Réputé débilisant ou dangereux pour la santé des jeunes publics, le jeu vidéo mérite-t-il vraiment cette mauvaise réputation ?
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Qui ne s’est pas déjà demandé si son enfant passait trop de temps à jouer aux jeux vidéo ? Et surtout, quels effets cela pourrait avoir sur son développement cognitif. Aujourd’hui, près de 80% des Français connectés, âgés de 16 à 64 ans, jouent aux jeux vidéo, selon le Digital Report 2023, publié par Hootsuite et We Are Social. Pour autant, ils pâtissent encore d’une mauvaise réputation, en particulier lorsqu’on les associe aux enfants.
Du côté des études, il y a à boire et à manger. Certaines suggèrent que les jeux vidéo développent les performances des enfants quand d’autres attestent qu’ils favoriseraient le développement de symptômes liés au trouble du déficit de l’attention (TDAH). On a voulu savoir concrètement dans quelles mesures les jeux vidéo pouvaient participer au développement des capacités cognitives de nos enfants en interrogeant Vanessa Lalo, psychologue clinicienne et spécialiste des pratiques numériques.
Développement de compétences cognitives… et psychosociales
Bonne nouvelle pour tous les gamers en herbe, jouer quelques heures par semaine à des jeux vidéo d’action permettrait d’améliorer ses facultés cognitives spatiales, attentionnelles et perceptives, selon une étude genevoise. Un avis que partage Vanessa Lalo : “la plupart des jeux vidéo peuvent permettre de développer des compétences cognitives : tout ce qui est de l’ordre de l’acuité visuelle, des compétences spatiales, l’attention, la psychomotricité fine.”
Et ce n’est pas tout, selon notre spécialiste, le jeu vidéo permettrait aussi d’améliorer “tout ce qui relève des compétences psychosociales : le lien social, l’empathie, la coopération, la résolution de problèmes, savoir demander aux autres de l’aide”. Mais attention, bien qu’ils participent au développement d’un cheptel d’aptitudes toutes plus intéressantes les unes que les autres, les enfants ne sont pas forcément conscients de ce qu’ils acquièrent en jouant. C’est là qu’interviennent les parents : “le rôle de l’adulte c’est de pousser à ce qu’elles soient exploitables dans le monde réel.”
Quant à l’agressivité que l’on peut ressentir au moment du jeu, il n’y a pas vraiment lieu de s’en inquiéter selon Vanessa Lalo. En effet, l’adrénaline générée par la compétition ou l’envie de gagner peuvent engendrer une certaine agressivité pendant une quinzaine de minutes mais, c’est aussi celle qu’on retrouve quand on joue au rugby ou au Monopoly. De fait, “On va s’énerver, on s’investit, on veut gagner, mais par contre, il n’y aura pas de violence à proprement parler.” En revanche, “si on sent un comportement qui est un petit peu agressif chez les enfants, ça peut être important de leur faire faire du sport”. En effet, en plus de lutter contre la sédentarité, le sport est un excellent régulateur d’humeur.
L’importance du jeu en famille
En plus d’être une pratique désormais bien ancrée dans les foyers français, les jeux vidéo représentent souvent un moment de partage. Selon une étude menée par l’Institut CSA pour Xbox France, 51% des enfants jouent régulièrement avec leurs amis et 50% des enfants jouent régulièrement avec leurs parents/frères et sœurs. Un moment d’échange qui est à cultiver selon Vanessa Lalo car il favorise le partage d’expérience et la complicité.
En prime, ce moment de connivence peut aussi vous donner l’occasion de faire de la prévention auprès de vos enfants : “Parce qu’on est côte à côte, qu’on voit comment l’enfant s’y prend et que ça nous permet de mieux comprendre quelles règles pouvoir poser en fonction des réalités du jeu et de son enfant aussi.” Eh oui, car il ne s’agit pas de poser des règles arbitraires applicables à tous les jeux et à tous les âges. Par exemple, certains jeux, comme les jeux vidéo en ligne, ne se mettent pas en pause.
Mieux vous connaîtrez les diversités afférentes au jeu de votre enfant, plus pertinentes seront les règles que vous lui imposerez. Avant 10 ans, il faudra surtout veiller à ce qu’il existe un cadre par rapport au temps passé devant les jeux vidéo. Tandis qu’à l’adolescence, il s’agira d’accompagner son enfant, tout en faisant attention à la toxicité qu’il peut y avoir dans les communautés en ligne (Cyber-harcèlement,sexisme en ligne, cyber-prédateurs…). Car, si le jeu favorise le lien social, il peut également s’accompagner de beaucoup de pression sociale. Pour Vanessa Lalo, le plus important, “c’est de pouvoir discuter aussi de ce qui se passe en ligne avec les enfants…”
Quelques conseils pour accompagner les jeunes gamers
Bon, vous l’aurez compris, les jeux vidéo peuvent avoir énormément de bénéfices pour vos enfants. Pour peu que leur utilisation soit encadrée par vos soins. On vous résume en quelques conseils, la façon de vous y prendre pour les accompagner au mieux, sans tomber dans la prescription dictatoriale :
- Se poser les bonnes questions : d’abord, sur le temps de jeu, déterminez si votre enfant joue vraiment de façon abusive ou s’il est victime de vos propres préjugés ? Ensuite, demandez-vous quels bénéfices il retire de ces jeux : est-ce qu’il apprend des choses ? Est-ce que ça développe son esprit d’équipe ou ses capacités cognitives ?
- Bien connaître les jeux auxquels joue son enfant : on ne vous demande pas de lire toutes les interviews du programmateur mais d’avoir une connaissance basique de l’univers du jeu. Par exemple, sur la forme, tâchez de déterminer s’il s’agit d’un jeu en ligne, si on y joue seul ou en équipe, si on peut le mettre sur pause. Sur le fond, soyez attentif à la classification PEGI (Pan European Game Information), qui informe le consommateur de l’âge minimum recommandé et des types de contenus que comporte le jeu (violence, peur, achat intégrés, sexualité …).
- Fixer un cadre : pourquoi ne pas établir une charte familiale ? Celle-ci vous permettra d’encadrer les usages des jeux vidéo (temps d’écran, moment dédié, type de jeu…), au sein de votre foyer. Si vous ne savez pas par où commencer, vous pouvez vous référez au programme Faminum d’Internet Sans Crainte. Il vous suffira de répondre à quelques questions pour générer votre charte numérique familiale personnalisée. Pratique non ?
- Jouer en famille : N’hésitez pas à prendre les manettes. Les enfants apprennent aussi par mimétisme et votre participation pourra lui apprendre des choses essentielles comme le fait de savoir perdre… ou gagner.
À vous de jouer !