Comment faire pour lutter contre la fracture numérique ?

Difficultés à utiliser Internet, manque d’équipement ou problème de connexion, ils sont à la peine. Même si partout l'aide s'organise

Publié le : 24-03-2021

Temps de lecture : 4 minutes

C’est un sujet que l’on croyait connaître : la fracture numérique. Elle touche un Français sur six. Mais derrière le terme générique, cette période a révélé les visages et les peines de ceux qui ne sont pas connectés. Mais aussi les initiatives pour tenter de rester connectés les uns aux autres.

Confinés et sans Internet… ils racontent

Josette, 90 ans, remonte la fracture numérique à petit pas. Après six semaines de confinement,  elle avait envoyé son premier mail à sa nièce. Un tout petit message, comme un exploit : « C’est Josette, téléphone-moi quand tu pourras. » Avec son adresse mail qui raconte 70 ans de mariage en accolant son prénom et celui de son époux, et son répertoire où elle a copié à la main tous les mails de la famille, elle est « assez fière » de faire rugir l’ordinateur des années 2000, avec son gros caisson, déposé là par les proches il y a quelques années. Mais pour les visioconférences, « on repassera, c’est vraiment trop compliqué ».

Marie-Louise, 80 ans, qui vit à La Baroche, près de Colmar, a elle aussi un ordinateur, reçu il y a quelques années. « J’ai fini par le ranger dans sa boîte, pour qu’il ne s’abîme pas.» raconte la retraitée qui préfère appeler son fils quand elle a besoin d’un numéro de téléphone de serrurier ou du notaire. Quand au portable, il est « toujours rangé à côté du téléphone fixe » et ne quitte jamais la maison…« Oui, je me sens seule, mais Internet, c’est trop compliqué à mon âge », dit-elle simplement.

Entre ceux qui ont un smartphone souvent offert par les enfants mais peinent à s’en servir et ceux qui n’ont aucun appareil connecté, les personnes âgées se sont retrouvées plus isolées que jamais depuis le début de la pandémie. « Et on ne peut même pas leur envoyer l’attestation de sortie » se désole Jeanine, dont la mère vit seule au Mans, les mains figées par l’arthrose.

Ils sont nombreux parmi les plus de 75 ans à n’avoir aucun accès Internet: 53% selon la dernière enquête de l’Insee publiée en 2019. Et si jusqu’à présent, ces aînés-là semblaient s’accommoder d’une vie qui leur était familière, c’est à dire sans portable et sans connexion, la situation est devenue critique depuis la crise sanitaire

Ils peinaient déjà pour les démarches administratives, chaque jour plus digitalisées. Mais se faisaient aider en allant au “ guichet ”. Ce fameux guichet que l’on critique souvent, mais où subsistait la possibilité de parler avec un humain, de résoudre localement un souci. « On a voulu supprimer les intermédiaires entre l’Etat et les administrés. Mais on n’a pas appris aux administrations à communiquer autrement avec les gens, en langage compréhensible. Et aux citoyens, à savoir se servir de ces outils. Alors cette fracture là accentue l’isolement et la sensation de rupture avec l’Etat », analyse Emmanuel Verges, de l’Office, spécialiste de la médiation numérique.

 

Restons connectés avec nos aînés

Se donner des nouvelles est devenu essentiel en cette période de confinement. Voici les outils de visioconférences les plus simples à utiliser pour rester en contact avec nos aînés. 📱 👉 http://spkl.io/61854J113

Publiée par Orange sur Jeudi 26 mars 2020

Illettrisme numérique

Cette nouvelle barrière met des existences en péril. Car tout est digital, le RSA, l’actualisation à Pole emploi, les aides… et une partie des informations. « Normalement je fais tout pour mes parents », raconte Aïcha, la trentaine. Mais là, j’étais loin et il n’y avait même plus de voisins, ni le centre social. Alors c’était la panique, raconte celle qui a fini par traverser la France, pour venir rejoindre ses parents à Noisy en région parisienne, « au risque de faire entrer le virus chez eux ». « Je me suis en quarantaine chez eux, avec mon ordinateur et je résous leur vie. » 

Elle a bien essayé de leur apprendre à remplir des formulaires avant le confinement. Mais « c’est comme apprendre une nouvelle langue. Vraiment trop difficile. »

Ils sont nombreux et pas forcément âgés, tous ceux qui peinent à comprendre ce langage numérique, à savoir s’y retrouver sur Internet… L’illectrisme, une forme d’illettrisme numérique toucherait 17% des Français de plus de de douze ans. Et parfois des jeunes, qui sillonnant sur les réseaux, ne savent pas pour autant résoudre leur vie en ligne. Difficulté à trouver une information, à remplir un formulaire, à communiquer et à utiliser les logiciels…

« Je ne comprends pas ce que l’on attend de moi », reconnaît Kevin, 24 ans, serrurier indépendant qui essayait de remplir les papiers pour recevoir des aides durant la période. 

