Fact-Checking : “stop” aux fake news !

À l’heure des réseaux sociaux et de l’avènement des “contre-vérités”, comment démêler le vrai du faux ? Voici 8 astuces pour exercer son esprit critique et devenir un chasseur de “fake news”.

Publié le : 27-10-2023

©Plainpicture

Temps de lecture : 3 minutes

Ces dernières années, avec la massification de l’information sur Internet, les “fake news” (fausses informations, en français) se sont multipliées. Virales et parfois relayées par certains médias, les fake news constituent un véritable enjeu démocratique puisqu’elles participent à tronquer le débat public et manipuler l’opinion. 

Ainsi, selon un sondage Odoxa Dentsu-Consulting pour franceinfo et Le Figaro (2019), 30% des Français reconnaissent avoir déjà relayé des "fake news" et 45% déclarent s’informer principalement via les réseaux sociaux. D’après ce même sondage, 38% d’entre eux ont entre 18 et 24 ans. 

Qu’on ne s’y trompe pas, Internet et les réseaux sociaux sont une source particulièrement abondante d’informations intéressantes. Encore faut-il avoir les outils nécessaires pour démêler le vrai du faux. À ce titre, les initiatives d’éducation aux médias se multiplient. Aujourd’hui, plusieurs associations de journalistes, comme FAKE OFF, se rendent dans les écoles pour y proposer des outils pédagogiques afin de lutter contre la désinformation de masse et développer l’esprit critique.

Voici 8 conseils qui vous permettront de repérer et d’éviter de diffuser des “fake news”. 

1. Toujours vérifier la source

Quand on est face à une information, la première question à se poser est : d’où vient-elle ? La source doit être précise et qualifiée. 

Cas pratique : Si une de vos connaissances partage sur WhatsApp une info “sûre”, donnée par l’ami d’un ami (un médecin qui “sait”), ça ne signifie pas que l’information est valide scientifiquement. Idem pour les blogs et les sites personnels, qui sont à lire avec plus de vigilance. Pour des informations fiables, on s’en remet en priorité aux médias dont le travail est de vérifier l’information et aux sources officielles.

L’astuce en plus : On passe les news douteuses au détecteur à intox ! Plusieurs sites ont lancé leurs outils pour permettre à tous de vérifier l’info :

  1. Le Monde a lancé Le Decodex
  2. Les journalistes de Libération répondent à vos questions dans Checknews
  3. Il y a aussi Hoaxbuster.com, une plateforme collaborative de vérification

2. Croiser les informations

Le secret pour avoir une vision plus juste et plus complète sur un sujet d’actualité ? Croiser ses sources d’information. C'est-à-dire, consulter différents médias (fiables), mais aussi des sources provenant d’associations œuvrant sur le terrain, ou encore des sources institutionnelles. 

Non seulement, cette méthode permet de voir un sujet sous différents angles, pour en avoir une vision complète. Mais en plus, si une même information est évoquée avec les mêmes chiffres et les mêmes sources, il est probable que vous puissiez lui faire confiance.

L’astuce en plus : Plusieurs plateformes vous proposent de lire plusieurs articles sur un même thème ou sujet : Google Actualité, Flipboard, Feedly, News 360, Apple News… Pratique !

3. Chercher l’information la plus précise

Les journalistes professionnels observent certaines règles élémentaires. Parmi elles, citons la règle dite des “5W”ou les 5 questions à se poser pour composer une information précise : Who ? What ? When ? Where ? Why ? (qui, quoi, quand, où, comment, en français)

En effet, une information de qualité suppose d’être la plus précise possible. Soyez donc attentifs aux sources citées (études, organismes…). Si une information est floue, se compose de beaucoup de généralité, ne comporte pas ou peu de sources, que celles-ci sont peu connues…prudence, elle risque de ne pas être fiable.

4. Se méfier de ses propres émotions

Le saviez-vous ? Plus un utilisateur passera de temps sur un réseau social, plus la plateforme en question pourra vendre des encarts publicitaires et augmenter ses recettes. Les plateformes ont donc tout intérêt à privilégier la mise en avant de contenus à haut potentiel de viralité. 

