Quand on est une femme, jouer en ligne n’a rien d’anodin. Les insultes à répétition peut vite décourager les joueuses.
Quand on est une femme, le jeu vidéo peut ressembler à une terre hostile. Insultes et mépris quant aux compétences, harcèlement… les exemples ne manquent pas pour démontrer que, si les femmes veulent jouer, elles devraient le faire discrètement. Ou pas du tout.
Dernière illustration de cette misogynie en date : la prise de parole de Maghla, une célèbre streameuse (c’est-à-dire diffusant ses parties en direct), qui expliquait être victime d’un harcèlement très violent.
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Pour tenter de contrer ce sexisme, certaines joueuses développent des techniques d’évitement. Certaines font le choix d’incarner un personnage neutre ou masculin. D’autres, quand il y a un chat vocal, décident de couper le micro. Mais la communication étant souvent primordiale dans ce genre de jeux, elles décident souvent d’arrêter de jouer en ligne et de s’isoler dans des jeux où elles peuvent s’amuser seules.
Ce documentaire de la chaîne Game Spectrum explore l’histoire du sexisme dans le jeu vidéo.
Pourquoi ce sexisme ?
Après 1983 et un grave krach économique qui a bien failli enterrer le jeu vidéo, les créateurs du jeu vidéo ont resserré leur stratégie marketing autour des jeunes garçons et hommes. Publicité présentant des femmes hypersexualisés, personnages bodybuildés répondant au fantasme de « l’homme viril »… à l’époque, les studios, composés en grande partie d’homme, redoublent d’effort pour proposer des jeux qui semblent seulement s’adresser aux hommes, et véhiculer des clichés misogynes. Point d’orgue de cette époque, la sortie de la « Gameboy » dont le nom évoque ce choix marketing.
Si depuis, les choses se sont largement améliorés du côté des productions de jeu vidéo (on voit par exemple de plus en plus d’héroïnes), du côté des joueurs, l’idée s’est largement installée que le jeu vidéo était leur chasse-gardée et que les femmes ne devraient pas s’y essayer.
Dans la série de jeux Horizon, la protagoniste est une femme, pas assez féminine pour certains joueurs. Preuve que la question de la représentation des femmes dans le jeu vidéo est encore un sujet brûlant.
Et du côtés des pros ?
Du côté de l’esport, c’est-à-dire la pratique professionnelle du jeu vidéo, les e-athlètes qui s’affrontent sont en grande majorité des hommes, malgré la mixité de fait de la plupart des compétitions. Mais les femmes se retrouvent souvent confrontée à un plafond de verre, qu’on explique par plusieurs raisons.
👉 C’est d’abord le rythme de vie qui pose question : à haut niveau, les joueurs professionnelles vivent dans des gaming house, ils sont en colocation avec leurs coéquipiers. Et pour certains, la proximité d’une femme poserait un problème.
👉 Ensuite, un peu comme pour le football féminin, ou bien plus tôt les échecs, les femmes sont assez peu incitées à s’investir dans leur enfance ou leur adolescence à la pratique du jeu vidéo. Au moins au niveau intensif, nécessaire pour atteindre le niveau de réflexe et de connaissance du jeu nécessaires pour en faire son métier.
👉 Enfin, et c’est sûrement le plus gros argument, ce milieu très masculin semble assez peu enclin à faire entrer des femmes dans sa sphère. En témoigne les abandons de joueuses professionnelles, face au flux d’insultes et de commentaires sexualisant qu’elles subissent.
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La joueuse professionnelle Xiaomeng “VKLiooon” Li a été la première femme à remporter un tournoi majeur sur le jeu de carte et de stratégie Hearthstone. Dans son discours, elle explique : « Je veux dire à toutes les filles qui rêvent d’esport, de compétition et de gloire : si tu veux le faire et que tu crois en toi, tu devrais juste oublier ton genre et te lancer ! »
Comment changer les choses ?
Pour contrevenir à cette fatalité, certains organisateurs de tournois ont fait le choix de fonder des ligues féminines. C’est le cas des jeux de tir Valorant ou Counter Strike : Global Offensive, ou, plus récemment de League of Legends, un jeu extrêmement populaire depuis plus d’une décennie désormais.
Des initiatives plus indépendantes voient le jour, portées par des associations féminines, comme Game’Her ou Women in Games. Elles proposent, entre autres, des programmes de coaching pour tenter de porter des joueuses jusqu’au haut niveau. Pour les joueuses amatrices, ces associations offrent aussi des espaces sains pour qu’elles puissent partager leur passion sans être confrontées à la misogynie. Pour en savoir plus, cliquez ici.