Comment les outils numériques améliorent le quotidien des personnes autistes
Publié le : 05-12-2022
Temps de lecture : 6 minutes
Pour les enfants avec trouble du spectre autistique (TSA), les outils numériques peuvent être un support de développement et de communication. Parents, comment et pourquoi utiliser ces outils. Conseils et bonnes pratiques.
Les tablettes, un support attractif et complet
En France, près de 650 000 personnes seraient touchées par le trouble du spectre autiste (TSA). Les caractéristiques de l’autisme varient d’une personne à l’autre. C’est pourquoi le regard de la société sur l’autisme évolue constamment en particulier ces dernières années. La Fondation Orange s’est engagée sur le sujet dès 1991. D’abord en finançant des projets de recherches, puis en soutenant la sensibilisation, la création de structures d’accompagnement et la formation du personnel. Depuis 2012, la question de l’apport du numérique est aussi pleinement intégrée dans les actions de la Fondation.
“C’est l’apparition des tablettes qui a changé la donne. Ces outils tactiles font à la fois appel à la vue, au toucher et à l’ouïe. C’est un support attractif qui peut être utilisé par les parents, à condition de conserver un ancrage dans le réel”, explique Pascale Paturle, responsable mécénat santé, handicap et autisme à la Fondation Orange. “Si on utilise une tablette pour écrire, il faut aussi utiliser un papier et un crayon en parallèle.”
Facile à prendre en main, la tablette est un outil privilégié de plusieurs centaines d’établissements spécialisés. Elles peuvent aussi l’être en famille, si l’on sait comment bien les utiliser : le site Applications Autisme, créé par Auticiel, la Fondation Orange et Unapei, permet de découvrir un catalogue d’applis ludiques, éducatives et que l’on peut sélectionner en fonction des besoins de l’enfant.
Changer le regard sur les enfants autistes
En parallèle, les trois organismes ont mis sur pied une formation à destination des parents : Aidant 3.0. Cette formation entièrement permet de découvrir et prendre en main correctement, à son rythme, toutes les applications numériques pour les enfants autistes. Elle a été offerte par la Fondation Orange aux familles n’est pas disponible en accès libre en ligne comme les autres applications citées.
“Nous avons pu faire, avec les parents, un premier bilan de Aidant 3.0. Beaucoup n’utilisaient pas le numérique et ont décidé de s’y mettre, tandis que certains parents ont changé de regard sur leur enfant. L’apprentissage de ces outils a aussi pu être un moyen, pour les frères et sœurs, de jouer et partager grâce à un tiers complètement neutre”, continue Pascale Paturle.
En effet, ces outils peuvent aider au développement de l’enfant à son rythme, mais aussi devenir un nouveau moyen de communication, un support à la création de lien social dans l’entourage proche ou plus distant des enfants.
Par exemple, le serious game TSARA favorise l’adoption des bonnes pratiques des membres de la famille et aidants d’un enfant autiste. Un jeu qui peut notamment être bénéfique aux frères et sœurs de l’enfant avec TSA. On pourrait également citer le projet “Deux minutes pour vivre l’autisme” qui met en scène de courtes vidéos de la vie quotidienne pour aider à mieux comprendre le quotidien des personnes autistes. “On part en vacances, comment se préparer ? Il ne mange que du vert, comment diversifier son alimentation ? Ce sont des scènes de la vie réelle pour se mettre en situation”, explique Pascale Paturle.
De nouvelles voies professionnelles
C’est aussi de nouvelles voies professionnelles qui s’ouvrent peu à peu aux jeunes adultes autistes, qui ont parfois un goût prononcé pour le numérique.
“Ces personnes ont souvent des façons de voir les choses qui sont riches et peuvent apporter beaucoup à l’entreprise. Il faut les recruter, les accompagner et les maintenir dans l’emploi, mais aussi adapter l’environnement », explique Pascale Paturle, qui cite notamment le programme Neuroteam Orange. Il s’agit d’un programme de la Fondation pour favoriser la diversité cognitive, qui touche aujourd’hui plus de 20 % de la population mondiale, dont les personnes autistes. Objectif : mettre en avant ces compétences cérébrales et leur permettre d’exprimer leur plein potentiel dans la société.
D’autres initiatives ont vu le jour ces dernières années. Les Café Joyeux, que l’on trouve à Rennes ou Paris, permettent à des personnes autistes ou ayant des troubles cognitifs d’accéder à l’emploi. Les employés sont équipés de tablettes pour le service en salle et la réception des commandes, fournies par la Fondation Orange.
De par sa nature multimodale, le numérique peut ainsi devenir un support de développement, tant personnel que professionnel, pour les personnes autistes. Mais c’est aussi un excellent moyen de communication pour échanger et créer du lien social avec eux.
Montres connectées, réalité virtuelle : de nouvelles possibilités ?
Au-delà des tablettes, plusieurs centres de recherche en France mènent actuellement des études sur l’utilisation de la réalité virtuelle dans le cadre de l’accompagnement des personnes autistes. Le CHRU de Tours, centre d’excellence pour l’autisme, a par exemple inauguré en 2020 un dispositif utilisant la réalité virtuelle pour les personnes atteintes de certains troubles.
“La réalité virtuelle peut-être intéressante mais aussi très enfermante pour les personnes autistes. Il faut que cela soit très encadré, et ces projets en sont encore au stade expérimental”, précise néanmoins Pascale Paturle. Pour l’experte, un autre outil numérique peut s’avérer utile : les montres connectées. « Elles peuvent être intéressantes pour développer l’autonomie des personnes autistes grâce aux rappels des horaires, transports, etc. D’autant plus que ce n’est pas stigmatisant pour les jeunes. Mais là aussi, il faut que cela convienne véritablement aux personnes.”