Enseignement à distance : Ce qui marche… et ce qui marche moins

L’école à distance s’impose au rythme des vagues épidémiques et des classes fermées. Une situation qui, si elle souligne la capacité d’adaptation de l’Éducation nationale, ravive une fois de plus la fracture numérique.

Publié le : 25-01-2022

Enseignement à distance : Ce qui marche… et ce qui marche moins
Photographie : Julia M. Cameron

Temps de lecture : 7 minutes

Avec la pandémie, enfants, parents et professeurs ont découvert un nouveau mode d’enseignement qui tend à se généraliser à chaque nouvelle vague épidémique. Ce qui est d’ores et déjà certain, c’est que l’Education nationale a connu une véritable révolution digitale. Avec des points positifs, comme la prise en main ultra-rapide de nouveaux outils par beaucoup de professeurs et de familles, la construction de nouvelles relations, avec plus d’entraide entre profs et élèves, mais aussi du décrochage scolaire important, pour les plus précaires, qui vivent souvent la fracture sociale et numérique. Le point sur la situation.

Cela devait durer 15 jours, puis 30, puis 45… En deux ans, les écoles, collèges et lycées de France ont été mis sur courant alternatif. Si aujourd’hui la plupart des élèves sont de retour sur les bancs de l’école, la situation sanitaire continue de menacer cette stabilité et l’ombre d’un retour en distanciel plane encore !   

Retour sur cette révolution et tentative de bilan sur ce qui a marché et ce sur ce qui a moins bien fonctionné dans l’enseignement à distance.

En un mois, tout a changé…

Ce qui impressionne d’abord, c’est le basculement du jour au lendemain dans l’inconnu. Annoncée le 12 mars 2020, la fermeture des écoles s’est concrétisée le 16… Et la continuité pédagogique s’est improvisée et renouvelée avec les différentes vagues épidémiques. Souvent lentement. « On a passé une semaine sans trop de nouvelles », nous confiait une mère de famille parisienne aux prémices du premier confinement. Quelques mails venus du lycée. Mais rien de concret. Puis, la voix de la professeur de math a résonné un jour dans le salon. La visio est apparue, comme un rendez-vous salvateur au milieu de ces drôles de journées de confinées  ! Un an plus tard, en 2021, cette vigie tenait toujours la flamme.

«Ce matin, elle a mis de la musique sur Zoom, avant de commencer le cours. Ça fait bizarre, mais je l’aime de plus en plus », se souvient Ethan, en terminale ES à Paris au début de la crise. « Elle a été la première à faire cours sur Classroom. Au début, on ne la voyait pas et on n’avait pas de documents. Après, elle fait des super présentations et même mon grand frère venait écouter son cours. »

La professeure de SES partageait, elle, son bureau à l’écran comme une pro de la visio-conférence, alors qu’au départ, elle ne savait même pas se connecter, poursuit Alice, en terminale à Saint-Germain, dans les Yvelines. Tandis que ce « super » professeur d’histoire, a évacué les cours, d’un « regardez mon blog. » Comme si durant l’année, il avait renvoyé les élèves uniquement au manuel. « C’est bizarre, on a découvert les professeurs dans cet inconnu », reprend Lucien, en terminale à Roubaix. « On a reçu des mails hyper-chaleureux de professeurs qui nous disaient  qu’on leur manquait », nous précise Aaron, pourtant habitué à un traitement plus froid, dans son lycée parisien très élitiste. « Le professeur de philo nous a dit : “vous n’avez plus qu’un seul devoir, m’envoyer tous les jours un mail pour donner de vos nouvelles”. »  « Comme on l’a aidé à installer le Classroom, le prof nous envoyait des mercis tout le temps », nous confiait Chloé, en seconde à Marseille. 

Partout, les relations entre les enseignants et leurs élèves ont été bouleversées par le confinement et il a fallu inventer pour assurer la “continuité pédagogique”. Un terme qui fleure bon l’administration, mais qui recouvre une réalité beaucoup plus foisonnante et parfois chaotique. 

Inventer une nouvelle façon de faire classe

Car à partir du 16 mars 2020, partout en France, des instituteurs aux professeurs d’université, il a fallu expérimenter une nouvelle façon de faire l’école.

De nombreux professeurs ont utilisé leur propre matériel et les logiciels grand public, tout comme les élèves, pour entamer ce grand bond en avant numérique. Avant c’était interdit. Le monde de l’école en ligne était une sorte de forteresse. Pour des raisons de sécurité que l’on comprend, l’Education nationale avait entièrement recréé un univers digital, bien éloigné de nos pratiques quotidiennes. Un monde lourd, administratif. Le cahier de texte partagé… en semblait l’apogée. 

Et puis les interdits ont rejoint la longue liste de ce que l’on ne faisait pas dans “le monde d’avant”. Nous étions « dans un moment de bascule fabuleux, se réjouissait dans Le Monde en avril 2020, Yannig Raffenel, président du Cluster EdTech Grand Ouest qui fédère les acteurs de l’éducation numérique  sur ce territoire. Du jour au lendemain, les établissements scolaires sont passés de presque 100 % de présentiel à 100 % de distanciel, sans nuance. » Selon lui ce « bac à sable grandeur nature » d’expériences pédagogiques numériques, dans lequel plus de 12 millions d’élèves et près d’un million d’enseignants se sont plongés malgré eux, a été l’occasion de « faire tomber les barrières » érigées contre le numérique éducatif. 

Les professeurs ont multipliés les initiatives sur Internet

Partout, les professeurs ont inventé. Ouverture de blogs, classes interactives sur Discord, chaînes YouTube et même création de jeux vidéo pour favoriser l’apprentissage. « Les professeurs ont fait un boulot incroyable », a conclu le ministre de l’Education nationale. 

« Je voulais rester en contact avec mes élèves », témoignait alors Marie-Solène Letoqueux, maîtresse en maternelle lorsque nous avions repéré ses délicieuses vidéos en mars. « Mon mari m’a dit : “lance-toi sur YouTube” », où son émission La maîtresse part en live cartonne encore aujourd’hui, bien au-delà de sa région. Nouveautés dans cette avalanche de nouveautés : les classes migrent aussi sur Instagram et TikTok. 

 
 
 
 
 
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Sur son compte MaitressAdeline, cette professeur des écoles a commencé lors du premier confinement à partager ses fiches de révisions hautes en couleur, tout en rappelant gentiment les règles d’orthographe et de grammaire en quelques secondes pour faire réviser autrement nos enfants. Un format qui dépoussière les manuels et stimule l’attention des plus jeunes, et qui prouve son efficacité à l’heure d’un retour en classe plus ou moins généralisé. Jusqu’à la prochaine vague ? 

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