Ainsi, “les algorithmes qui déterminent le fil d’information de chaque utilisateur sont optimisés pour mettre en avant des messages percutants et provoquant des réactions émotionnelles fortes…C’est pourquoi les fake news les plus outrancières bénéficient d’une large diffusion.”, selon Antonio Casilli, professeur de sociologie à Télécom Paris et membre de l’Institut interdisciplinaire de l’innovation, cité par le CNRS

En définitive, en jouant sur nos émotions primaires (la peur, la tristesse, la colère), une fausse information a tendance à se répandre plus rapidement. C’est ainsi que des articles du Gorafi ou de Nordpress (deux sites d’informations parodiques) ont été régulièrement pris au sérieux et partagés comme étant des informations véridiques. On fait donc attention aux articles aux titres “chocs”, parfois écrits en majuscules avec plein de points d’exclamations. 

5. Viralité ne veut pas dire vérité 

Une information qui est partout n’est pas forcément vraie ! Pire : « plus une info se répand de façon virale, sans que l’on puisse identifier sa source première, c’est-à-dire l’auteur, le média, plus il est probable qu’elle soit fausse », explique Julien Mardas le créateur de Buster.ai, une intelligence artificielle qui évalue le degré de véracité des news en temps réel.

De fait, les réseaux sociaux constituent une véritable caisse de résonance pour ce genre d’information. En effet, les algorithmes qui régissent la hiérarchie des contenus des réseaux sociaux ne sont pas neutres et ne sont pas conçus pour trier le vrai du faux. Leur but est de choisir, classer, hiérarchiser, cibler les informations susceptibles de capter l’attention d’un maximum d’utilisateurs.

Ainsi, sur Twitter, les fausses informations politiques prendraient trois fois moins de temps pour atteindre 20 000 personnes que les “vraies” informations pour en atteindre 10 000, selon une étude menée par le MIT

6. Prendre conscience de ses “biais de confirmation”

Il est très tentant de relayer des informations chocs ou étonnantes quand on parle avec ses collègues à la machine à café ou durant un repas de famille, surtout si ces informations vont dans notre sens. 

Il est facile de se laisser avoir par ses propres « biais de confirmation ». Ce biais consiste à croire plus facilement une information parce qu’elle valide l’opinion que nous avons

Qu’on se le dise : on a tous des opinions et c’est normal. Ce qui est utile, c’est d’en être conscient et de faire de vraies recherches sur les sujets qui nous tiennent à cœur. L’objectif étant d’être bien informé et en parler au mieux.

Mais avant cela, autant se montrer exemplaire, stopper les fake news et vérifier nos informations avant de les partager.

7. Attention aux faux experts

L’argument d’autorité est un procédé rhétorique consistant à affirmer la véracité d’un propos  en mettant en avant la posture d’autorité de la personne qui l’a tenu plutôt que sa pertinence quant au sujet. Par exemple, on peut supposer qu’un expert en climatologie pourra nous renseigner sur les effets du réchauffement climatique. En revanche, un expert en agronomie, bien qu’étant également à ranger dans la catégorie des scientifiques, sera beaucoup moins pertinent à ce sujet. 

Sur les réseaux sociaux, comme TikTok,  les comptes présentant un grand nombre d’abonnés constituent un gage de confiance pour les utilisateurs âgés de 18 à 24 ans. Ils sont 41% à les trouver fiables, selon une étude menée par l’Ifop pour la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation Reboot

Le saviez-vous ? Aujourd’hui sur X (anciennement Twitter), tout le monde peut acheter un badge de certification. Un compte certifié ne signifie pas forcément une information fiable. 

8. Détecter les fausses images 

Quand on parle de fake news, tous les éléments de l’histoire comptent …y compris les images. L’identification de l’origine d’une image représente une information cruciale sur son histoire et ce qu’elle représente. Voici quelques astuces pour chercher l’origine d’une image circulant sur le Net : 

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