Généalogie : ce que je dois savoir avant de me lancer sur Internet

Enquêter sur ses origines, pratique que vous êtes toujours plus nombreux à partager, devient plus accessible avec l’essor des archives numérisées et des projets innovants comme Socface, basés sur l’IA. Cela soulève aussi d’importants défis en matière de confidentialité et de sécurité des données personnelles. Explications.

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Temps de lecture : 3 minutes

Alors que l’intelligence artificielle accélère la numérisation des bases de données de recensement de la population française, vous êtes toujours plus nombreux à vous connecter aux sites de recherche généalogique. Entre innovations et bonnes pratiques, on fait le point. 

Le projet Socface : une révolution pour la généalogie française

Le projet Socface, mené par l’Institut national d’études démographiques (INED) et ses partenaires, vise à exploiter l’IA pour transcrire automatiquement l’ensemble des recensements de la population française de 1836 à 1936. Ce travail colossal permettra de constituer une base de données inédite, accessible au grand public, regroupant des centaines de millions d’enregistrements nominaux. Socface facilitera ainsi la recherche généalogique à grande échelle, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour l’étude des évolutions sociales et économiques françaises.

La base de données sera disponible en accès libre dès 2026, offrant à chacun la possibilité d’explorer l’histoire de ses ancêtres sans avoir à déchiffrer des écritures manuscrites anciennes.

En attendant 2026, vous pouvez vous connecter sur un large choix de sites dédiés à la recherche généalogique. Mais avant de vous lancer tête baissée dans la création de votre arbre généalogique, prenez le temps de comprendre les enjeux liés à la confidentialité et à la fiabilité de ces sites spécialisés. Voici un petit guide pour adopter les bons réflexes et protéger vos données personnelles.

Confidentialité et protection des données : des règles strictes

Cadre légal et RGPD

La généalogie en ligne est strictement encadrée par la législation française et européenne. Le Règlement général sur la protection des données (RGPD) impose des obligations précises : consentement explicite des personnes vivantes, droit à l’oubli, sécurisation des données et limitation de la diffusion des informations personnelles. La loi sur les archives prévoit également des délais d’accès aux documents d’état civil (75 ans pour les naissances et mariages, 25 ans pour les décès), afin de protéger la vie privée des individus tout en permettant la recherche historique.

Responsabilité des utilisateurs

Lorsque vous publiez un arbre généalogique en ligne, il est de votre responsabilité de masquer les informations concernant les personnes vivantes ou d’obtenir leur consentement explicite avant toute publication. Les plateformes comme Geneanet ou Ancestry proposent des paramètres de confidentialité permettant de rendre un arbre privé ou public, mais il appartient à chaque utilisateur de les configurer correctement. En cas de demande, toute personne a le droit d’exiger la suppression immédiate de ses données personnelles figurant sur un arbre en ligne.

Risques spécifiques aux tests ADN

L’engouement pour les tests génétiques à visée généalogique expose à des risques accrus : les données ADN sont hautement sensibles et, en cas de fuite ou d’utilisation malveillante, peuvent entraîner des discriminations ou des atteintes irréversibles à la vie privée. Contrairement à un mot de passe, l’ADN ne peut pas être changé, ce qui renforce la nécessité d’une vigilance extrême lors de l’utilisation de ces services.

Sécurité : vigilance et bonnes pratiques

Les sites de généalogie mettent en place des dispositifs de sécurité, mais aucune plateforme n’est à l’abri d’une faille ou d’une erreur de paramétrage. Il est donc recommandé de :

  • Privilégier les arbres privés ou non indexés, surtout pour les informations sur les contemporains.
  • Limiter la diffusion des données personnelles et éviter de publier des détails sensibles (adresses, dates de naissance complètes, etc.) concernant des personnes vivantes.
  • Informer et obtenir le consentement des membres de la famille concernés par la publication de données les concernant.
  • Utiliser des mots de passe robustes et ne pas réutiliser ceux d’autres services.

Droit à l’oubli et recours

Toute personne figurant dans un arbre généalogique en ligne peut demander la suppression de ses données, sans avoir à se justifier. Le propriétaire de l’arbre doit alors s’exécuter rapidement, sous peine de sanctions. Les plateformes peuvent aussi intervenir en cas de litige, mais la responsabilité première incombe à l’utilisateur qui publie les données.

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