Le niveau de diplôme détermine grandement la capacité à résoudre sa vie en ligne selon l’Insee. On peut donc être jeune, vivre le mobile en main, mais se retrouver comme devant un mur lorsqu’il s’agit de se servir d’un Internet de travail ou administratif. 

En temps normal, un réseau local vient combler ces lacunes : la famille, les associations, le centre social… Mais depuis un an, les exclus du numérique se sont retrouvés entièrement seuls. 

Manque d’équipement : 12,5 millions n’ont pas d’ordinateur

Encore plus quand l’équipement était tout simplement absent. Pas moins de 12,5 millions n’ont pas d’ordinateur chez eux et huit millions pas d’accès fixe par ordinateur à Internet indique le Credoc dans une note dédiée. En 2019, 12% des individus de 15 ans ou plus résidant en France hors Mayotte ne disposaient d’aucun accès à Internet depuis leur domicile, quel que soit le type d’appareil (ordinateur, tablette, téléphone portable) et de connexion. Ce taux a certes baissé de 21 points depuis 2009 mais des inégalités persistent : les personnes âgées, peu diplômées ou dont le niveau de vie est modeste disposent moins souvent d’un accès personnel à Internet, renchérit l’Insee. 

Il y a bien sur le prix. « Je n’ai absolument pas les moyens d’avoir un ordinateur », raconte Laura, caissière à mi-temps, trois enfants. « On arrive tout juste à faire les courses ».  Tandis que chez Fatima, on a un ordinateur dans le salon ”pris d’assaut” par quatre enfants. « Quand les profs donnent rendez-vous sur Classroom, on décide lequel pourra suivre son cours. Je culpabilise totalement de leur faire rater l’école, mais que faire ? »,  raconte cette agent d’accueil au chômage technique en ce moment. Chez Sonia, qui vit à la Castellane, dans les quartiers nord de Marseille, les enfants essaient de suivre leur scolarité sur leur téléphone. Mais rédiger des rédactions sur petit écran a ses limites vite atteintes… « Et je les ai vus décrocher sans pouvoir réagir. »

Problème de connexion

Il y a enfin, ceux qui voudraient bien, mais n’ont pas l’accès à Internet. Ils habitent ces fameuses zones blanches, sans couverture, ou quelque part en zone grise ou la connexion est faible et rend le travail en ligne impossible. Selon l’observatoire de l’Internet fixe, 10% n’ont pas une qualité minimale d’après l’Observatoire de l’Internet fixe. C’est un sujet pris très au sérieux par les opérateurs dont Orange qui accompagne le programme « Zones Blanches » initié par le Gouvernement français visant à faire bénéficier tous les centre-bourgs d’une couverture en services mobiles. Et propose le meilleur service d’après l’Observatoire sur la couverture et la qualité des services mobiles, qui mesure plusieurs usages : appels, SMS, navigation Web, vidéo en ligne et débits de téléchargement.

Une chaîne de solidarités se déploie 

Au début du confinement, chacun s’était calfeutré, parfois un peu tétanisé. Mais très vite, une incroyable chaîne de solidarité s’est déployée. Celle de la cage d’escalier, du quartier, des voisins, des associations qui ont tricoté avec les moyens du bord, des prêts de matériel, du partage de WiFi, du soutien à tous ceux qui se sont retrouvés en difficulté…

Ce sont souvent les professeurs qui ont donné l’alerte, remarquant qu’ils avaient perdu une partie de leurs élèves dans la migration des cours vers le digital. Entre 5 à 8% semblent avoir décroché dans l’éloignement. Et notamment dans les quartiers populaires qui cumulent toutes les difficultés : peu de matériel informatique, des petits forfaits Internet et des parents qui ne peuvent pas toujours assurer le suivi, ni même comprendre l’outil. « Quand je mets un mot dans l’ENT, ils ne sont que 5% à le lire », explique cette professeur en lycée professionel à Pithiviers. Il n’y a pas que les enfants qui décrochent…

Certains établissements, lycées, collèges, ont organisé avec le rectorat et la région, des distributions de matériel informatique partout en France. Et ces prêts se structurent maintenant que l’on sait que l’enseignement à distance va se poursuivre encore un moment.

600 ordinateurs ont été distribués par le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine.  L’objectif ? Fournir les outils nécessaires à la continuité scolaire, durant cette période. Il s’agit de pallier les inégalités entre les élèves, pas forcément tous équipés, pour éviter « la fracture éducative ». Le Département a engagé 500 000 euros dans cette opération qui comprend l’achat, la configuration et l’acheminement, raconte France Bleu

« Il fallait répondre à une urgence, éviter que des élèves décrochent complètement.» Au-delà du matériel, les services départementaux travaillent sur les difficultés de connexion, pour les zones mal desservies.

