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Qui a dit que les Français n’étaient pas solidaires ? Le recours aux cagnottes en ligne telles que Lydia, Tribee ou Leetchi, qui vient de fêter ses 15 ans, est devenu un réflexe de mobilisation pour des millions de personnes. Plus besoin de courir à gauche à droite avec une enveloppe qui se remplit laborieusement. Il suffit de se connecter à la page du projet de financement participatif et d’y déposer la somme de son choix. En quelques clics, on peut aider son collègue, son voisin ou un inconnu à accomplir un projet voire à sauver sa vie. En témoignent les histoires que nous vous avons sélectionnées, qui prouvent à quel point le numérique peut être une formidable source d’entraide.
À Reims, soutien à la famille de l'infirmière poignardée
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En mai 2023, Carène, une infirmière au CHU de Reims de 37 ans, a tragiquement perdu la vie lors d'une attaque au couteau. Deux de ses amies, Marylène Trichet et Manon Ledoux ont lancé une cagnotte en ligne pour soutenir sa famille. La générosité des 1300 donateurs a permis de récolter plus de 23 000 euros, témoignant d'une solidarité nationale envers les proches de la victime, son mari et ses deux fils. Certains n'hésitent pas à mettre une centaine d'euros, rapporte France 3, d'autres laissent des messages de soutien et de condoléances : "il n'existe pas de mot pour exprimer la perte d'un être cher, une épouse, une maman" écrit Nathalie, une participante. "Cela ne devrait jamais arriver", assène Sophie, une autre donatrice. Cette cagnotte amène un autre objectif, plus intime : se souvenir de Carène et "ne pas la laisser partir comme ça. Il fallait qu'elle laisse une trace d'elle et qu'on honore sa mémoire", explique Marylène Trichet. "Nous exerçons nos missions de soignants pour aider, soutenir, soigner, écouter et non pour subir, souffrir et succomber. Les soignants sont touchés et ils ont beaucoup de mal à remettre leur blouse aujourd'hui", conclut cette dernière, bouleversée en tant que femme, amie et soignante.
À la rescousse d’un cheptel de bovins dans les Hauts-de-France
“À compter du 1er Décembre 2024 la période de vêlage va commencer pour les futurs veaux, ce ne sont pas moins de 32 nouvelles naissances mâles ou femelles qui vont pointer le bout de leurs nez”, écrit Jean-Christophe Bertrand dans un message de remerciement adressé à ses donateurs. Cet éleveur dans l'Avesnois, voyait sa ferme menacée de liquidation en raison de dettes importantes, quand sa fille Cyrielle a initié une cagnotte en ligne le 12 juin dernier pour sauver l'exploitation familiale. En deux mois, plus de 46 000 euros ont été collectés, offrant un nouvel espoir à la famille, leur permettant de préserver une activité agricole viable. "C'est une avalanche d'affection, de reconnaissance. Les personnes aiment ce que je fais, car ils aiment les vaches, la nature, la biodiversité. Par le biais des courriers ou de la cagnotte c'est impressionnant." confiait plein d’émotion Jean-Christophe Bertrand au micro de France 3. Pour couvrir intégralement la créance, 90 000 euros, le propriétaire de l'exploitation est prêt à vendre quelques génisses. Aujourd'hui, il manque environ 10 000 euros, et il reste 10 jours pour y participer.
En Franche-Comté, le traitement d'une maladie rare non remboursée
Souffrant d'une forme sévère d'algie vasculaire de la face, également appelée "maladie du suicide" en raison de la douleur omniprésente, Céline Dussaucy partage son témoignage poignant dans les colonnes de l’Est Républicain en octobre 2021. Les lecteurs font alors part de leur émotion et, motivée par leurs commentaires, la Charmontaise lance une cagnotte en ligne pour financer son traitement coûteux (560 € tous les vingt-huit jours) avec des médicaments à base d’anticorps monoclonaux, qui ne sont pas remboursés (et pas toujours autorisés) en France. À long terme, Céline Dussaucy et les autres patients touchés par cette maladie orpheline se battent pour sa prise en charge par l’État. Cette initiative a permis de récolter des fonds essentiels pour son suivi médical.
Dans le Lot-et-Garonne, l’adolescente lève des milliers d’euros pour la ferme familiale
En 2016, la famille Pécourneau, basée à Madaillan (Lot-et-Garonne), est endettée lorsqu’elle se lance dans un élevage de volaille pour tenter de sauver l’exploitation maraîchère familiale, menacée de faillite. Obligée de contracter un emprunt de plus et d’hypothéquer la maison, cette famille d'agriculteurs se retrouve confrontée aux normes sanitaires en constante évolution, qui rendent toute installation obsolète, aussitôt sortie de terre. L'épidémie de grippe aviaire de 2017-2018 est un coup de massue pour Joël Pécourneau, le père, qui fait une tentative de suicide. Sa fille Emilie, alors âgée de 15 ans, crée en cachette une cagnotte en ligne avec un objectif de 450 000 €. Très vite, les médias s’intéressent à l’affaire et l’initiative suscite un élan de solidarité à travers la France, permettant à la famille de surmonter cette période critique. Ils obtiennent finalement 250 000 €. “L’exploitation est toujours en difficulté”, déclarait Emilie Pécourneau dans les colonnes de Ouest France l’an dernier “mais cette histoire nous a donné de l’espoir alors on tente de s’en sortir, ne serait-ce que par respect envers tous ceux qui nous ont aidés, sans qui on ne serait déjà plus là.” Déterminée et profondément optimiste, la jeune femme a d’ailleurs vu son récit porté à l’écran.
L’efficacité des cagnottes en ligne pour mobiliser la solidarité et apporter un soutien concret à ceux qui en ont besoin est indéniable. Parfois, elles peuvent même faire bouger les lignes. Voici néanmoins trois conseils pour éviter des arnaques à la fausse cagnotte :
- Connectez-vous sur le site de l’ORIAS (Organisme pour le registre unique des intermédiaires en assurance, banque et finance) pour vous assurer que l’hébergeur de la cagnotte ne figure pas sur la liste noire de l’Autorité des marchés financiers.
- Privilégiez les plateformes de dons déjà connues et méfiez-vous des démarcheurs qui vous invitent à procéder directement par le biais d’un virement sur un compte bancaire au financement d’un projet.
Assurez-vous de disposer d’informations suffisantes sur le projet et le porteur de projet. Un contrat-type doit être mis à disposition, ainsi que l’adresse et le numéro de téléphone du service de réclamation.
En cas de doute sur une cagnotte en ligne, vous pouvez prévenir la DGCCRF ou l’ACPR. Et si vous avez effectué un don sur un site frauduleux, vous pouvez déposer plainte auprès de la police, de la gendarmerie, ou du procureur de la République. L’escroquerie est punissable d’une peine de cinq ans de prison.