Ils ont moins de 25 ans et n’ont pas connu le monde sans numérique. La Génération Z s’arme d’un vocabulaire nouveau à la croisée des réseaux sociaux, du jeu vidéo et de l’actualité. Libérés du carcan des dictionnaires, focus sur ces néologismes d’un jour ou de toujours.
Temps de lecture : 4 minutes
Neurchi : à la recherche de la pépite du Net
Nom masculin
Apparition du néologisme : 2016
Potentiel de pérennité : élevé
Le web, cette grande toile sans fin, fait le bonheur de tous les curieux. Mèmes – ces photos accompagnées d’un texte ayant pour but de faire rire – commentaires par milliards ou encore GIFs, les reliques du Net sont nombreuses et ont leurs propres aficionados : les neurchis. Pour comprendre ce néologisme, il vous suffit de prendre le mot par son extrémité, ce qui vous donne alors « chineur ». Ces « chercheurs d’or » creusent donc de fond en comble l’Internet pour y trouver les plus belles pépites afin de les exposer à travers des groupes Facebook. Un hobby d’un nouveau genre qui a de quoi surprendre, on vous l’accorde !
#Tanguy sur #Neurchi d’ #OSS117pic.twitter.com/RCymH5bUVh
— Neurchi (@neurchi2_memes) September 30, 2019
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Neurchi de « trébuchets », « psychologie de bar PMU », « complots »… Les neurchis chinent depuis 2016 sur les réseaux sociaux des images, photos, vidéos relatives à des sujets spécifiques, voire très spécifiques. Pour rejoindre un groupe de neurchis qui vous fait de l’œil, il vous suffit de faire une demande d’adhésion comme pour un groupe Facebook classique et de répondre à quelques questions dont les réponses seront soumises aux modérateurs. La confidentialité de ces groupes a l’avantage de sécuriser ces espaces d’échanges et de bloquer les fauteurs de troubles. En effet, pour rester membre d’un groupe de neurchis il faudra veiller à respecter certaines règles comme celle de l’interdiction des « tags sauvages », c’est-à-dire le fait de mentionner en commentaire un autre utilisateur sans réellement commenter la publication. Prêts pour l’exploration ?
Performative activism : pour la bonne cause ou pour les likes ?
Nom masculin
Apparition du néologisme : 2012
Potentiel de pérennité : élevé
Depuis quelques années maintenant, un phénomène social s’est largement inscrit sur les réseaux sociaux. Ces espaces de partage plutôt à vocation divertissante initialement se convertissent en de véritables tribunes pour défendre d’honorables causes et dénoncer les injustices de la société. #blacklivesmatters, #balancetonporc : les hashtags mobilisent une importante communauté connectée. Mais quand ces vignettes bien intentionnées se transforment en outils pour embellir son profil et gagner des abonnés, on parle alors de performative activism à traduire par « activisme performatif ». Vous l’aurez compris, la performance au détriment de la réelle bonne intention.
L’influence et l’activisme performatif décrypté par @MelnyMendelhttps://t.co/jtPj7keUKw
— melody___t (@melody___t) June 11, 2020
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Ce comportement douteux a été observé la première fois outre-atlantique en 2012 mais s’est réellement fait remarqué en 2020 à la mort de George Floyd, quand les internautes ont massivement posté des carrés de couleur noir sur leurs murs Instagram pour apporter un soutien symbolique. Soutien parfois utilisé à outrance et sans vraiment de sens par certains influenceurs pour faire grimper les « j’aime ».
« Il faut distinguer l’engagement 2.0 du militantisme lié à une action collective. Il peut certes y avoir une forme de militantisme dans les blogosphères politiques par exemple, qui se fait en vue d’une action collective, mais lorsque l’on exprime son point de vue par rapport à une cause, ce n’est pas du militantisme : c’est une forme d’engagement individuel. C’est aussi parfois une question de tendance : on peut alors parler d’influenceurs influencés par l’air du temps. C’est du marketing de soi, ce n’est pas politique », décrypte la sociologueJosiane Jouët au micro de France Culture à propos de l’activisme sur des réseaux comme Instagram, royaume du paraître.
Vaxxie : souriez, vous êtes vacciné
Nom masculin
Apparition du néologisme : 2021
Potentiel de pérennité : faible
Du sourire malicieux de Joe Biden en passant par le bras sans chemise d’Olivier Véran devenu viral sur les réseaux, la photo de l’acte de vaccination est devenue un véritable phénomène si bien que vaxxie s’inscrit comme le tout premier néologisme de l’année 2021. Ce mot-valise, rejeton de la pandémie s’est formé avec la contraction de « vaccin » et de « selfie ». Tout sourire avec l’aiguille sur l’épaule, ce sont d’abord les politiques et les soignants qui ont lancé la mode de ces clichés avant d’être suivis par de nombreuses célébrités et anonymes.
Alors même si une large partie de la population commence à afficher une envie moins timide, la vaccination n’est pas une partie de plaisir pour tout le monde et les vaxxies souhaitent faire passer la pilule ou plutôt la seringue plus facilement à travers ces images positives. Pas sûr pourtant qu’après l’épidémie mondiale la population continue à faire fonctionner ses zygomatiques pour toutes les piqûres à venir.