Dans le dico de la Génération Z #1 : Deepfake, Zumping, Pessi, Easter Eggs et Screenwear

Anglicismes obscurs et mots tout droit sortis des jeux vidéo ou des derniers phénomènes repérés sur les réseaux sociaux, le numérique prend des libertés sur le dictionnaire. Bien vivre le digital vous aide à décrypter ces néologismes d’un jour ou de toujours.

Publié le : 08-04-2021

Dans le dico de la Génération Z #1 : Deepfake, Zumping, Pessi, Easter Eggs et Screenwear

Temps de lecture : 4 minutes

 

Easter Eggs : surprise, surprise pixelisée

Nom masculin

Apparition du néologisme : 1979

Potentiel de pérennité : élevé

Alors que Pâques est déjà derrière nous, il y a pourtant une chasse aux œufs qui n’en finit pas. Exit les cloches en chocolat et les lapins pralinés, derrière les écrans les « easters eggs », à traduire littéralement par « oeufs de Pâques », font plutôt référence aux grandes parties de cache-cache de cette fête. Concrètement, il s’agit donc au sein notamment d’œuvres cinématographiques ou de jeux vidéo de clins d’oeil plus ou moins discrets à d’autres œuvres. Un cercle fascinant. 

Les chercheurs estiment que le premier easter egg aurait fait son apparition dans le jeu « Adventure » en 1979. Lancé par la franchise Attari, le joueur y incarnait un preux chevalier allant de quête en quête et qui sur son passage découvrait le nom du programmeur du jeu. Une surprise peu attrayante certes et qui pourtant défend une noble cause puisque les développeurs n’étaient pas crédités à cette époque. Rebelle le easter egg ? Certainement, mais toujours en subtilité. Plus récemment, le jeu « The Witcher 3 : Wild Hunt » n’a pas lésiné sur ces cadeaux discrets avec un large catalogue de références à la pop culture : Doctor Who, Twilight, Pulp Fiction, Star Wars… une fois la boîte de Pandore ouverte, impossible d’en arrêter le flot. Une viralité telle que les easter eggs s’invitent même dans des logiciels informatiques comme une version d’Excel où est enfoui un simulateur de vol. Alors prêt à jouer les détectives ?

Pessi : justiciers à l’humour acéré ?  

Nom masculin

Apparition du néologisme : 2021

Potentiel de pérennité : faible

Depuis son lancement en 2009, Twitter s’affiche comme le réseau social où les langues se délient. Commentaires élaborés et répartie bien huilée, c’est tout naturellement que les perturbateurs de ces plateformes plus communément appelés « trolls » se sont fait une place dans le fil d’actualité du réseau à l’oiseau bleu, quitte à y perdre quelques plumes.  Pourtant, la tendance semble s’inverser avec l’arrivée de trolls bienveillants désignés appelés « pessi ». Contraction de Messi et de penalty, en référence aux ratés du joueur de foot argentin, les pessi s’amusent à « polluer » des comptes Twitter, notamment ceux de personnalités, sans pour autant proliférer des insultes. Ces « gentils » perturbateurs sont reconnaissables grâce à l’avatar de leur compte représentant Lionel Messi sans chevelure.

« Crie, miaule, aboie, sautille », vous n’y comprenez rien et c’est normal : les commentaires des pessi sont volontairement sans queue ni tête. Des listes d’actions, des paroles de chansons ou encore des emojis, le but n’est pas de faire de la littérature, mais simplement de saturer l’espace d’expression de certains comptes. Un premier tweet du genre à été repéré sur le twitter de l’ambassade de Chine en France et depuis, ce sont des personnalités comme Gérald Darmanin ou encore Jean Castex qui découvrent cette communauté si particulière. Avant que Wikipédia ne clôture leur page, les pessi se décrivaient eux-mêmes comme étant « les maîtres de ce monde ». Pas sûr que ces justiciers atypiques ne sauvent pour autant la planète…

