Face à des contenus pouvant heurter la sensibilité des plus jeunes, de nombreuses plateformes ont décidé de serrer les vis pour leurs jeunes utilisateurs en lançant leurs versions “Kids” à l’image d’Instagram. Mais cela va-t-il vraiment apporter un numérique plus sûr à nos rejetons ? Prudence.
Après YouTube Kids ou encore Messenger Kids, c’est au tour du mastodonte des réseaux sociaux, Instagram, de lancer son chantier pour la construction d’une version de sa plateforme adaptée aux 6-12 ans. Des travaux colossaux face à des utilisateurs de plus en plus jeunes et déjà accros aux filtres Snapchat et aux vidéos TikTok, et qui pourraient être tentés de mettre un pied dans le monde des grands d’Instagram. À terme, il s’agira donc de proposer une version du réseau flambant neuve, configurée pour les plus petits, mais surtout contrôlée par les parents. Pas sûr que ce dernier point ravisse nos marmots en quête de liberté !
7 ans l’âge de raison, 13 ans l’âge de faire comme les grands sur Internet ? Dans les faits pourtant, beaucoup d’enfants n’attendent pas d’avoir atteint la « majorité » requise sur ces réseaux sociaux pour ouvrir un compte. Et c’est bien là le nerf de la guerre. Un hic que reconnaît et partage d’ailleurs la plateforme Instagram : « Si de nombreuses personnes sont honnêtes quant à leur âge, nous savons que les jeunes peuvent mentir sur leur date de naissance. Nous voulons faire plus pour empêcher que cela ne se produise, mais la vérification de l’âge des personnes en ligne est complexe et c’est un problème auquel beaucoup de personnes dans notre secteur sont confrontées ».
Instagram for kids : la fausse bonne idée https://t.co/vSJ6cYHlFCpic.twitter.com/fNatupEM0i
— ELLE (@ELLEfrance) April 4, 2021
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Patience mon enfant
C’est indéniable, nos enfants sont de plus à l’aise avec la technologie. Souvent biberonnés dès le plus jeune âge par le numérique, on pourrait croire que leur maturité à utiliser des plateformes telles qu’Instagram serait atteinte avant l’âge de 13 ans, à tort…
Et pourtant, le palier à 13 ans n’a pas été choisi sans raison. Ce dernier est considéré comme l’âge où un enfant se trouve en mesure d’avoir le recul nécessaire vis-à-vis de commentaires, d’images ou de vidéos publiés. Une estimation approximative du sens critique certes, mais sur lequel s’accorde un bon nombre d’experts qui avaient d’ailleurs mis le holà à l’arrivée de Messenger Kids : « Les jeunes enfants ne sont tout simplement pas prêts à avoir des comptes sur les réseaux sociaux. Ils ne sont pas assez âgés pour s’y retrouver dans la complexité des relations en ligne, qui sont souvent à l’origine de malentendus et de conflits, même chez les utilisateurs plus matures. Ils n’ont pas non plus une compréhension complète de la vie privée, notamment de ce qu’il est approprié de partager avec d’autres et de qui a accès à leurs conversations, photos et vidéos ».
Malgré le top départ à venir d’une version « jeune » d’Instagram avec une volonté de surveiller plus attentivement l’entrée des moins de 13 ans sur la plateforme, par le biais notamment de « l’apprentissage automatique », une méthode utilisée avec l’intelligence artificielle pour évaluer approximativement l’âge d’un enfant, les moins de 13 ans pourraient néanmoins passer entre les mailles du filet . Mais l’important n’est pas de réprimander un petit qui tenterait de s’inscrire sur les réseaux sociaux, mais d’en discuter avec lui. Pourquoi ressent-il le besoin de s’inscrire sur Instagram ? Est-il au courant des dangers qu’il peut encourir sur le Web comme le harcèlement, le phishing, ou encore l’usurpation d’identité ? Un maître-mot : le dialogue !
