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“Il y a pire que le groupe WhatsApp ‘Family’, il y a les groupes des parents d'élèves !” raille Gad Elmaleh dans son dernier spectacle, “D’ailleurs”. L'humoriste se demande “qui sont ces gens surinvestis dans la scolarité de leurs enfants”. Être un bon parent d’élève semble signifier, pour certains, être actif sur la conversation WhatsApp dédiée à la classe de son enfant. Peut-être en faites-vous l’expérience. Ou vous en êtes à l’origine. Généralisé depuis les grèves et les confinements successifs, ce mode de communication permettait initialement aux enseignants de rester en lien avec les familles et de les soutenir, surtout lorsque l’espace numérique de travail (ENT), sorte de blog de l’école où sont censées apparaître les dernières actualités de la classe, est défaillant ou trop abscond.
Comme beaucoup de parents d'élèves, Arnaud s’est laissé séduire pour l’aspect entraide de ces groupes de discussion : “Constatant que ma fille a régulièrement perdu l’année dernière feuilles de poésie et autres moitiés de devoirs, je me suis dit que rejoindre le groupe WhatsApp de sa classe était une bonne idée.” C’est également le cas de Nicolas, 46 ans, qui s’est résolu à rejoindre le groupe de la classe de CM2 pour pallier l’inattention de son fils, qui “oublie souvent de noter les devoirs.” Problème : si les petits coups de main entre parents sont bien pratiques, c’est aussi la porte ouverte à tous les débordements. Entre les informations sur les devoirs et les gros dossiers type invasion de poux ou épidémie de coqueluche, ces groupes peuvent vite tourner à la foire d’empoigne.
Devoirs et déboires
“Accepter d’intégrer un groupe WhatsApp de parents d’élèves c’est aussi accepter d’être le réceptacle des parents d’élèves qui pensent avoir trouvé dans cette ‘communauté’, une quarantaine de nouveaux amis à qui forwarder régulièrement et toute l’année photos, blagounettes, et autres dauphins clignotants trouvés sur le web.” résume Arnaud, père de Camille, 10 ans. Car il faut savoir que les groupes WhatsApp de parents d'élèves ne sont astreints à aucun horaire. L’information que le petit Aubin a bien fait un shampoing anti-poux m’est arrivée à 7h15 du matin par exemple. La demande de coordonnées d’un bon ergothérapeute vers 23h30. Et la vidéo du monsieur sans bras qui arrive quand même à remplir un seau d’eau à 14h20, ajoute le quadragénaire atteint de FOMO, qui préconise de désactiver les notifications, le temps de savoir si on quitte ou si on reste dans le groupe.
“Il y a aussi ceux qui, départ des petits en classe verte oblige, confondent groupe WhAtsapp et cabinet de psychologie, déplore Arnaud, avant d'énumérer les questions à l’ordre du jour : Mon enfant est-il bien arrivé ? Pour vous aussi la première séparation est difficile ? Pourquoi n’a-t-on pas eu plus de photos des enfants dans le car ? Pourquoi n’a-t-il pas eu le droit de prendre son téléphone portable ? Savez-vous combien de fromages de tomme peuvent-ils ramener de la montagne ? Et là tous les parents se sentent généralement obligés de répondre. Ainsi, une vingtaine de ‘Non je ne sais pas quelle quantité de tomme ils peuvent ramener’ arrivent en même temps avec autant de notifications sonores simultanées.” Avec deux classes vertes, un cadeau et une boom de fin d'année, le groupe de sa classe compte plus de 200 photos et autant de messages, causant 500 notifications environ. Même son de cloche chez Nicolas, qui a dû mettre le groupe de son fils en sourdine, pour ne s’y connecter “que de manière opportuniste”, assume-t-il. Ce dernier relève d’ailleurs une différence d’implication selon le genre du parent : “les mères sont plus réactives et plus fiables”.
Audrey, 37 ans, se dit paisible, et ne ressent pas la charge mentale liée au groupe WhatsApp de ses filles : Malo, 5 ans et Haize, 4 ans : “Je ne suis pas envahie par les notifications, tout le monde est respectueux, il n’y a pas de débordement.” Cette différence de ressenti serait-elle liée à sa situation géographique ? Installée au Pays basque depuis presque dix ans, cette mère de famille se tient loin du tumulte parisien, contrairement à Arnaud et Nicolas.
5 applis utiles au quotidien pour une rentrée organisée
Ce manque de modération a même conduit certains établissements à élaborer des chartes d’utilisation pour pacifier les échanges. Si vous avez peur de vous laisser envahir par la grande communauté des parents d’élèves, n’hésitez pas à dialoguer d’abord avec les autres parents pour partager vos conditions et imposer le droit au respect. Vous pouvez également proposer comme alternative l’application Feamzy, conçue comme un réseau social, davantage axé sur l'école. Non intrusif et collaboratif, on peut y récupérer des devoirs ou des leçons, discuter entre parents sans partager ses coordonnées, envoyer un flash actu en cas d’impondéré et alimenter l’agenda partagé de la classe.