Dans le dico de la Génération Z # 9 : Ok Boomer

Ils ont moins de 25 ans et n’ont pas connu le monde sans numérique. La Génération Z s’arme d’un vocabulaire nouveau à la croisée des réseaux sociaux, du jeu vidéo et de l’actualité. Libérés du carcan des dictionnaires, focus sur ces néologismes d’un jour ou de toujours.

Publié le : 09-06-2021

Dans le dico de la Génération Z # 9 : Ok Boomer

Temps de lecture : 4 minutes

 

Ok boomer : je vous parle d’un temps que les plus de 25 ans ne peuvent pas connaître

Ok boomer : expression 

Apparition du néologisme : 2015

Potentiel de pérennité : élevé  

« Ce n’est pas en restant scotché à ton portable que tu vas changer le monde », voici une phrase banale prononcée certainement par beaucoup de parents. Mais vous vous attendez certainement moins à ce que votre enfant réponde à cette réplique par un cinglant « ok boomer » que vous peinez à comprendre ! Fleurissant sur les réseaux sociaux, cette expression reflète le fossé entre la Gen Z et les boomers, personnes de plus de 55 ans, plutôt aux antipodes des idées et des modes de vie de leurs cadets. En utilisant « ok boomer », un jeune va ainsi couper court à des débats qu’il juge impossibles à avoir avec ses aînés. 

Dire « c’est cela le vieux », traduction littérale de « ok boomer », aurait pris ancrage en 2015 avec une vidéo TikTok devenue virale. On y voit un homme aux cheveux grisonnants s’adressant directement aux millenials et à la Génération Z qui auraient selon lui le syndrome de Peter Pan et refuseraient de grandir : « Ils pensent que leur jeunesse et son idéal utopique vont se traduire dans le monde des adultes matures, mais ce monde n’existera jamais ». Ni une, ni deux, une jeune femme lui répond alors d’un net et tranchant « ok boomer ». Le mot est passé.

@linzrinzzmom can you pick me up the old art teacher is going at it again #foryoupage#genz#foryou♬ original sound – old_school_is_not_so_bad

Une génération qui doit payer les pots cassés 

Sur TikTok, le #okboomer s’enflamme et atteint en juin 2021 les quelques 3,7 milliards de vues. Selon le New York Times, cet engouement s’explique par la signification plus profonde de l’expression virale : « Ok boomer est un cri de ralliement pour des millions de jeunes qui en ont marre ». Mais fatigués de quoi au juste ? Épuisés qu’une ancienne génération à l’historique pas forcément rose fasse la morale aux plus jeunes comme l’illustre avec justesse le média Lyon capitale : « Votre génération a connu le plein emploi, elle a consommé sans limites, n’a pas pris soin de la planète et vous voulez encore nous expliquer ce que nous devons faire ? Vous avez échoué. Laissez-nous gérer maintenant ».

Parmi les sujets brûlants où l’on retrouve ce fameux « ok boomer », l’écologie et le féminisme arrivent certainement en pôle position. En 2019, cette expression va d’ailleurs prendre un nouveau tournant avec l’intervention très médiatisée de la législatrice néo-zélandaise Cloe Swarbrick. Très portée sur la cause environnementale, son allocution sur le projet de loi zéro carbone a fait tiquer un politicien plus âgé. Jugeant que la législatrice de 25 ans n’était pas capable de porter un tel sujet vu son jeune âge, la jeune femme lui a alors cloué le bec avec un « ok boomer » qui a fait le tour de la planète. Et toc !

Une fracture intergénérationnelle irréparable ?

Une question se pose alors : est-ce que ce dialogue de sourds va encore durer longtemps ? Boomers et non boomers peuvent-ils trouver un terrain d’entente pour s’accorder et construire intelligemment un futur basé sur les forces de chacun ? Pour apaiser les tensions, une grande partie de la jeune génération assure que le « ok boomer » ne cache pas un mouvement « anti vieux » mais essaie seulement de jouir d’une liberté d’expression.

Pour mettre la balle au centre, les deux parties vont devoir faire des concessions. Il s’agira notamment de donner aux boomers une plus large compréhension des nouveaux usages apportés notamment par l’ère du numérique. En combattant cette forme d’illectronisme, la génération des 55 ans et plus sera potentiellement plus en mesure de comprendre la force incubée par le numérique !

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