Votre écran ne vous a jamais autant demandé votre consentement et vous n’avez plus accès à certaines fonctionnalités sur Google ? Ces changements font suite à l’entrée en vigueur du Digital Markets Act jeudi 7 mars 2024. Si ce texte européen vise à mettre fin au far-west numérique dominé par les géants américains, il n’est pas sans conséquences pour les utilisateurs du Vieux continent.
©Pexels
Temps de lecture : 4 minutes
Écouter l'article
Vous avez parfois l’impression d’être schizophrène en ayant plusieurs conversations avec la même personne mais sur différentes applications ? Terminé ! Vous pourrez désormais retrouver vos esprits (et conclure vos échanges en toute fluidité) grâce au Digital Markets Act. À l’instar des secteurs de la banque, des télécoms ou de l'énergie, la concurrence dans le secteur du numérique doit aussi être réglementée selon l’Union européenne. Ce texte, voté en 2022, s’applique à ce jour à six groupes : Google, Apple, Meta, TikTok, Amazon, Microsoft et leurs services les plus populaires. X (ex-Twitter) et Booking devraient entrer dans ce club d’ici le mois de mai. C’est donc la fin de la récré pour les Gafam qui ont jusqu’à ce soir pour entrer dans les clous de la loi européenne. Mais appliquer la règle cause parfois quelques troubles. On vous résume tout :
Plus d’applis installées par défaut
Avoir besoin d’une application pour tomber dans les bras de Morphée vous hérisse les poils ? Et vous préférez compter votre épargne plutôt que votre nombre de pas quotidiens... Vous voilà débarrassé des applications encombrantes installées d’emblée sur votre téléphone. Plus sérieusement, ce sont les utilisateurs de Windows qui sont pour l’instant concernés par cette mesure d’applications par défaut. Ils pourront ainsi désinstaller l’assistant Cortana, la visionneuse d’images Photos, le navigateur Microsoft Edge et l’outil de prise de notes Pense-bêtes. Il sera également possible de désynchroniser un compte Microsoft d’un PC Windows. Copilot, le compagnon IA de Microsoft ne fera pas non plus partie de la mise à jour européenne. Quant aux utilisateurs d'iOS, ils pourront choisir un navigateur concurrent à Safari.
Des alternatives à Apple Store et Google Play…
Ça y est. Cette application de montage stylée qui vous faisait de l’œil est enfin accessible pour vous, fidèle d’Androïd dès la première heure. Pour faire votre shopping, il n’est plus obligatoire de vous rendre sur l’Apple Store ou Google Play. Ces « magasins d'applications » ne peuvent plus vous contraindre à passer par leur système d'identification de l'utilisateur ou par leur système de paiement. Vous pourrez bientôt télécharger d’autres plateformes comme Setapp. Comme évoqué plus haut, vous pourrez également suivre toutes les conversations WhatsApp ou Messenger sur n’importe quelle application de discussion comme Signal ou Telegram par exemple.
Des services dissociés
Mais en ouvrant Messenger, Instagram ou Threads, les utilisateurs sont incités à créer des comptes à part, pour ne pas utiliser leurs comptes Facebook, puisque Meta doit répondre à l’obligation de proposer une dissociation de ses services. Par défaut, les applis Facebook et Messenger étaient jusque-là associées ce qui permettait l’échange en continu d’informations et de données. À votre profit, comme la liste des contacts par exemple, mais aussi et surtout au profit de Meta. Si vous cliquez sur « continuer avec le compte Facebook », rien ne changera et vous conserverez les paramètres actuels. Si vous faites le choix de la séparation (entre Facebook et Messenger), Meta vous accompagne via la procédure décrite sur cette page. À noter qu’une personne qui ne dispose pas de compte Facebook peut désormais rejoindre Messenger plus facilement, sans passer par la procédure spéciale dite « DEMA » (compte désactivé sauf Messenger).
Une expérience utilisateur pas très optimale
Si le Digital Markets Act est au niveau européen ce que l’exception culturelle est au cinéma français, le public n’est pas entièrement conquis. Ainsi, on déplore déjà l’impossibilité d’accéder à Maps et Flights, les deux services de cartographie et de réservation de vols de Google. La firme américaine a dû les supprimer pour ne pas mettre trop en avant ses services par rapport à ses concurrents comme Bing Maps ou Kayak. Il ne suffit plus de taper une destination dans la barre de recherches, mais bien de chercher les plateformes en question dans Google.
Vers une concurrence plus loyale ?
Ceci est-il une révolution ? Pour les jeunes pousses de la tech qui veulent se faire une place sur le marché du numérique, oui, puisque le DMA casse l’oligopole des Gafam pour permettre une concurrence loyale. Pour le consommateur, l'intérêt réel est encore limité : les prix vont-ils baisser ? Les applications proposées par les “petits” concurrents seront-elles plus intéressantes ? Toujours est-il que ceci est historique.