Les associations ont redoublé d’efforts depuis le début de la crise. Emmaüs Connect a ainsi lancé début avril, en partenariat avec la mairie de Lille, un appel aux dons appelant entreprises et particuliers à mettre à disposition du matériel numérique. Baptisé « Connexion d’urgence », le dispositif a déjà permis de récupérer une centaine d’équipements.

Il y a une grosse demande, notamment pour les tablettes et les PC, de la part de structures qui accompagnent des jeunes en précarité, comme des foyers de jeunes travailleurs, souligne Simon Maréchal, responsable régional Emmaüs Connect pour les Hauts-de-France, dans 20 minutes.

Un site, un numéro de téléphone

La MedNum, a elle lancé une hotline pour aider tous ceux qui peinent avec le numérique. En moins de deux semaines, plus de 1.700 médiateurs numériques ont répondu à l’appel. Ils ont un site et lancé une ligne téléphonique pour guider les Français déconnectés dans leurs démarches administratives, leur accès aux droits, au numérique et à l’information. « Environ 80 % des appels que j’ai gérés sont des demandes d’accompagnement et d’information en lien avec des démarches administratives. Une dame appelait par exemple pour une finalisation de demande de naturalisation, un monsieur voulait envoyer de l’argent à des proches restés à l’étranger, une autre personne avait besoin de faire sa déclaration Pôle emploi et n’arrivait pas à les joindre. Et la Caisse d’allocation familiale renvoie même certains allocataires vers nous maintenant » raconte Fabien, Eric Durand, en charge de l’inclusion numérique dans la Creuse qui participe bénévolement à la gestion du numéro d’aide lancé le 30 mars

Alors que le gouvernement entend dématérialiser 100 % des démarches administratives d’ici 2022, ce constat inquiète le jeune homme : « Il faut se donner les moyens de développer des sites compréhensibles par tous, ergonomiques, adaptables à tous types d’écran et surtout former les gens et les salariés de ces services publics ».

En attendant et dans l’urgence de la situation, quand toute la vie se concentre sur le numérique, l’entraide tente d’amortir le choc…

Comment agir pour réduire la fracture numérique

Pour les démarches numériques

-Lancement par l’Etat et la MedNum d’une plateforme de solidarité-numerique et d’un numéro vert pour toutes les démarches

Ouvert de 9h à 18h, voici le numéro dédié (01 70 772 372)

Pour accompagner les malades du Covid et garder le lien

-L’opération Gardons le lien permet d’acheminer vers hôpitaux, EHPAD et structures sanitaires et sociales des milliers de tablettes numériques pour assurer la connexion entre les malades atteints du Covid-19 et leurs proches. Imaginée et initiée par le Collectif d’entreprises pour une économie plus inclusive en France, dont Orange, elle permet de rompre l’isolement des personnes malades.

-Emmaus Connect tente de parer au plus urgent

Avec un guide pour apprendre à utiliser les sites essentiels

Pour répondre aux besoins d’équipements

Emmaus Connect a lancé un appel aux dons pour équiper 10.000 jeunes

Et toi Orange tu fais quoi ?

Pour remédier aux difficultés d’usage et apprendre à utiliser les outils numériques

Les ateliers numériques d’Orange en ligne permettent d’apprendre en ce moment à utiliser Whatsapp pour rester connecté avec ses proches.
> Pour s’inscrire à un cours, c’est par ici

Pour répondre au besoin de connexion

L’Offre Coup de Pouce Internet permet d’obtenir une connexion et du matériel à petit prix pour les familles qui en ont besoin.

Pour aider les étudiants

Aujourd’hui, face à la situation de nombreux étudiants, Orange a décidé de donner une nouvelle impulsion à ses actions en répondant à l’appel à solidarité pour les jeunes étudiants en situation de précarité. Concrètement, le groupe a mis en place deux actions fortes :

  • Orange s’est engagé à faire un don de mobicartes pour les étudiants en difficulté. Distribuées par l’intermédiaire de la FAGE à 26 associations partout en France, ces quelques 10 000 mobicartes permettront aux jeunes d’accéder à Internet depuis leur téléphone ou leur ordinateur pour ne jamais rester coupés du monde et poursuivre leur apprentissage même à distance.
  • Pour compléter cette action de solidarité, Orange, via sa Fondation, a fait un don de 150 000 euros à une trentaine d’associations de la FAGE transformés en bons d’achat pour les épiceries solidaires ou les paniers de première nécessité. Une aubaine quand on sait que 2,1 millions de personnes bénéficient de l’aide alimentaire en France.
Contactez le Service client Orange au 3900. Un conseiller vous accompagnera pour souscrire à l’offre.

Partager l’article

Partager bien vivre le digital