Voici les bonnes questions à se poser pour détecter les fausses informations qui circulent notamment sur les messageries et les réseaux sociaux.
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Comment reconnaître une fake news (ou Infox en français) ? Elles sont chaque jour plus sophistiquées. Et tellement nombreuses sur le Web, que lorsque l’on reçoit une info, comme par exemple, la recommandation de « boire un verre d’eau chaude pour lutter contre le Covid-19 » qui a énormément circulé sur les messageries, on est tenté d’y croire car beaucoup de sites l’ont relayée. Or ce n’est pas le fait qu’elle soit reprise partout qui forge sa crédibilité. On a passé en revue ici les questions à se poser et les actions entamées par les réseaux sociaux pour tenter de juguler ce fléau.
Plus une info est viralisée et commentée, plus elle a de chance d’être fausse
« Plus une info se répand de façon virale, sans que l’on puisse identifier sa source première, c’est à dire l’auteur, le média, plus il est probable qu’elle soit fausse », explique Julien Mardas qui a créé Buster.ai, une intelligence artificielle qui évalue le degré de véracité des news en temps réel. Une information vraie met six fois plus de temps à parvenir à 1500 personnes sur Twitter que si elle était fausse. C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude menée par le MIT, et publiée dans Science. Parmi les critères de détection d’une fake news : sa dissémination mais aussi les émotions véhiculées.
=> Donc chercher la source
Les fake news jouent sur nos « émotions »
Les fausses informations jouent sur vos sentiments pour se propager. Leurs auteurs veulent que vous vous sentiez choqués, révoltés, inquiets, soucieux ou même apeurés, afin que cette émotion vous pousse à partager à votre tour leur contenu. Les fake news se servent aussi de notre « biais de confirmation » : nous avons envie de croire à certaines choses et elles nous enferment dans nos convictions.
Les intox autour du Covid-19 n’échappent pas à la règle, en ne manquant pas de vous rappeler que « cela peut sauver beaucoup de monde », pour pousser au partage…
=> Donc avant de partager, vérifier
Pourquoi il y a des fake news ?
Il a toute sorte de fake news. Des infos mal comprises, des peurs exprimées qui sont prises comme des faits. « Mais aussi de véritables et puissantes campagnes de désinformation dont le but ultime est de créer une sorte de crise de la confiance, de fragiliser la notion même de vérité. Ce climat de suspicion généralisé peut favoriser la montée des extrêmes », explique Guy-Philippe Goldstein, expert en cyber sécurité.
Sur l’épidémie de Covid-19, les médias russes ont déployé une « importante campagne de désinformation » contre l’Occident pour aggraver l’impact du coronavirus, générer la panique et semer la méfiance », selon un document de l’Union européenne vu par l’agence internationale d’information Reuters. « Une base de données de l’UE a enregistré près de 80 cas de désinformation sur les coronavirus depuis le 22 janvier, notant les efforts russes pour amplifier les accusations iraniennes en ligne, citées sans preuve, selon lesquelles les coronavirus étaient une arme biologique américaine », affirme le document de l’UE. Le Kremlin a nié ces allégations mercredi, affirmant qu’elles étaient infondées et manquaient de bon sens.
=> Rester conscient que les fake news, c’est dangereux
Pourquoi une fake news a l’air vraie ?
Elle avance avec les habits de la crédibilité : en blouse blanche, avec par exemple des soit disant informations de médecins, ou de scientifiques ou de l’université de Stanford comme cette histoire du verre d’eau ou de respiration retenue relayée massivement sur WhatsApp…
La fake news n’est pas entièrement fausse. Elle mêle toujours des infos crédibles qui rassurent à des éléments déformés. C’est pourquoi elles sont particulièrement difficiles à détecter.
=> Ne pas confondre fake news et parodie
=> Lire en détails, notamment les légendes des photos et checker la date de publication. Des incohérences peuvent vous alerter
Comment bien s’informer sur l’épidémie de Covid-19 ?
On s’en remet en priorité aux médias reconnus qui font le travail de vérification
et aux sources officielles : gouvernement, ministère de la santé, OMS…
On peut s’abonner gratuitement à Coco, un robot entrainé spécialement pour trier les informations sur le Covid-19 par le journaliste Benoit Raphael qui crée des intelligences artificielles spécialisées par sujet. Pour suivre les bons chiffres de l’épidémie, Après plusieurs jours de tests, voici mon verdict : le plus fiable vient de Corée du Sud, d’après Benoit Raphael.