Zumping : la visio des coeurs brisés

Nom masculin

Apparition du néologisme : 2021

Potentiel de pérennité : modéré

Fini les photos déchirées et jetées dans le feu, la rupture façon 21ème siècle se passe derrière les écrans. Alors que le  « ghosting » et le « curving », pratiques consistant à ne plus répondre aux appels ou aux messages de son partenaire afin de rompre sans communication, continuent de sévir, c’est une nouvelle forme de séparation 2.0 qui se développe depuis l’arrivée de la crise sanitaire. Formé à partir du nom Zoom, célèbre plateforme de visioconférence connaissant un boom à l’heure d’un télétravail de plus en plus pratiqué, le zumping consiste donc à se faire larguer par le biais de ces plateformes. On préfère de loin les apéro-visio et les jeux en ligne !

L’amour au temps du Covid n’est pas tout rose. Alors que les médias nous annoncent un « baby flop » plutôt qu’un « baby boom » et une envolée des demandes de divorces, la pandémie n’a pas le coeur tendre. Le zumping n’est pourtant pas dénué de conséquences et laisse bien souvent la personne larguée dans un état d’incompréhension profond. Pour montrer son soutien aux personnes victimes de zumping et autres ruptures version numérique, l’écrivaine Julia Moser a décidé sur son Twitter d’exposer de nombreux témoignages : quitté par message vocal sur WhatsApp ou à travers un PowerPoint, l’initiative de la jeune femme fait se sentir les victimes de zumping moins seules.

Screenwear : la mode est un éternel recommencement

Nom masculin

Apparition du néologisme : 2020

Potentiel de pérennité : modéré

Conséquence directe de la crise sanitaire, le secteur de la mode s’efforce depuis plus d’un an de se renouveler par le biais du numérique. Des influenceurs virtuels en passant par les défilés de la Fashion Week entièrement transposés sur écrans, les pièces des créateurs se trouvent sublimées d’une manière inédite. Nouvelle preuve d’un changement profond et peut-être durable du secteur, l’avènement du screenwear. Un nouveau terme à mettre en parallèle avec le street wear, pratique visant à faire la chasse au plus beaux looks repérés dans la rue et qui nous porte à croire que le style se chasse désormais sur nos écrans.

 
 
 
 
 
Voir cette publication sur Instagram
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Une publication partagée par Marc Jacobs (@marcjacobs)

Instigué par Les Sims, monument du jeu vidéo où la création d’un personnage passe également par l’élaboration minutieuse de sa garde-robe, aujourd’hui la frontière entre le réel et le virtuel s’estompe un peu plus avec l’arrivée de studios de mode digitalisés comme The Fabricant. Une étude intitulée Digital Fashion Report a d’ailleurs montré que la présentation des pièces de la dernière collection du couturier Marc Jacobs à travers le jeu Animal Crossing : New Horizons a propulsé la recherche des pièces présentées. Une aubaine pour les marques !

Deepfake : les apparences sont parfois trompeuses 

Nom masculin

Apparition du néologisme : 2014

Potentiel de pérennité : élevé

« Mes chèr.es compatriotes, mes chèr.es ami.es, j’ai souhaité m’adresser à vous car je gardais en moi un secret depuis trop longtemps : je suis écologiste », le président de la République a récemment fait une dernière allocution pour le moins surprenante. Pourtant, derrière ce tableau parfaitement réalisé, se cache la main de maître des deepfakes et non d’Emmanuel Macron. Aussi appelé « hypertrucage », le deepfake consiste à superposer des fichiers audio ou vidéo déjà existants sur d’autres fichiers du même type. Les résultats de ces collages d’un nouveau genre sont parfois bluffants à l’image de celui du Président. 

Des faux contenus de ce genre pullulent désormais sur la toile et méritent donc d’être pris avec des pincettes. Pour mieux encadrer cette technologie à l’avenir, de nombreuses institutions comme la CNIL souhaitent donner un cadre législatif à ce principe de reconnaissance facial.  Le laboratoire sur la recherche de l’intelligence artificielle de Facebook entend également agir en ce sens en travaillant sur un projet de « désidentification » afin de désamorcer les deepfakes les plus réalistes.

Partager l’article

Partager bien vivre le digital