Faire passer la pilule du contrôle parental
Si malgré les discussions, la fièvre des réseaux sociaux semblent déjà avoir atteint votre enfant et notamment votre pré-ado, vous pouvez lui proposer l’alternative du contrôle parental comme souhaite le mettre en place Instagram. Attention, il ne s’agit pas ici de jouer l’œil de Moscou mais de faire comprendre à l’enfant tout l’intérêt d’un tel contrôle : « Ma fille a commencé à désirer un compte en CM2. Ses amies un peu plus âgées qu’elle fréquente à la gym avaient un compte. J’ai accepté qu’elle gère son compte à son entrée en sixième, sous ma grande surveillance. Son compte est pour l’instant privé et chaque invitation est soumise à un contrôle. On privilégie ainsi uniquement les enfants de son âge et les comptes qui peuvent avoir un lien avec ses passions », explique l’influenceuse Aurélie Malau à Magicmaman. Vous l’aurez compris, le regard éclairé d’un adulte reste indispensable.
Après avoir instauré un climat de confiance, voici les solutions de protection que vous pouvez proposer à votre enfant. Même s’il n’existe donc pas encore de contrôle parental proprement rattaché à Instagram, quelques astuces peuvent vous aider vous et votre progéniture à assurer une meilleure protection de son compte et de sa personne par la même occasion.
Aidez-le par exemple à choisir un mot de passe solide et faites-lui comprendre que ce dernier doit être réservé à un strict usage individuel et qu’il ne doit pas le divulguer aux copains et aux copines pour éviter les mauvaises surprises. Vous pouvez ensuite régler sur-mesure la confidentialité de son compte Instagram de manière simple. Allez simplement dans « Paramètre » > « Confidentialité » > placez le curseur vers la droite pour passer en mode privé, ainsi les photos, stories, et posts de votre enfant seront uniquement visibles par ses abonnés.
Instagram vous donne également la possibilité de restreindre les commentaires sous les posts d’un compte. Il vous suffit de vous rendre dans « Confidentialité » > « Commentaires » puis de placer un contrôle en bloquant les commentaires d’une personne dont vous avez bloqué le compte auparavant. Vous pouvez également placer un système de « filtre » sur les commentaires reçus par votre enfant en décidant par exemple de masquer automatiquement ceux jugés insultants et pouvant apparaître dans ses publications, stories, reels et vidéos en direct. Libre à vous également d’opter pour un filtre manuel en masquant certains mots ou expressions que vous aurez vous-même indiqués.
Mais encore une fois, il est important de rappeler que ce contrôle parental n’est pas infaillible !
Trouver des alternatives à Instagram
Pour répondre à l’appétit grandissant de nos enfants pour les médias sociaux, certaines plateformes ont décidé de créer de réels substituts aux réseaux sociaux traditionnels. De nouveaux espaces d’échanges notamment pensés pour les plus jeunes en leur offrant un accès à une communauté bienveillante. Cela permet ainsi un développement social de l’enfant sans parasite grâce à des fonctionnalités modelées autour de jeux pédagogiques par exemple.
Un grand nombre d’applications de ce genre est d’ailleurs en train d’émerger. Pour les 8 ans et plus, l’application américaine Spotlite permet par exemple à l’enfant d’apprendre le b. a.-ba de l’interaction en ligne en lui enseignant notamment l’art de poster des choses positives en le récompensant par exemple, s’il a laissé un commentaire bienveillant. Côté francophone, l’application Smala partage cette vision en proposant aux plus jeunes un premier réseau social entièrement dédié aux proches et au cercle familial. Photos, messages, dessins… Smala permet à votre enfant de tenir un véritable journal de bord connecté, parfait pour rester en contact avec ses proches durant cette période sanitaire compliquée. Une liberté encadrée par une grande sécurité et l’absence totale de polluants extérieurs : aucun liens indésirables ni publicités. Loin des yeux mais prêt du cœur en toute sécurité !