On peut aussi suivre l’émission La méthode scientifique de France culture qui fait le point sur les avancées de la science (et là sur la durée de survie du virus dans l’air et sur les différents matériaux)
On se méfie de tout. Surtout de ces messages sur Whatsapp d’un ami qui connait un ami médecin qui « sait ».
On passe toutes les news au vérificateur. En voici quelques uns :
Le Monde Decodex
Libération Checknews
Hoaxbuster.com, une plateforme collaborative de vérication
Que font les plateformes pour lutter contre les fake news ?
Taper le terme « coronavirus » dans le moteur de recherche de Google ( et des autres plateformes) fait automatiquement remonter des liens qui pointent vers le site du gouvernement ou de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il en va de même pour la requête « Covid-19 ».
YouTube
Pour éviter les vidéos diffusant des fake news sur le Covid-19, YouTube va s’appuyer davantage sur l’IA puisque nombre de ses examinateurs humains sont renvoyés chez eux pour limiter la propagation du virus.
Des vidéos pourraient être supprimées, « y compris certaines vidéos qui n’enfreignent pas les politiques », écrit YouTube. D’autres contenus ne seront pas promus ou n’apparaîtront pas dans les recherches et les recommandations tant qu’ils n’auront pas été examinés par des humains.
Comme toujours, les créateurs peuvent toujours faire appel d’une vidéo qui a été retirée, mais YouTube avertit dans The Verge que ce processus sera également retardé en raison de la réduction de la modération humaine.
WhatsApp prépare un bouton de vérification des messages
WhatsApp reste un foyer important de diffusion de fake news. La plateforme n’a pas accès aux messages échangés, car ils sont complètement chiffrés. Si c’est une bonne chose pour préserver la vie privée des utilisateurs, cela rend les interventions très difficiles. Pour tenter de juguler la transmission rapide d’Infox, WhatsApp finance des vérificateurs d’informations et les utilisateurs peuvent leur transférer des messages suspects.
La plateforme de messagerie teste en ce moment même un bouton de vérification des news qui circulent entre particuliers. Repéré sur la bêta de la version Android de l’application, cette fonction baptisée “Search the Web” apparaît sous la forme d’une icône de loupe qui s’affiche à droite de vos messages dans une conversation.
Ce bouton permet de lancer une recherche Internet sur un message textuel, une vidéo ou une image que vous avez reçu. L’objectif est de permettre aux utilisateurs de WhatsApp de vérifier en un seul clic la véracité des informations, aidant ainsi à la lutte contre la désinformation sur la plateforme. Contacté par les journalistes de TechCrunch, un porte-parole de WhatsApp a confirmé que cette fonctionnalité est en phase de test depuis plusieurs mois déjà et qu’elle devrait être bientôt officiellement déployée.
Ce n’est pas magique, mais c’est un début pour faire entrer un processus de vérification dans des boucles de messages qui servent de vecteurs de diffusion à de nombreuses infox.
Facebook vient d’annoncer la création d’un nouveau centre d’information sur le Covid-19. Il apparaît dans le Menu et rassemble des informations provenant de sources officielles comme le CDC Center for Disease Control, l’OMS ou encore le Ministère de la Santé.
Twitter supprime les tweets qui diffusent des fake news
Twitter a mis à jour sa politique de sécurité pour interdire les tweets qui « pourraient faire courir aux gens un risque plus élevé de transmettre le Covid-19 ». Concrètement, cette nouvelle politique interdit les tweets qui « dénigrent les conseils des experts, encouragent l’utilisation de faux traitements inefficaces, de faux moyens de prévention et de fausses méthodes de diagnostic » ainsi que ceux qui partagent du « contenu trompeur faisant croire qu’il provient des experts ou des autorités ».
Twitter a aussi indiqué que lorsqu’un tweet enfreint la politique de sécurité, « nous demandons au contrevenant de le supprimer ». L’utilisateur n’a pas le droit de tweeter à nouveau tant qu’il n’est pas supprimé. Il reçoit un email avec le choix de supprimer le tweet en question ou de faire appel.
Les bons réflexes
Cherchez quelle est la source des informations évoquées et vérifier.
Ne pas considérer qu’une « information » est exacte juste parce qu’elle a été relayée ailleurs.
Mettre éventuellement la photo dans Google et voir dans quel contexte elle apparue pour la première fois.
Privilégier les sources officielles.
S’informer auprès des médias traditionnels qui font le travail de fact checking tous les jours. Et ça tombe bien, la plupart des médias de qualité ont mis en gratuit les articles concernant le Covid-19.