Faut-il être un petit génie de la programmation pour lancer son projet ? Plus maintenant. Le « no code » offre de nouveaux outils en ligne pour zéro euro ou presque. Et ils explosent pendant le confinement. Si c'était le moment de se lancer ?
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Alors que la moitié de l’humanité est confinée, les plateformes de technologies low code ou no code ont explosé. On peut y créer un site ou développer une application seulement à l’aide de la souris et du clavier. « Nous avons clairement vu une augmentation de l’utilisation de Bubble : depuis mi-mars, les éditions d’applications ont augmenté de 50%, précise Emmanuel Straschnov, cofondateur de la plateforme de programmation visuelle à Maddyness. C’est très ciblé sur les solutions liées au coronavirus, d’autant que nous avons rendu notre service gratuit pour les applications liées à la crise. »
Encore discrète il y a quelque mois, la tendance s’accentue et va encore prendre de l’ampleur, selon Erwan Kezzar, co fondateur de Contournement. Dans cette école fer de lance du mouvement, on apprend… à ne pas coder. Un comble, lorsqu’on sait qu’Erwan Kezzar, est aussi l’un des anciens co-fondateurs de Simplon, une école de code ouverte et gratuite à tous. Une remarque qu’il prend avec le sourire : « Oui, à l’époque, ça avait du sens d’apprendre à coder. Tu ne pouvais rien faire sans. Aujourd’hui, tu peux presque t’en passer. Je dis presque parce que le no-code va surtout t’aider à te lancer sans te ruiner, et voir si ton idée est viable ou s’il faut la réajuster. »
« What you see is what you get »
C’est quoi le no code ?
« Il est aujourd’hui possible de fabriquer des sites comme Airbnb ou Twitter, sans savoir une ligne de Python, explique Erwan. Le no code, cest la possibilité pour chacun de se concentrer sur les images, le texte et sur le fond de l’idée, plus que sur la technique en utilisant des outils déjà précodés. Et ça, c’est révolutionnaire. » Comment est-ce possible d’arriver à des résultats pro sans être technicien ? Là où avant, il fallait partir de zéro, les données peuvent communiquer entre elles via des API. Sans trop rentrer dans les détails, ces API transforment par exmple des colonnes de chiffres en site marchand. Ou encore, on a désormais accès à des technologies WYSIWYG (« what you see is what you get » : ce que voyez est ce que vous obtenez), où il est possible de composer visuellement un site sur Wix par exemple.
11 millions de levée de fonds
Les premières success stories pointent le bout de leur nez. Le site Comet s’est intéressé au marché du freelancing. Sur la plateforme, des entreprises comme Renault, Veolia ou LVMH déposent des missions. Elles se voient ensuite recommander en 48 heures la personne dont les compétences conviendront le mieux à la mission. Bâtie grâce à Google Sheet, Zapier et Bubble, la startup a levé 11 millions d’euros, sans écrire une ligne de code… Dans un autre registre, la place de marché Dwelitto, met en relation vendeurs et acheteurs de Tiny Houses. Ces petites maisons ressemblent à des Polly Pocket et peuvent se poser presque n’importe où. Le site a été développé sans ligne de code, en 60 heures, en utilisant des outils en ligne tels que Webflow, Google Sheet ou Zapier. Il revendique aujourd’hui 3 761 ventes.
« J’ai développé mon idée en 15 jours et 10€ »
Nombreux sont ceux à se lancer. Comme SupportLocal, une appli créée grâce à Bubble puis rachetée et propulsée à l’échelle nationale par le média américain USA Today. On peut y acheter des bons cadeaux chez des commerçants de proximité, à utiliser après la crise, afin de renflouer leur trésorerie.
En France, avant la crise, Nathalie Helt avait lancé Grandes Parisiennes, où l’on trouve des adresses pour s’informer sur les violences faites aux femmes, des sites et des liens utiles ou encore des endroits où se retrouver. Elle dépensé 10€ pour le nom de domaine et 20€ de plus pour la landing page.
Si le mouvement no code est encore récent, il laisse présager de nouvelles possibilités pour le grand public. Pour autant, va-t-il complètement remplacer le code ? « Pas vraiment, selon Erwan, mais on ne codera que pour des développements spécifiques ».
3 outils pour être un pro du no code
Wix pour faire des sites
Comme un pro ou presque ! Sur Wix, choisissez un modèle ou partez de zéro et bougez les éléments très simplement. L’outil est gratuit mais certaines fonctionnalités payantes comme la personnalisation du nom de domaine ou le fait d’enlever les publicités Wix.
Bubble pour créer son appli
« Vous n’avez pas besoin d’être un codeur pour construire un software ». Voilà qui est dit. Alors, depuis la plateforme, vous pouvez glisser et déposer des éléments tels qu’une carte, une image, un bouton ou du texte et travailler l’architecture de votre appli. Elle est ensuite disponible au public en un clic.
Stripe pour le paiement en ligne
Accepter un paiement ou facturer un abonnement, un casse-tête ? Plus vraiment. Avec Stripe, vous choisissez une solution déjà préconfigurée et commencez à accepter les paiements. Bon à savoir, des solutions plus complètes de facturation existent également.
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