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Disponible en Europe depuis le 20 mars dernier, cet assistant virtuel s’intègre progressivement au sein des services du groupe et son développement repose en partie sur l’analyse des contenus générés sur les plateformes Facebook, Instagram, Messenger et Thread.
Meta IA : ça consiste en quoi ?



Le robot conversationnel installé par défaut sur les réseaux de Meta (la société mère de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger), repose sur le modèle de langage Llama 3 et fonctionne comme ChatGPT, permettant aux utilisateurs d’interagir en langage naturel pour obtenir des informations, des conseils, des suggestions, etc. Mais à la différence du chatbot d’Open IA, celui de Meta est directement intégré dans ses principales applications de messagerie : il est donc possible d'interagir avec l’IA sans quitter l’application, que ce soit en conversation individuelle ou en groupe.
Comment ça marche ?
Lorsque vous “rentrez dans le cercle”, vous arrivez directement sur une interface de messagerie basique, similaire à une discussion lambda dans une messagerie privée. Il s’agit ici de demander des conseils concrets auxquels l’IA de Meta peut fournir des réponses automatisées quel que soit le contexte. Par exemple : quelle est la meilleure boulangerie de votre quartier ? A quelle heure est le prochain avion pour passer le week-end à Rome ou quel temps fera-t-il demain ? Lorsque les questions vous concernent, Meta AI devient plus prudent et en précisant qu’elle ne s’appuie que sur ce que vous lui envoyez explicitement dans le chat. Rassurez-vous donc, cet agent conversationnel ne lit pas vos conversations privées ni ne puise dans vos échanges personnels pour personnaliser ses réponses. Si tel est votre souhait, c’est à vous de fournir des informations vous concernant en le mentionnant dans vos conversations par exemple.



L’IA est spécifiquement pensée pour être utilisée sur mobile, avec un seul champ de saisie : n’espérez donc pas lui soumettre un document ou une photographie pour analyse par exemple. Idem pour le mode vocal, indisponible pour le moment.
Enfin, gardez en tête que Meta AI peut halluciner : les réponses données peuvent être fallacieuses et incohérentes. “Les messages peuvent être inexacts ou inappropriés”, peut-on lire dans la section “Exactitude” en cliquant sur petit “i” d’informations.
Comment sont utilisées mes données ?
De votre dernière photo ultra stylée publiée sur Instagram au commentaire d’encouragement laissé sous la publication Facebook de Blandine, qui cherche un studio pour loger sa petite nièce… Chaque “contenu public” posté sur un réseau social du groupe Meta, à l’exception de Whatsapp, servira à alimenter le robot conversationnel. Cela concerna par exemple les légendes sous les photos publiées sur Instagram. “En clair, si vous avez déjà publié des informations sur vous ou quelqu’un d’autre (photos ou messages liés à la famille, aux amis, à une naissance, à un mariage, à un divorce, à un nouvel emploi, à des vacances…), et ceci de manière publique (c’est-à-dire : visible par tout le monde sur Facebook ou Instagram), ces données pourraient se retrouver analysées et traitées pour les besoins de Meta IA”, résume un article Le Monde. Vous pouvez retrouver la liste du contenu concerné dans le centre de confidentialité sur le site du groupe Meta.
Cette collecte de données viserait ainsi à générer un contenu davantage réaliste en captant “les nuances et les complexités incroyables et diverses qui composent les communautés européennes”, précise le communiqué intitulé “Une IA plus efficace pour les Européens”. Cela inclut donc les expressions locales, le vocabulaire spécifique à chaque région et même les usages particuliers de l’humour ou de l’ironie. En revanche, les messages, les conversations privées et les comptes mineurs sont pour le moment exclus de cette collecte.
Même si Meta affirme ne pas utiliser le contenu des messages privés et exclure les comptes de mineurs, vos données publiques, vos métadonnées et même des informations vous concernant partagées par d’autres (par exemple, si vous apparaissez sur une photo ou êtes mentionné dans un commentaire) peuvent être intégrées à l’entraînement de l’IA. La collecte passive de données comportementales et d’engagement, parfois sans que l’utilisateur en ait conscience, accentue les risques d’exposition non désirée. C’est le cas pour les personnes figurant sur des photos ou mentionnées dans des contenus, même si elles ne sont pas à l’origine de la publication par exemple. Les données collectées pourraient également accentuer le ciblage publicitaire ou d’autres usages commerciaux, ce qui fait craindre une utilisation détournée ou extensive de vos informations personnelles
Comment refuser ?
Vous avez sûrement déjà reçu un e-mail intitulé “Découvrez comment nous utilisons vos informations à mesure que nous améliorons l’IA de Meta.” Vous pouvez le retrouvez en tapant les mots-clés dans votre boîte principale ou dans vos spams. Dans le cas échéant, voici en vidéo, comment vous pouvez faire opposition à cette collecte de données depuis votre application Facebook.
Vous avez jusqu’au 27 mai 2025 pour refuser que ces données publiques puissent entraîner l’IA de Meta. Passé cette date, l’entreprise considérera que les utilisateurs de Facebook et d’Instagram qui n’ont pas exprimé leur refus ont consenti à cette utilisation.
Meta rappelle que cette méthode d'entraînement n’est ni nouvelle, ni réservée à l’Europe. Le groupe suit en cela une pratique largement répandue parmi les acteurs du secteur. Google et OpenIA s’appuient déjà sur des données publiques pour améliorer leurs IA. Meta revendique néanmoins une approche plus transparente en informant explicitement ses utilisateurs et en leur offrant un moyen de refuser. Rappelons tout de même qu’en 2023, sous la pression des autorités européennes, Meta avait été contrainte de suspendre ce type de collectes en Europe en attendant que les régulateurs tranchent. C’est en décembre dernier que le comité européen de la protection des données a finalement donné son feu vert à l’entreprise.
