En 2021, les spams représentaient 320 milliards d’e-mails envoyés chaque jour dans le monde. Stockés sur des data-centers, ces courriers indésirables ne consomment pas seulement votre espace de stockage, mais aussi de l’énergie. C’est l’heure du grand ménage !
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Accélérée par la pandémie de Covid en 2020, la dématérialisation des services a permis de se détacher peu à peu du support papier. Malheureusement, elle a aussi son versant négatif. D’une part, elle creuse un peu plus les inégalités numériques (aujourd’hui, 16 millions de Français sont touchés par l’illettrisme numérique). D’autre part, elle a multiplié le nombre de nos correspondances par courrier électronique.
Rien qu’en 2022, environ 333 milliards de mails ont été reçus et envoyés chaque jour dans le monde, selon le site Statista. Mais saviez-vous que l’écrasante majorité de ces missives électroniques s'avère être des spams ? Selon l’expert en cybersécurité, Cisco Talos Intelligence, près de 320 milliards de spams sont envoyés par jour. Une nuisance qui s’avère être problématique dans la mesure où la plupart des spams sont des attaques de phishing ou de malware. Autre problème : d’un point de vue environnemental, un mail simple émettrait 4g de CO2, tandis qu’un mail avec pièce jointe émettrait 35g de CO2, d’après l’Agence de transition écologique (Ademe).
En effet, votre e-mail parcourt des milliers de kilomètres pour envoyer des données vers des datacenters, en transitant au passage vers des dizaines de routeurs, serveurs ou ordinateurs, qui consomment eux aussi de l’énergie.
Spam et pub : quelle différence ?
La limitation des mails publicitaires et du démarchage téléphonique est la seconde piste la plus plébiscitée par les citoyens consultés par Orange et Make.org. En plus d’être contrariant, les spams et le démarchage sont perçus comme un gaspillage inutile d’énergie et de capacité de stockage. Les participants demandent des actions concrètes de la part des entreprises pour en restreindre la capacité de nuisance.
Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, il s’agit de comprendre la différence entre un spam et une publicité. Par définition, le spam est un courriel indésirable (ou pourriel, en français canadien). Il peut s’agir aussi bien d’un message électronique envoyé à des fins publicitaires, qu’à des fins malveillantes. D'où le fait que les internautes confondent souvent publicité et spam. Pourtant la différence entre les deux tient en un mot : consentement.
Laurent Feurer, directeur Marketing Produit et Services Telco chez Orange nous explique : “Du point de vue des clients le spam, ce sont tous les mails indésirables incluant la publicité. Or s’il reçoit cette publicité c’est qu’il y a normalement consenti préalablement (via la souscription d’un contrat, l’achat d’un bien sur Internet etc…).”
Du point de vue d’Orange, le spam ce sont, “les mails malveillants ou de phishing qui peuvent entraîner des préjudices pour nos clients. Cette distinction posée, se pose la question de leur gestion.
Comment lutter contre les spams ?
Au sujet des mails publicitaires, Laurent Feurer est catégorique, "Dans la majorité des cas, on ne peut pas bloquer cette publicité de notre propre chef (ni celle des autres, ni la nôtre), vu qu’elle fait l’objet d’un consentement préalable du client. Orange ne peut agir que lorsqu’un nombre significatif de clients se plaint d'un expéditeur en signalant ses emails comme indésirables. C’est au client de se désabonner via le lien obligatoire en fin de mail.” En revanche, en ce qui concerne les sollicitations non consenties, Orange a pris des mesures.
Par exemple, la fonctionnalité anti-spam du mail Orange est un service gratuit qui analyse et filtre tous les messages arrivant dans votre boîte. Elle permet de filtrer plus de 80% des tentatives d’envoi de spams. Un objectif revu à la hausse pour 2024 avec l’ambition de rejeter 90% de ces messages malveillants. “C’est notre rôle de les identifier et d’en bloquer un maximum”, nous explique Laurent Feurer.
