Fais ce que je dis, pas ce que je fais, l’ironie de l’adage se prête volontiers au monde de l’influence. Tutoriels bancals et partenariats en carton, focus sur ces rôles modèles pas toujours modèles.
Publié le : 01-03-2021
Temps de lecture : 5 minutes + podcast
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150 degrés de trop, les muffins au chocolat sans gluten d’EnjoyPhoenix ont fait rire la toile pendant un bon moment. Présente dans la sphère YouTube depuis 9 ans, la jeune femme aux quelques 3 millions d’abonnés fait l’admiration des jeunes filles notamment pour ses nombreux conseils beauté, mode et lifestyle. Avec la création de sa chaine secondaire EnjoyCooking, la lyonnaise comptait bien mettre la main au fourneau et faire grimper le nombre de vues avec des recettes saines et simples à réaliser. Brownies et autres gâteaux à 300 degrés, la surprise à la sortie du four a dû être grande pour les apprentis cuisiniers. Une simple confusion entre les degrés Fahrenheit et Celsiusa pourtant confessé la youtubeuse. Une gentille bourde face aux tutoriels et autres conseils douteux grouillant sur les réseaux…
Enjoyphoenix : « VDM à cause de mercure qui rétrograde » 🙄
Effectivement, je confirme, #enjoyphoenix est experte en problèmes de mercure et de (centi)grades. #enjoycooking 😈🔥😂😂😂 #Astrologie#MercureRetrogradepic.twitter.com/iTZLEw275b— Madama Butterfly (@MadButterfly_) November 6, 2019
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Tombés dans la marmite étant petits, les « influenceurs » se mettent de plus en plus tôt derrière la caméra et sans forcément avoir de réelles connaissances sur les sujets traités. Vous l’aurez compris, influenceur n’équivaut pas automatiquement à professionnalisme à en croire de nombreux tutos beauté jouant notamment sur les complexes propres à nos ados à savoir boutons et autres tracas. La preuve, la tendance des masques de beauté DIY comme celui à la colle et au charbon, a priori arme redoutable contre les points noirs. Un peeling maison en réalité ultra agressif pour l’épiderme. Aïe…
Coups de coeur ou partenariats juteux, la balance penche
Avant, il y avait les publicités et leurs slogans accrocheurs qui nous donnaient envie de courir tout de suite acheter ledit produit. Maintenant, il y a aussi les réseaux sociaux et l’influence marketing qui font grossir nos paniers à vue d’œil. Dans l’hexagone, 75 % des internautes ont reconnu avoir acheté un produit après la publication d’un influenceur. Mais face à des propositions alléchantes question prix, certains sont prêts à promouvoir tout et n’importe quoi. Quand le quantitatif dépasse le qualitatif, c’est bien là le hic.
Aveuglées par la notoriété de celles et ceux qu’ils admirent, de nombreuses personnes plutôt jeunes se font avoir et l’addition est salée pour des produits pas toujours de bonne qualité. Ce fait illustre les nombreux cas d’arnaques au dropshipping. En effet, certains influenceurs se permettent de vendre des objets, cosmétiques ou encore des vêtements à des prix dérisoires en nous vantant monts et merveilles. Mais la réalité est tout autre et ces “petits bijoux” en toc sont souvent achetés à des prix minuscules et en gros sur le continent asiatique. Illustre cas, celui du couple star Emma CakeCup et Vald Oltean qui ont fait la promotion de montres et autres accessoires de fitness de basse qualité, et même d’AirPods à 50 euros et d’Iphone de contrefaçon. La foire aux bonnes affaires ? Pas vraiment.
Trouver la bonne influence, comment mener l’enquête ?
Face à un métier aux apparences séductrices (amis, argent et compagnie), les vocations naissent plus vite qu’on ne le croit. La preuve, Instagram a récemment entamé une véritable purge aux faux comptes d’influenceurs en supprimant des millions de faux profils. Une traque plus que nécessaire face à des personnes n’hésitant plus à booster leurs statistiques, acheter des abonnés ou encore pratiquer le mass follower, technique consistant à suivre un maximum de comptes pour se faire suivre en retour puis se désabonner finalement. Des méthodes utilisées pour faire les yeux doux à de nombreuses marques, recevoir des produits gratuitement et ainsi créer des partenariats vides de sens.
Quelques conseils pour reconnaître un véritable influenceur :
- Comptes certifiés, abonnés rassurés. De nombreux réseaux tels qu’Instagram, Twitter ou encore Facebook permettent à leurs utilisateurs de vérifier leurs profils. Une sorte de badge bleu avec le signe « validé » à l’intérieur est réparable facilement à côté du nom de l’utilisateur. Ce gage surtout utilisé par les personnalités et les célébrités s’obtient grâce à un formulaire de vérification envoyé à l’équipe de la plateforme. Biographie, régularité des publications, véritable communauté… Tout est passé au peigne fin.
- Taux d’engagement, des statistiques qui ne trompent pas. Un profil affiche un nombre d’abonnés vertigineux ? Problème, sous chacune de ses publications l’engouement n’est pas vraiment au rendez-vous et les likes, commentaires et partages ne suivent pas les chiffres. A contrario, un nombre de commentaires étrangement élevé n’est pas de bon augure non plus, à l’image des followers, les interactions peuvent elles aussi s’acheter par pack. Attention aux commentaires très génériques également du type « super » ou « génial » pouvant révéler par leur simplicité un achat de commentaires.
- Faire ami-ami. Un youtubeur renommé comme Squeezie a de grandes chances d’avoir dans sa liste d’amis des personnes de son milieu à l’image de Natoo ou encore Cyprien. Logique. Soyez donc vigilant sur le carnet d’adresses, les abonnés de votre influenceur.
- Apprendre à suivre les bonnes personnes. Tout n’est pas rose. Des propos nuancés d’un influenceur sur un produit ou une marque ou bien des partenariats plus restreints et bien choisis en fonction de sa communauté sont les gages d’une influence de qualité. Une marche à suivre : test, sérieux et prospection !
Les initiatives à retenir pour suivre la bonne influence :
Des outils pour trouver des influenceurs correspondant réellement à vos attentes, votre univers et proposant des contenus de qualité : “Stellar”, un catalogue de plus de 10 millions d’influenceurs et un formulaire pour découvrir les personnalité qui vous intéressent; “HypeAuditor”, trouver un influenceur selon plusieur critères; âge, domaine de l’influenceur, localisation, type d’audience …
Repérer les faux influenceurs à travers de multiples outils : compte avec certification, nombre de commentaires, réseaux d’abonnés…
- L’association Génération Numérique : “une ressource complémentaire à l’Education nationale et à l’éducation familiale en proposant des interventions de prévention, d’information et de vulgarisation aux usages du numérique”.
L’association E-enfance: une source d’informations sur le sujet et une plateforme d’échange pour une mise en contact avec un éventuel professionnel du domaine. Numéro gratuit et confidentiel : 30 18
- Gérer son temps sur les réseaux sociaux : Facebook et Instagram vous permettent désormais de mettre une limite au temps passé sur ces plateformes. 1 heure, 4 heures, 8 heures… Une alerte vous sera envoyée lorsque vous l’aurez atteinte.
- Enfin, n’hésitez pas à ouvrir un dialogue bienveillant avec votre enfant pour connaître ses sources d’inspiration et les influenceurs qu’il admire. Une manière simple et efficace de discerner d’éventuels dangers, d’en discuter et de trouver des solutions.