Contrefaçon “fait maison” : vivez-vous avec un(e) escroc ?

Votre fer à repasser à tendance à disparaître ? Les fils et aiguilles aussi ? Si la broderie connaît un regain d’intérêt, la contrefaçon aussi ! Décryptage d’une recette d’arnaque de plus en plus faite maison.

©Getty/Socrate

Temps de lecture : 3 minutes

À l’approche de la Fashion Week parisienne, qui s’ouvre mardi 21 janvier, vous avez peut-être des envies de luxe. Comme 21% des Français, vous allez opter pour l’occasion, et sur Internet dans la moitié des cas. Or, plus d’un acheteur sur deux est victime de contrefaçons, dont 23% à plusieurs reprises. C’est ce que révèle la dernière étude de l'Observatoire Vinted sur la seconde main. Le vestiaire en ligne préféré des ados en regorge.  “J’avais un doute concernant la paire de baskets que j’étais sur le point d’acheter alors j’ai demandé la vérification Vinted — à ma charge — lorsque l’acheteur a subitement annulé l’envoi du produit”, nous raconte Diego. “Cela n’a fait que confirmer mon intuition”, conclut le jeune homme, prêt à débourser plus de 300 euros pour une potentielle contrefaçon. En témoigne la capture d’écran de la conversation avec le vendeur italien, où apparaît l’abandon de l’envoi et le montant du remboursement. 

Logos à gogo

Si la fraude est aussi répandue sur la plateforme lituanienne, c’est parce qu’Internet facilite la possibilité de se procurer le parfait nécessaire du petit faussaire. Des tutos broderie peu innocents pullulent sur Youtube, où l’on trouve des promotions de planches de logos Lacoste, Armani, Supreme “au prix de 20€ les 45 pièces”. 

Pour 10 euros, on peut, par exemple, s’offrir sur eBay un kit avec patch et étiquette intérieur. Ensuite, il ne reste plus qu’à procéder à l'assemblage, prendre quelques photos, et poster l’annonce sur Vinted.

Thomas, lui, se fournit sur des sites chinois comme AliExpress. Ce passionné de nouveaux vêtements est confronté au refus de sa mère qui ne veut pas financer tous ses caprices. Il achète alors de la contrefaçon pour sa consommation personnelle lorsqu’un jour il décide d’en revendre sur Vinted pour se faire de l’argent de poche. En moyenne, l’adolescent de 14 ans fait une vente par mois. Son plus gros coup ? Un faux pull acheté 40 euros et revendu 150. “Mais ça me sert principalement à financer mes kiffs”, se justifie-t-il. 

Pour les factures, c’est “au petit bonheur la chance”, mais il n'y a “pas de falsification”, assure-t-il. Thomas mise sur des clients peu renseignés qui ne savent pas trop faire la différence. 

Selon le code de la propriété intellectuelle, la contrefaçon, définie comme la reproduction ou l'utilisation non autorisée d'un droit de propriété intellectuelle peut entraîner des amendes pouvant atteindre 300 000 euros et des peines de prison allant jusqu'à trois ans. 

En 2023, le site aurait retiré deux millions de contrefaçons sur sa plateforme. Si les plateformes de vente en ligne intensifient leurs efforts pour réduire ce fléau, comme le contrôle de qualité Vinted cité plus haut, la vigilance des acheteurs reste essentielle. 

Les détails à repérer pour identifier un profil d’escroc : 

  • La photo de profil. Vérifiez la cohérence entre la photo de profil et les photos d’articles mis en vente. L’utilisateur peut avoir utilisé l’image d’un anonyme pour faire croire qu’il est un simple vendeur particulier. 
  • Le prix. Une pochette Chanel à moins de 1000 euros, c’est hélas anormalement bas. 
  • Le manque d’évaluation. Il est nécessaire de lire les autres avis pour se faire son propre avis. 
  • Nombre de publications. Un seul produit publié, c’est bien trop suspect.
  • Date de création du profil. “Lorsqu’elle est trop récente, cela signifie que la personne s'est peut-être fait bannir de la plateforme, donc elle a créé un nouveau compte dans la foulée”, nous explique notre stagiaire. Parole de fashion victim.

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