En effet, le spam étant un vecteur fréquent de “phishing” (hameçonnage, en français), il en va de la sécurité de ses clients.
Et le démarchage téléphonique ?
Lointain ancêtre du spam par mail, le démarchage téléphonique fait aussi partie des indésirables dont on se passerait bien au quotidien. On vous explique tout sur un article dédié au démarchage téléphonique.
Orange permet désormais un filtrage beaucoup plus rigoureux à ses clients. Si vous recevez un appel commercial ou signalé comme étant malveillant, vous pourrez en être informé directement sur votre écran de téléphone. Tout cela grâce à l’application Orange et moi et l’option anti-spam qui s’y trouve et qu’il vous suffit d’activer.
Et si on allégeait notre espace de stockage ?
Un filtrage salutaire également puisqu’il permet de désengorger les boîtes mail de ses clients et de libérer de l’espace de stockage. En parallèle, les boîtes mail Orange possèdent une fonctionnalité de nettoyage utilisable via l’application Orange mail (disponible sur Android depuis 2022 et sur iOS début 2024). Une fonctionnalité d'ores et déjà adoptée par 700 000 utilisateurs. Bilan de l’opération : un gain de place de 137 Mo par boîte, soit 8% du volume de stockage d’une boîte mail. Pris dans leur ensemble cela représente environ 400 Millions de mails et 117 Terra octets de données supprimées.
Fort de ce constat, Orange a décidé d’aller encore plus loin dans la suppression de données en démarrant une grande opération de suppression des comptes clients inactifs. À l’été 2022, sur 36 millions de mails Orange, 24 millions de boîtes étaient inactives. “On a démarré avec la suppression des clients résiliés inactifs, ce qui représente un stock de 8 millions de boîtes adressables”, explique-t-on en interne. Une suppression qui se terminera d’ici la fin de l’été et occasionnera un gain de 850 To d’espace de stockage. Tout de même !
Trier ses mails pour la planète, est-ce vraiment efficace ?
En 2010, le chercheur Mike Berners-Lee popularise l’idée selon laquelle nos mails ont aussi une empreinte carbone. Dans son livre “How Bad Are Bananas?: The Carbon Footprint of Everything” (“À quel point les bananes sont-elles mauvaises : l’empreinte carbone de tout”, en français), le professeur estimait qu’un mail générerait entre 0,03 g et 26 g de CO2. Selon ses calculs, les mails auraient donc représenté environ 150 millions de tonnes de CO2 en 2019, soit 0,3% des émissions mondiales. En résumé, il suffirait donc de supprimer vos mails (voire de réduire vos échanges numériques) pour faire baisser votre bilan carbone. En réalité, ce n’est pas si simple.
Depuis quelques années, des voix s’élèvent dans la sphère scientifique pour recentrer le débat. Interrogé à ce sujet Tristan Nitot, en charge du numérique responsable chez OCTO Technology estime que “supprimer ses mails de sa boîte mail, c’est comme faire pipi sous la douche, ça peut peut être aider mais c’est pas ça qui va changer le sort de l’humanité. Il faut faire des choses plus importantes, par exemple faire durer son terminal plus longtemps”.
D’ailleurs après avoir popularisé l’idée du nettoyage de ses mails comme geste écologique, Mike Berners-Lee lui-même se montre aujourd’hui prudent quant à l’interprétation de ses calculs. En 2020, il déclare au Financial Times que ses estimations étaient utiles pour lancer des conversations plus larges, mais qu’il était essentiel de mettre l’accent sur des questions plus importantes liées au numérique.
En définitive, pour réduire durablement son empreinte carbone, rallonger la durée de vie de ses appareils électroniques et utiliser des appareils moins gourmands en électricité semble être la solution la plus efficace. Pour autant, trier ses mails reste un bon moyen pour gagner en espace de stockage (et donc éviter d’en acheter en supplément). En matière de sécurité numérique, lutter contre les spams est également une solution efficace afin d’éviter les nuisances induites par le phishing.