Sexting, nudes, vidéos érotiques … Quand les jeux des premières amours sont exposés au grand jour, la romance se transforme en cauchemar. Face à un "revenge porn” ébréchant la confiance d’une nouvelle génération, comment réagir ?
Temps de lecture : 5 minutes
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En 2017, le phénomène “13 Why” met le doigt sur une forme de harcèlement propre à la jeune génération. D’une triste pertinence, l’histoire d’Hannah Backer illustre comment des rumeurs et des contenus intimes diffusés en public peuvent mener un adolescent jusqu’à l’impensable. La série s’articule autour de la lettre de suicide de la jeune femme qui met en cause l’implication d’un membre de son entourage dans son funeste destin.
Un détail essentiel pour comprendre un des aspects les plus délicats du revenge porn : ce dernier est le plus souvent commis par un proche, notamment un(e) ex petit(e) ami(e) ; ce lien étroit rendant ardue la dénonciation et mettant en porte-à-faux le principe de consentement.
Le Revenge Porn : un phénomène qui fait de nombreuses victimes…
Léa est une adolescente. Elle venait de se séparer de son copain après 3 ans de relation. Une rancune puérile dont l’écho s’est fait entendre des mois durant.
Et derrière ce “corbeau”, se cachait en réalité un très bon ami de Léa….
Un phénomène qui est loin d’être isolé. En 2019, le ministère de l’Intérieur a enregistré 10,73 % de plaintes supplémentaires par rapport à l’année précédente concernant les cas de revenge porn.
Bien qu’il ne s’agisse pas de condamner l’usage des technologies, une utilisation plus contrôlée, éduquée et responsable de ces nouveaux moyens de communication éviterait pourtant d’en arriver là.
Ce que dit la loi pour protéger du revenge porn
Face à la confiance ébranlée de beaucoup de jeunes, depuis 2016 la volonté du gouvernement à prendre part à la lutte contre cette forme de harcèlement prend enfin corps juridiquement. Sexting et images compromettantes divulguées à tout va se trouvent freinées par l’article 226-2-1 du code pénal :
Lorsque les délits prévus aux articles 226-1 et 226-2 portent sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel prises dans un lieu public ou privé, les peines sont portées à deux ans d’emprisonnement et à 60 000 € d’amende.
Et ce qui bloquait jusqu’alors dans la condamnation du revenge porn commence petit à petit à se dégeler. «
Est puni des mêmes peines le fait, en l’absence d’accord de la personne pour la diffusion, de porter à la connaissance du public ou d’un tiers tout enregistrement ou tout document portant sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel, obtenu, avec le consentement exprès ou présumé de la personne ou par elle-même, à l’aide de l’un des actes prévus à l’article 226-1.
Autre point non négligeable, l’âge de l’auteur de l’enregistrement de l’image ou des textes n’a pas d’incidence sur son acte, ce qui veut dire que ce délit peut être reproché à une personne mineure. Une aubaine pour un phénomène majoritairement jeune.
Victimes de revenge porn : l’importance d’être écouté par ses parents
Pour les victimes ou les témoins de ces lynchages à caractère sexuel, un mot d’ordre : l’écoute.
Parents, il est important de ne pas mettre le blâme sur votre ado en évoquant la maladresse ou l’imprudence de ce dernier à avoir partagé des contenus intimes avec une personne dont la relation semblait solide. Pour la victime, il est important de se sentir épaulée et de prendre conscience qu’il existe aujourd’hui des recours pénaux face à cette situation (pourquoi pas en avertir l’agresseur si ce dernier en est au stade de la menace pour l’en dissuader).
Que faire si je suis victime de revenge porn ?
- Garder une preuve
- Appeler le 3020 ou le 3018 (quand les photos sont relayées en ligne)
- Signaler le contenu (Comment signaler sur Instagram, Facebook, Snapchat, Youtube)
- Signaler le contenu sur le dispositif du ministère de l’intérieur sur Pharos
- Aller sur le formulaire de droit à l’oubli des moteurs de recherche comme Google et Microsoft, permettant à toute personne de demander le retrait de certains résultats de recherche la concernant, lorsque son nom y est associé.
- Porter plainte directement à la gendarmerie ou en ligne. Pour plus de discrétion, il est désormais possible d’effectuer ce signalement par chat.
- En parler à un proche (un ami, une personne de ta famille…) et/ou à un professionnel de santé (médecin traitant, psychologue…).
Les réseaux sociaux s’engagent contre le revenge porn
Principaux “transmetteurs” de ces contenus compromettants, les réseaux sociaux commencent à renforcer leurs solutions
Exemple, lorsqu’une photo est publiée sans autorisation sur Facebook, Messenger ou Instagram, il est possible de signaler cet acte de manière simplifiée grâce à la technologie du “photo-matching” utilisée pour bloquer instantanément une image.
Comment ça marche ? A l’aide d’un algorithme intelligent, il est possible de reconnaître les images signalées par les utilisateurs ou déjà interdites par le réseau social et d’éviter ainsi automatiquement le partage de ces dernières et la traînée de poudre s’en suivant.
De quoi mettre des bâtons dans les roues aux esprits malveillants !
Les ressources
Internet fournit un bon nombre d’outils pour prévenir et/ou réagir face à une telle situation
La plateforme Commentonsaime est un formidable refuge créé par des jeunes pour les jeunes dans l’optique de discuter des relations amoureuses sous toutes leurs coutures: connaître les limites à une relation saine, faire valoir ses droits, trouver du soutien auprès d’un professionnel … Ici, aucun tabou !
Depuis 2009, la plateforme d’harmonisation, d’analyse, de regroupement et d’orientation des signalements (Pharos), qui épaule la justice dans son combat contre la criminalité 2.0. Un outil simple à disposition de tous les citoyens afin de faire retirer en urgence les contenus concernés. Pour signaler tout comportement, propos ou images portant atteinte à l’intégrité de votre ado, il vous suffit de cliquer sur le bouton “signaler”, voyant rouge au milieu de la page d’accueil de Pharos. A savoir également que vous pouvez effectuer un signalement de manière anonyme ou non.
- Appeler le numéro vert « non au harcèlement » au 3020. Et quand les violences ont lieu sur Internet…
- Appeler le 3018 , numéro gratuit et confidentiel opéré par l’association e-Enfance. Ligne dédiée à la lutte contre cyber-harcèlement pour parler du cas de revenge porn.
- Accessible uniquement aux personnes majeures, le site StopNCII.org permet de prévenir et de supprimer la publication de photos compromettantes sur Facebook et Instagram.
- Trouver de l’aide et des conseils auprès de collectifs spécialement tournés vers la question. On vous conseille vivement le collectif StopFisha ou encore turnoff.revenge.
- Prendre la parole. Victimes ou parents témoins n’hésitez pas à entamer le dialogue. L’isolement est la pire des réactions, en parler sans honte c’est trouver au plus vite les multiples solutions à votre disposition et ainsi faire taire ce harcèlement des plus pénibles. Vous n’êtes pas seul(e) !