à Amiens et expert écrans à la Fondation pour l'Enfance pour qui les écrans constituent un obstacle important à l'interaction entre parents et enfants. Celle-ci est pourtant cruciale puisqu’elle permet au bébé de développer son langage, sa cognition et sa motricité. Laëtitia Truelle, psychologue spécialisée dans l’accompagnement des tout-petits, définit les interactions “de bonne qualité” comme chaleureuses, contenantes, prévisibles et stables. “Des interactions au sein desquelles l’adulte est respectueux du bébé, le considère comme une personne à part entière : le bébé n’est pas un adulte mais un adulte en devenir, avec des compétences particulières.” explique-t-elle. Le parent doit stimuler son bébé de différentes manières selon son stade de développement. Et cela passe d’abord par l’observation, le regard, afin de construire une connexion avec son enfant et anticiper ce dont il pourrait avoir besoin.

Mais pourquoi regarder un écran serait-il si grave ? Après tout, on ne peut pas être en interaction avec son enfant toute la journée, il faut aussi cuisiner, se laver, travailler…

Expérience du visage impassible

Lorsque le parent est happé par son écran au lieu de focaliser son attention sur son enfant, il renvoie un visage impassible (still face en anglais) qui perturbe fortement l’enfant… En témoigne l’expérience — la plus connue à ce jour — menée par le docteur Edward Tronick, en 1975. Un bébé de quelques mois est en pleine interaction avec sa mère quand celle-ci se retourne brutalement, puis prend un visage figé, inexpressif, et ne répond plus à son bébé. Ce dernier s’aperçoit instantanément du changement et tente par tous les moyens de ­retrouver l’attention de sa mère, puis s’énerve, pleure… et ne se calmera que difficilement quand le parent reprendra un comportement normal. Cette expérience montre à quel point le nourrisson est sensible à son environnement : aux émotions, à la réactivité et aux interactions sociales qu’il obtient du monde qui l'entoure.

Qualité du sommeil

Enfin, apprendre à gérer son rapport aux écrans, c’est bon pour la santé de son enfant… mais aussi celle du parent ! On ne le répétera jamais assez : les écrans perturbent l'endormissement, notamment à cause de la lumière bleue. Si une étude récente parue dans la revue Sleep Medicine signale que se rendre sur Instagram ou Twitter quelques minutes avant de dormir n'altère pas la qualité du sommeil*, les chercheurs alertent sur le fait que retarder l'heure du coucher en raison de l'utilisation prolongée des médias pourrait avoir des effets néfastes. Il est toujours recommandé de limiter l'utilisation de toute activité médiatique au coucher afin d'obtenir une quantité suffisante de sommeil réparateur.” Si vous êtes jeune parent, ménagez-donc votre sommeil, déjà bien perturbé par l'arrivée de votre nouveau-né. En effet, les résultats d’un sondage mené en 2022 et relayés par The Daily Mail, révèle que les parents perdent plus de deux mois de sommeil au cours de la première année de leur enfant. Dans le détail, ils manquent plus de quatre heures de sommeil par nuit ce qui ramène à 31 heures de sommeil en moins par semaine ! 

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