Le check compulsif sur les réseaux sociaux transformerait le cerveau des ados

En l'espace d'une génération, les réseaux sociaux ont radicalement changé le développement des adolescents. Ces possibilités d'interactions sociales 24h/24 pourraient transformer le cerveau de nos ados, selon une récente étude.

Publié le : 27/01/2023

Le check compulsif sur les réseaux sociaux transformerait le cerveau des ados

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« Toute utilisation excessive des réseaux sociaux peut transformer le cerveau des adolescents » : c’est ce qu’il devrait être indiqué sur la posologie de TikTok, Instagram ou encore Snapchat, si on en croit une récente étude publiée dans la très sérieuse revue médicale américaine JAMA Pediatrics.

L’enquête a étudié à la loupe pendant 3 ans le comportement de 169 élèves américains âgés de 12 et 13 ans, surfant sur ces trois réseaux sociaux jusqu’à 20 fois par jour.

Verdict : même s’il est pour l’instant trop tôt pour établir un lien de cause à effet sur le long terme, les premiers résultats sont préoccupants… et avec des conséquences comme l’explique l’étude : « Les adolescents qui consultent constamment les médias sociaux peuvent altérer leur développement neurologique, modifiant considérablement la façon dont le cerveau adolescent réagit à son environnement. Ces comportements peuvent être associés à des changements dans leur développement neuronal, avec une sensibilité accrue aux récompenses et aux punitions sociales. »

Les adolescents ultra-connectés aux réseaux sociaux deviennent hypersensibles aux commentaires à leur égard, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Des ados quoi… Sauf que ces médias sociaux offrent aux plus jeunes des opportunités sans précédent d’interactions, pendant une période de développement critique, où le cerveau est particulièrement sensible aux réactions sociales.

Et cet assaut de commentaires et de vérifications des notifications de manière compulsive, équivaut à laisser une casserole de lait sur le feu. Bref, ça déborde vite, en particulier sans surveillance.

Ados en alerte

La course aux likes, le check des notifs et des messages arrivant de manière imprévisible les tiennent en haleine et en recherche de gratification.

Le striatum (petite structure nerveuse qui se situe au niveau du cerveau, qui est le cœur du réacteur de la motivation) se trouve ultra-stimulé par ces « récompenses sociales » irrésistibles. En gros, autant demander à un gourmand s’il a envie d’un gâteau.

Et si les ados ressentent moins de stimuli gratifiants, ils sont poussés à rechercher de nouvelles récompenses frénétiquement. Résultat, l’activité des circuits liés à la dopamine (l’hormone du plaisir) se trouve considérablement augmentée. Coucou l’intolérance accrue à la frustration !
Selon l’étude, pour certains adolescents, ces « comportements de vérification sur les médias sociaux deviennent compulsifs et problématiques », pour d’autres, cette variation de sentiments mitigés (récompenses sociales, ou au contraire sentiment de dévalorisation), « peut refléter un comportement adaptatif, qui leur permet de mieux naviguer dans leur environnement de plus en plus numérique ».

Du recul

En clair, la course aux likes est un ascenseur émotionnel. Mais plus le spectre des émotions ressenties est large, plus elles peuvent être identifiables, et maîtrisées, pourvu qu’on aide les ados à les décrypter. « Pourquoi j’ai absolument besoin de reconnaissance ? », « Les likes sont-ils le reflet de la réalité, sachant que certains les achètent ? ». En somme, la solution se trouve dans le dialogue, ce qui peut mener tout droit… au développement de son esprit critique.

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