Assis confortablement derrière un écran, il est plus facile de se lâcher. Et parfois, ça peut aller très loin… Bashing sur Facebook, trolls sur Twitter, harcèlement sur Instagram… Mais pourquoi les humains sont si agressifs sur les réseaux (comme en voiture) ? Scientifiques, philosophes et professeurs se sont penchés sur la question et, mauvaise nouvelle, nous sommes tous à la merci de tomber du côté obscur de la force… Explications.
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Il suffit de lire des commentaires sous des articles Facebook, des vidéos TikTok ou -PIRE !- de scroller sur des échanges Twitter pour le constater : sur les réseaux sociaux, certains prennent un malin plaisir à parler violemment aux autres (sans même les connaître, évidemment…).
Et parfois, la cyberviolence peut aller très loin : insultes, harcèlement en ligne voire campagnes pour appeler au lynchage en ligne d’une personne…. Fin décembre 2021, après avoir essuyé des mois de cyberharcèlement, la YouTubeuse Mava Chou, maman de quatre enfants, s’est donné la mort. Et ne s’agit pas d’un cas isolé.
Le chiffre
Mais pourquoi tant de haine ?
1. Les réseaux sociaux, une fabrique de narcissiques
Quand on parle de narcissisme sur les réseaux sociaux, on pense souvent aux pages aux 1001 selfies, à la course aux likes, aux mises en scène bien ficelées pour flatter son ego…
Mais parfois, le narcissisme va plus loin et peut devenir pathologique voire dangereux : quand une personne se croit supérieure, est dans une quête permanente d’adulation…. C’est là que cette personne peut présenter un fort manque d’attention aux autres et parfois adopter un comportement agressif.
D’ailleurs, dès 2012, des chercheurs de l’université de l’Illinois ont établi un lien direct entre le fait d’avoir des traits narcissiques forts et « une tendance à manquer de respect lié à un désir de manipuler et de prendre l’avantage sur les autres« , notamment sur les réseaux sociaux..
Pour ces personnes, être agressif est donc un moyen d’exprimer leur sentiment de supériorité mais aussi de faire remarquer (même si ce n’est pas sous son meilleur jour…).
2. L’agressivité : un « virus » émotionnel ?
Arisa Chattasa (Unsplash)Chercheuse au MIT, Sherry Turkle explique quant-à elle que les réseaux sociaux présentent un double effet pervers, dans une tribune acerbe publiée dans Vox.
En clair : la violence peut être contagieuse. Quand on se fait attaquer, on peut être amené à répondre instantanément sur le même ton (ce qu’on ne se serait peut-être jamais permis de faire dans la “vraie vie”), voire à banaliser à son tour ce comportement sur Internet.
D’ailleurs, d’autres études vont dans ce sens, comme celles publiées par les Université de Columbia et de Pittsburgh. Leur constat ? Les réseaux sociaux entraînent un effet négatif sur l’humeur… et une perte de contrôle. Et cerise sur le gâteau virtuel, les émotions de vos amis virtuels sont contagieuses : l’agressivité et la méchanceté en ligne vous contamineraient comme un virus…
3. Le sentiment de liberté le côté obscur de certains
De son propre aveu »addict à Twitter » , le philosophe Raphaël Enthoven a expliqué à Challenges la cause la méchanceté sur les réseaux, selon lui. A la racine de ce mal, dit-il : l’absence du « regard d’autrui » quand on est caché derrière un écran. Or, c’est justement le regard d’autrui qui empêcherait la méchanceté et l’agressivité de certains de (trop) s’exprimer, assure-t-il. Sans ce regard et sans « présence coercitive », nos instincts les plus noirs auraient tout l’espace pour se déployer…
4. Génération « clash »
Auteur du livre La méchanceté en actes à l’ère du numérique”et professeur émérite à la Sorbonne nouvelle-Paris III, le sémiologue François Jost assure de son côté que certaines émissions à la télévision (politiques, téléréalité, débats sur les grandes chaines d’info…) banaliseraient les paroles violentes voire les encourageraient.
Mais pour le sémiologue, ça ne veut pas forcément dire que les gens sont plus méchants qu’avant :
La seule différence, aujourd’hui peut-être, est que les clashs sont aussi devenus une façon de se faire connaître sur les réseaux sociaux. Certaines personnalités se sont fait connaître sur TikTok ou YouTube après avoir « clashé » des people et d’autres personnalités, et sont aujourd’hui considérées comme de véritables stars sur Internet, gagnant chaque mois des sommes d’argent mirobolantes.
De quoi donner malheureusement des idées à certains jeunes, en quête de followers et de « réussite financière »… D’où l’importance de parler de ces contenus avec son enfant.
Les 3 commandements à retenir
- L’humeur des autres est hautement contagieuse sur les réseaux, ne pas hésiter à s’éloigner de personnes toxiques . Et si on est attaqué, ne pas hésiter à respirer un grand coup avant de répondre pour ne pas renvoyer la balle sur le même ton.
- Si l’on est malmené en ligne, il faut tout de suite en parler, dénoncer.
- Ne pas hésiter à appeler des professionnels comme e-Enfance au 3018, qui protègent les mineurs sur internet et informe sur les dangers potentiels (cyberharcèlement, revenge porn…).