Si elles représentent désormais plus de la moitié de la population des joueurs, les femmes ne sont pas souvent les bienvenues dans ce milieu traditionnellement masculins. Certaines veulent faire bouger les choses.
Est-ce que vous saviez que 51% des joueurs étaient en fait des joueuses ? Selon le dernier rapport du Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs (le SELL), les femmes seraient désormais majoritaires dans le rang des amateurs de jeu vidéo. Si elles se sont largement faites discrètes jusqu’alors, pour éviter d’attirer l’attention dans ce milieu traditionnellement très masculin, elles décident de se faire entendre désormais, pour revendiquer leur place et lutter contre le cyberharcèlement ambiant.
Les insultes et le harcèlement font malheureusement partie intégrante de l’expérience de la joueuse quand elle souhaite s’amuser en ligne. Bref, être joueuse, c’est malheureusement souvent subir un véritable enfer. Dernier exemple en date, le récit du calvaire de Maghla, une joueuse très connue sur internet.
je suis fatiguée et il est temps que je vous explique.
Des années que je streame et j’ouvre ma gueule sur 10% max du problème, parce qu’apparemment faut ignorer pour que ça passe.⬇️⬇️⬇️
— Maghlarnaque (@Maghla) October 24, 2022
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Pas une fatalité
Depuis le début de la pandémie, des joueuses s’organisent pour mettre un terme à cette fatalité. Elles se regroupent en petites communautés pour faire preuve de solidarité entre elles. Chloé fait partie de ces filles-là. La jeune Belge a créé en juillet 2020 un groupe pour les joueuses – et plus particulièrement les streameuses, des personnes diffusant en direct leur partie. Désormais, ce sont plusieurs centaines de femmes qui se regroupent sur un serveur Discord (un réseau social principalement dédié au jeu vidéo) pour s’entraider dans ce milieu très masculin.
D’autres initiatives comme Stream’Her ont vu le jour ces dernières années. Du côté belge, les filles de Witch Gamez sensibilisent au sexisme dans le jeu vidéo. De son côté Afrogameuses se consacre à mettre en avant les femmes noires ou afrodescendantes. Un peu plus ancienne, l’association Women in Games France porte un rôle de facilitateur de carrière pour les femmes, que ce soit du côté des métiers dans les studios de création de jeux ou même chez les joueuses professionnelles. Et, toutes ont plus ou moins les mêmes objectifs.
S’entraider
Le premier d’entre eux, c’est évidemment l’entraide. Que ce soit sur des questions techniques, pour avoir une plateforme de soutien émotionnel ou juste pour trouver des amies afin de jouer sans risquer de se faire insulter… les joueuses se regroupent pour se guider entre elles.
Chez Stream’Her, le dispositif “Allo Modo” permet par exemple de trouver facilement parmi les membres de l’association une personne qui accepte de modérer les commentaires lors des diffusions en direct. Un rôle qui peut sembler optionnel, mais qui est primordial quand on est une femme en ligne. “On a conclu très tôt un partenariat avec Bodyguard, une solution pour modérer plus facilement ses réseaux sociaux”, explique aussi Chloé, cofondatrice de Stream’Her.
Réfléchir pour s’informer et avancer
Chez Afrogameuses et Women In Games, des séries d’interview, de conférences et de tables rondes ont été mises en place. L’objectif : partager les témoignages, faciliter les échanges et surtout, réfléchir à comment mieux mettre en avant et protéger les femmes dans le milieu et les joueuses.
[Game Changers – 19 Septembre]
On commencera cette journée dédiée à l’inclusivité dans le JV avec une table ronde animée par @LtEmi, @mickaelnewton_, @Hoshi_Luth, Lova Ranaivoson et Olivier Noury qui discuteront des solutions pour changer le game à notre échelle 💪🏿 pic.twitter.com/iARJFANNkb— Afrogameuses 🎮 (@afrogameuses) September 14, 2021
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Travailler sur la représentation
Mais surtout, elles travaillent toutes à rendre les femmes plus visibles dans le milieu. Chez Women In Games et Afrogameuses, un programme de mentorat est en place (ou sera bientôt mis en place) pour créer des binômes d’aspirantes travailleuses du jeu vidéo avec des personnes déjà bien installées dans leur carrière. Du côté de Stream’Her, c’est la mise en avant des joueuses qui est l’objectif principal. “C’est hyper important que les joueuses soient visibles. Des jeunes filles pourront ainsi s’y identifier et se dire “oui c’est aussi pour moi, je peux devenir une joueuse si je le souhaite’”, assure Chloé de Stream’Her.
Si vous êtes joueuses et victime de cyberharcèlement, l’association Women In Games a publié un guide de défense face au cyberharcèlement disponible juste ici : Guide de défense face au cyberharcèlement
Et si vous aussi vous souhaitez rejoindre une communauté de joueuses, vous pouvez vous renseignez ici :
👉 Stream’Her, l’association dédiée aux streameuses, pour mettre en avant leur travail et s’entraider
- Women in Games France, l’association pour les travailleuses du jeu vidéo
- Afrogameuses, l’association qui promeut la place des femmes noires dans l’industrie du jeu vidéo
- Witch Gamez, le collectif qui a pour objectif de visibiliser et sensibiliser au sexisme vécu dans les jeux vidéos.