Qu’il survienne en ligne ou non, le harcèlement est un fléau. Pour protéger nos enfants des risques qu’il représente, il faut en parler.
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Le saviez-vous ? Entre 800 000 et 1 million d’enfants seraient victimes de harcèlement chaque année. Si les chiffres donnent le vertige, c’est bien parce que les conséquences du harcèlement sur les enfants peuvent être particulièrement graves (perte d’estime de soi, décrochage scolaire, isolement, suicide …).
On peut le dire, la problématique du harcèlement scolaire est l’affaire de tous. En prime, avec l’avènement d’Internet dans les foyers et l’expansion des réseaux sociaux dans les écoles, le harcèlement a également gagné le terrain du virtuel : on parle alors de cyberharcèlement.
Pour prévenir le harcèlement sous toutes ses formes et minimiser les conséquences qu’il pourrait avoir sur nos enfants, il est essentiel de libérer la parole à ce sujet. Mais comment aborder ce sujet avec des enfants ? Quel est le moment le plus opportun ? De quelles ressources disposent les parents pour en parler ? On fait le point.
Sensibiliser son enfant
Les enfants doivent comprendre les mécanismes du harcèlement. Pour cela, un dialogue libre et ouvert est indispensable. Afin de ne jamais minimiser les effets du harcèlement, il convient de créer des moments d’échange. Le plus important, c’est que votre enfant ne se sente pas seul. Vous pouvez par exemple :
- En parler partout : en rentrant de l’école ou en allant au sport.
- Aborder le sujet avec tout : la publicité, les séries ou les films peuvent être d'excellents prétextes pour entamer une discussion sur le harcèlement. En plus d’instaurer un dialogue de confiance, ils ont le mérite de poser des situations concrètes et tangibles.
- Favoriser les interactions avec d'autres enfants : au parc ou au sport, votre enfant est confronté à ses pairs et pourra faire l’apprentissage de diverses dynamiques sociales, mais aussi de l’altérité. Vous pourrez alors lui transmettre des valeurs de respect et d’empathie.
- Être pédagogue et fixer des limites : votre enfant à le droit de se tromper (c’est un enfant) mais il est important de lui parler des dynamiques de groupe ou des ravages des moqueries par exemple, afin qu’il sache mettre des mots sur des situations.
Harceleur, harcelé ou témoin : comment instaurer un dialogue apaisé ?
Parler du cyberharcèlement, c’est d’abord parler du harcèlement tout court. Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale (comme les insultes), physique (comme les bousculades) ou psychologique (comme imiter un bégaiement).
De l’autre côté de la toile, le cyberharcèlement consiste à utiliser de façon répétée Internet et les réseaux sociaux pour se moquer, menacer, lancer des rumeurs, diffuser des photos/vidéos contre une personne en particulier.
Dans ce genre de situation, les enfants peuvent avoir peur ou honte de parler à leur parent. Voici quelques stratégies que vous pouvez utiliser pour débloquer la parole :
- La stratégie du détour : partir d’une question banale pour en venir au sujet du harcèlement (Ex : comment ça va à l’école ?)
- Instaurer un temps pour la discussion et parler directement des faits : s'asseoir pour discuter ça peut paraître vieux jeu, mais il s’agit d’une méthode qui a fait ses preuves. N’hésitez pas à poser des questions comme : pourquoi as-tu fait cela ? Comment ça s’est passé ? Qu'est-ce que tu ressens ?
- Rassurer : un enfant victime de harcèlement se retrouve en situation d’insécurité, il est important de lui exprimer clairement que vous êtes là pour lui, que vous allez le protéger et que CE N’EST PAS DE SA FAUTE.
- Accompagner : créer une to-do list ou un plan d’action avec les différentes étapes que vous mettrez en place pour stopper la situation de harcèlement peut aider votre enfant à se projeter et finalement se sentir protégé.
- Éviter le jugement : pour faciliter la parole rien de mieux que de ne pas émettre de jugement.
Et le cyberharcèlement ?
24% des familles ont été confrontées au moins une fois au cyberharcèlement et plus d’un quart des jeunes témoignent en avoir été témoins, selon une étude E-enfance/3018. Bien qu’il sévisse virtuellement ne vous y trompez pas, le cyberharcèlement est avant tout une forme de harcèlement. Attention, il est essentiel de préciser que le cyberharcèlement est un délit et que la victime n’est jamais responsable des sévices qu’elle subit.
Afin de le détecter au mieux, il s’agit tout d’abord d’être sensibilisé aux multiples formes que peut prendre le harcèlement en ligne :
- Intimidations, insultes, moqueries ou menaces en ligne ;
- Propagation de rumeurs ;
- Piratage de comptes et l’usurpation d’identité digitale ;
- Création d’un sujet de discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’un camarade de classe ;
- Publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture ;
- “Sexting” non consenti (contraction de "sex" et "texting" pour désigner l’échange de contenus à caractère sexuel par SMS ou messagerie) et “revenge porn” (vengeance pornographique, en français).
À noter : les raids numériques ou le harcèlement en meute, soit des attaques coordonnées pour harceler une personne, peuvent être constitutifs de harcèlement même si l’auteur n’a écrit qu’un seul message.
Quelques ressources utiles :
- La fondation pour l’enfance, œuvre pour faire progresser la protection de l'enfance, et veille à la traque judiciaires des détenteurs d'images pédopornographiques.
- Internet sans crainte, le programme national de sensibilisation pour accompagner les jeunes dans une meilleure maîtrise de leur vie numérique.
- E-enfance, l’association de protection des mineurs sur Internet.
- Le 3018, le numéro d’urgence pour les jeunes victimes de harcèlement.
- "L’espace parents" de Bien vivre le digital, pour accompagner au mieux son enfant dans le numérique.
- Cybermalveillance.gouv.fr : pour découvrir les recommandations à mettre en œuvre face aux risques Cyber, vous pouvez télécharger le guide pédagogique à destination des familles.