3018 : le numéro et l'appli pour les jeunes victimes de violences numériques

Cyberviolences, cyberharcèlement : phénomènes massifs et parfois banalisés, avec des agresseurs qui invoquent souvent la plaisanterie.

Publié le : 25-10-2022

Temps de lecture : 5 minutes

Dans le cadre de sa démarche autour de la protection des enfants, Orange est partenaire depuis de nombreuses années de l’Association e-Enfance, encourageant ainsi le dialogue, chez les jeunes confrontés à des difficultés dans leurs usages numériques. Orange soutient depuis sa création en 2021, le 3018, le numéro court national pour les jeunes victimes de violences numériques. Orange apporte également son soutien technologique et humain au développement de l’application 3018 lancée cette année par l’Association e-Enfance et le gouvernement afin de faciliter les signalements et s’adapter aux usages des jeunes.

Un numéro pour toutes et tous !

Gratuit, anonyme et confidentiel, le 3018 est accessible par téléphone 6 jours sur 7 de 09h à 20h, pour les enfants, les ados ou les parents qui ont besoin d’être accompagnés sur les problématiques liées aux usages numériques. Le 3018 est aussi disponible par tchat via Messenger ou WhatsApp. Téléchargeable sur tous les smartphones (iOS ou Android), l’application 3018 quant à elle, propose 4 fonctions clés :
  • Une prise de contact instantanée au travers d’un tchat avec un professionnel du 3018, ainsi que le contact direct au numéro national 3018 ;
  • Le stockage des preuves du harcèlement vécu (captures d’écran, photos, liens url, etc.) dans un coffre-fort numérique et sécurisé, ainsi que la possibilité de transférer tout ou partie de ces preuves aux équipes 3018 ;
  • Un accès rapide à des fiches pratiques sur le cyberharcèlement pour s’informer sur ses droits et savoir comment réagir ;
  • L’auto-évaluation de sa situation à l’aide d’un questionnaire, pour encourager la victime à demander de l’aide.

Suppression de comptes et de contenus

Le 3018 dispose de procédures de signalement accélérées pour faire supprimer les comptes ou les contenus en quelques heures sur les réseaux. Il est le partenaire du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, de la plateforme PHAROS et du 119-Enfance en danger pour réaliser des signalements prioritaires. Il conseille les victimes dans leurs démarches pour porter plainte le cas échéant. Avec l’accord de l’appelant, les signalements faits auprès du 3018 seront transmis aux référents harcèlement académiques pour assurer un suivi immédiat de la situation au sein de l’établissement scolaire.

Des « blagues » loin d’être drôles

Souvent, ils parlent de blagues, de trucs faits  « juste pour rigoler ». Ils ne voient pas bien à quel moment c’est devenu grave. Claire continue à parler de « fun ». Elle a pourtant été exclue l’an passé de son lycée parisien pour avoir créé un compte Instagram acide, plein de moqueries, d’insinuations et détournements humiliants. Elle y poursuivait quelques filles en particulier, de rumeurs en photomontages. L’une des victimes a fini par craquer. Une fois le proviseur informé, tout a été très vite. Elle a depuis rejoint un autre lycée pour suivre sa terminale et commence tout juste à comprendre le mal fait. 

« C’est souvent sur un compte Instagram dont le nom commence par Gossip (potins) ou Crush (coup de coeur) associé au nom du lycée ou collège que se lancent les rumeurs », explique Jasmine, une élève en première à Janson de Sailly. « En général, ce sont juste des vannes, mais il y a aussi des noms lâchés pour faire rire ».

Si tout le monde peut être visé, certaines cibles reviennent plus souvent. Et cela ouvre parfois des phénomènes collectifs. « Dans la classe, ils ont détourné une photo de Chloé. C’est vite devenu obscène. Et ils l’ont postée dans le groupe WhatsApp de la classe. Là, elle a craqué. Et j’ai pour la première fois réalisé que c’était peut être de la non assistance à personne en danger que d’avoir laissé faire », se désole Jasmine. 

À force de s’abriter derrière l’idée que c’était juste du LOL, rien de grave, beaucoup des harceleurs nient leur responsabilité. «

Comme il n’y a pas d’interaction physique entre la victime et l’agresseur, ce dernier ne développe pas d’empathie pour sa proie. On appelle cela « l’effet cockpit », comme les pilotes d’avions de chasse, qui larguaient des bombes sans jamais voir les dégâts produits pendant la Seconde Guerre mondiale », explique Catherine Blaya, chercheuse qui étudie les phénomènes de cyberviolence, interrogée par Le Point.

Un phénomène de bouc émissaire amplifié par les réseaux et les messageries

Presque un collégien sur deux dit avoir déjà subi des cyber-violences entre 12 et 14 ans selon l’Education nationale. Un chiffre fou. Et un jeune sur 10 de façon plus prononcée, selon Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale.

L’ampleur du phénomène s’explique en partie par ce harcèlement à bas bruit. Diffus. Fait de petits messages. Avec quelques meneurs et beaucoup de suiveurs. Chacun a l’impression de n’avoir rien fait de grave. Et le silence de la victime. 

De ceux qui laissent faire. Le silence de celui qui subit. Qui s’enferme et culpabilise.

« Dans 90 % des cas, les jeunes connaissent ou soupçonnent l’origine de l’attaque mais n’alertent pas leur entourage », selon e-Enfance. Or c’est le premier pas indispensable, qui s’avère souvent décisif pour faire cesser la pression. « Le harcèlement, si on n’en parle pas, ça ne s’arrête pas », répètent les intervenants.

Pour les parents, les premiers signes de renfermement doivent alerter. Le manque d’élan, le décrochage scolaire, la paranoïa, autant de manifestations de mal-être qui peuvent témoigner de cyber-harcèlement, selon Justine Atlan, Directrice générale de l’Association e-Enfance. Tout changement d’attitude doit donner l’alerte…

À retenir pour stopper tout début de harcèlement

  • En parler à une personne de confiance, le silence laisse la violence s’installer
  • Ne plus répondre, couper le contact avec la personne et la bloquer. Faire des captures d’écran.
  • Ne pas cautionner quand vous êtes témoin. Le rire s’arrête là où commence la souffrance d’autrui.
  • Téléphoner au 3018, numéro court national pour les jeunes victimes de violences numériques.

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