Tuto : se transformer en Sherlock de la vérification d'image

Devenez un pro pour savoir si une photo est vraie ou fausse.

Publié le : 30/10/2020

se transformer en Sherlock de la vérification d'image
Photo by Marten Newhall on Unsplash

Temps de lecture : 3 minutes

Un requin sur une route inondée au Texas, des dauphins dans le port de Hyères pendant le confinement… Elémentaire, mon cher Watson ? Pas du tout ! Et même complètement fake. Ces histoires sont belles et donnent envie de les partager. C’est leur but.

Lorsque l’on navigue sur Internet, on peut être confronté à de fausses images, sans le savoir, et les partager en toute innocence. « Les photos et les vidéos sont une façon incroyable d’aider les gens à comprendre ce qui se passe dans le monde. Mais le pouvoir des contenus visuels a ses écueils, comme l’origine, l’authenticité ou le contexte d’une image », explique Harris Cohen, directeur produit chez Google, dans le billet de blog. Alors, face au problème de photos détournées, le moteur de recherche a annoncé le 22 juin la mise en place d’un label signalant à l’internaute l’existence d’un fact checking.

Photo de requin fake news
Crédit photo : Google

Face à la montée en puissance des fake news, les médias sont de plus en plus nombreux a proposer leur service de vérification de l’info, comme vraie ou fake sur France Info, les Décodeurs du Monde et Checknews chez Libération. Mais chacun peut, sans être journaliste, se poser les bonnes questions pour éviter de tomber dans le panneau. On fait le point.

30 secondes avant d’y croire

Vous êtes comme Saint Thomas, l’apôtre qui ne croit que ce qu’il voit ? Oui, mais Saint Thomas n’avait pas Internet. Donc aujourd’hui, plus question de croire ce que vous voyez au premier coup d’œil.

Trois questions à se poser, avant même de procéder à toute manipulation :

1. Qui est l’auteur ?

Qui a pris cette photo ? Est-ce un de vos amis sur ses réseaux ? Est-ce un photographe connu, un média reconnu ?

Si vous n’êtes pas sûr du sérieux d’un site, Le Monde a mis en ligne « Le Décodex », sorte de répertoire de sites sérieux ou non. Par exemple, si vous tapez Le Gorafi, le Décodex indique : « Le Gorafi est un site satirique créé en 2012 qui parodie les sites d’informations français.

 

Si vous avez un doute, deux manip’ simples pour vérifier l’origine d’une image :

Clic droit sur l’image puis « Enregistrer sous » ou clic droit puis « Copier l’adresse de l’image » et rendez-vous sur Google Images. Importez ou copiez-collez le lien de l’image. Tombez en un clic sur un site qui a déjà publié la photo.

Par exemple, après vérification, cette photo n’est pas « vraie ». Aucun avion n’a été retrouvé en forêt. Il s’agit en fait du travail de photomontage de l’artiste visuel Demas Rusli.

 

Demas RusliBali, Indonesia

Publiée par Architecture & Design sur Samedi 5 janvier 2019

2. Où cette photo a-t-elle été prise ?

Si le lieu n’est pas indiqué, méfiez-vous. C’est ainsi que pendant le confinement, des dauphins ont soit-disant été vus en train de nager dans le port de Hyères. Sauf qu’une simple petite recherche sur Google Maps, Earth et Street View suffisait à comprendre que le port montré diffère de celui de Hyères. De là à apercevoir des baleines dans la Seine pour le 14 juillet… il n’y a qu’un pas.

Revenons à notre requin de Houston, star d’Internet à chaque nouvelle inondation. La chaîne américaine ABC news a diffusé dans son émission grand public Good Morning America les images du squale. L’animal nage en fait tranquillement dans des eaux turquoise et sur le papier glacé de National Geographic. Il a été photoshopé et dupliqué pour faire croire à sa présence au Texas.

De nombreux outils existent pour vérifier la géolocalisation d’une photo comme Picodash, IFTTT et aussi le moteur de recherche avancé de Twitter. Attention toutefois, une image reçue par mail peut être postée sur Twitter, ce qui brouille les données de géolocalisation.

3. Quelle est la date à laquelle a été prise la photo ?

Pour aller plus loin, certains outils analysent les métadonnées pour extraire la date et l’heure de la prise de vue par exemple, et même des données de géolocalisation. Comme Jeffrey’s Exif viewer. Cette méthode fonctionne surtout pour les photos envoyées par mail ou WeTransfer. Lorsqu’elles sont publiées sur les réseaux, les photos perdent ces métadonnées.

De nombreux outils existent pour vous aider. L’un des plus simples, la recherche inversée sur Google Images (voir plus haut). Mais même Google n’est pas infaillible et il peut arriver que vous ne retrouviez pas une photo. D’où l’intérêt de compléter avec d’autres outils, comme TinEye, qui référence plus de 40 milliards d’images.

Des applis existent aussi (en anglais pour la plupart) pour authentifier des images depuis son smartphone. Comme Veracity ou Reversee, où il suffit d’uploader une image ou de la prendre en photo depuis l’interface pour identifier une photo.

Et pour les vidéos ?

L’outil Youtube Data Viewer, développé par Amnesty International, indique la date de publication lorsqu’on copie-colle l’url dans la barre de recherche.

On résume :

Avant d’en croire ses yeux lorsqu’on voit une image sur Internet, on respire au moins trois fois, et on vérifie : qui a pris la photo, quand et où.

On n’hésite pas à passer l’image à la moulinette grâce aux outils appropriés.

Et on se souvient surtout que manipuler une image est devenue simple, on reste vigilent.

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