Non, des requins ne nagent pas sur l'autoroute et Google va signaler les "fausses" photos et vidéos

Google va ajouter une étiquette sur les images pour signaler si elles ont été repérées comme trompeuses par des fact-checkers indépendants.

Publié le : 30/10/2020

Non, des requins ne nagent pas sur l’autoroute et Google va signaler les « fausses » photos et vidéos
Le photomontage

Temps de lecture : 2 minutes

 

Google va ajouter une étiquette pour signaler les images trompeuses dans ses listes de recherches.

Les nouveaux tags « Fact Check » (vérification des faits) apparaîtront dans les résultats photos et vidéos sur le moteur de recherche.Cette nouvelle fonction, vient, selon le communiqué de Google du 22 juin, s’ajouter à « son arsenal de mesures de lutte contre la désinformation ».

Par exemple, si vous tapez « requin nageant dans les rues de Houston », un célèbre photomontage d’un requin à côté d’une voiture sur l’autoroute apparaît, avec la mention « Fack-checké » qui renvoie vers les articles ayant vérifié, en l’occurrence, cette fausse information.

L’internaute verra, en dessous de l’image agrandie, un résumé de l’article de fact-checking, qui pourra concerner aussi bien l’image elle-même que le texte associé. L’étiquette « fact-check » apparaîtra sur toute image incluse dans un article qui vérifie une photo ou une autre affirmation.

Reprenons l’exemple du requin de Houston. La photo circule sur le net depuis 2011 et ressort à chaque inondation, piégeant public et journalistes parfois, alors que c’est un grossier photomontage.

Lutter contre la désinformation par les images

« Les photos et les vidéos aident les gens à comprendre ce qui se passe dans le monde. Mais le pouvoir de ces contenus visuels a ses revers, quand ils sont manipulés ou sortis de leur contexte », a expliqué dans un post Harris Cohen, directeur produit chez Google.

« A partir d’aujourd’hui nous allons faire apparaître des articles de vérification des faits dans la section Google Images pour aider les utilisateurs à se former une opinion plus informée sur ce qu’ils voient en ligne. »

Le nouveau système reposera sur la base de données ClaimReview. L’outil est alimenté par les éditeurs eux-mêmes, qui peuvent désormais choisir d’étiqueter les images qui ont été vérifiées à l’aide de ClaimReview, une façon de signaler aux moteurs de recherche qu’une image a été vérifiée.

Selon l’annonce de Google, les labels apparaîtront sur les « résultats provenant de sources indépendantes et faisant autorité ». Les autres résultats continueront d’apparaître dans la liste des recherches.

« Ce nouvel outil de vérification des images ne fait que fournir du contexte, en s’appuyant sur des sources extérieures qui effectuent le fact-checking » regrette la revue spécialisée Tech Crunch, qui estime que Google pourrait aller plus loin dans son traitement des sites qui diffusent des fake news.

L’engagement des plateformes contre les fake news s’accroît

Jusqu’à présent, Google a évité de s’engager dans les polémiques sur la modération de contenus et la désinformation, notamment autour des contenus venant du président Trump. Jeudi 18 juin, le président des Etats-Unis avait partagé une vidéo sur Twitter avec le titre « Un bambin terrifié fuit un bébé raciste ». Cette vidéo présente deux très jeunes enfants – l’un noir et l’autre blanc – courant dans une rue. Elle imite l’habillage vidéo de la chaîne américaine d’information en continu, CNN. En réalité c’est un montage et la séquence a rapidement été signalée et identifiée comme « média manipulé » par Twitter. Le fameux montage vidéo a aussi été partagée sur le compte Facebook officiel du président des États-Unis. La vidéo « manipulée » a été supprimée depuis par les réseaux sociaux correspondants. Avant cela, elle aurait été néanmoins vue quatre millions de fois sur Facebook et 20 millions de fois sur Twitter.

Capture d’écran du tweet de Donald Trump, impliquant la vidéo et le signalement “vidéo manipulée” de Twitter (Crédits : BBC News.)

Google retire les vidéos qui propagent des discours de haine

Susan Wojcicki, PDG de YouTube, assure dans une interview accordée la semaine dernière au Washington Post Live que la société retire les vidéos qui violent ses politiques – qui interdisent certains discours de haine, incitant à la violence, qu’elles proviennent d’un politicien ou de toute autre personne. Mais la société conserve certaines des vidéos sur le site si elles sont présentées dans leur contexte, par un reportage ou à des fins éducatives, a-t-elle déclaré.

L’initiative de Google est encore timide mais inédite

Pour Nina Jankowicz, spécialiste de la désinformation au Wilson Center et auteur du livre à paraître How to Lose the Information War, les efforts de Google sur les images sont la première initiative de grande envergure pour essayer de vérifier les faits sur les images. « Voir des images et des vidéos manipulées peut être beaucoup plus convaincant pour les gens que la désinformation dans le texte », a déclaré Mme Jankowicz. Et elle espère que les étiquettes de Google inciteront au moins les gens à réfléchir avant de poster….

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