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“J’arrive plus à regarder un sport sans parier dessus je suis dégoûté de moi”. Ce commentaire, posté sur le compte TikTok d’un ancien addict aux jeux de paris en ligne, en dit long sur ce fléau.
A 24 ans seulement, Quentin Houët a décidé de se faire bannir des sites de paris sportifs français. Une démarche adoptée par 60 000 joueurs, dont de nombreux jeunes, comme l’explique Le Monde. Quentin a annoncé avoir pris “’une des meilleures décisions de [s]a vie” dans une vidéo publiée sur son compte Tik Tok, où apparaît une capture d’écran d’un mail de l’Autorité nationale des jeux (ANJ) . “A compter du 15 mars 2024, vous serez interdit de vous connecter avec un compte joueur aux sites Internet des opérateurs de jeux légalement autorisés en France, pour une durée de trois ans minimum”, peut-on lire.
Comme lui, ils sont des millions de joueurs à avoir cédé aux sirènes des sites et applications de paris en ligne qui pullulent depuis l’autorisation du jeu en ligne en 2010 et la fin du monopole de la Française des Jeux (FDJ). Pour captiver les populations les plus vulnérables, les opérateurs de jeux se font concurrence à coups de matraquage publicitaire à destination des banlieues et quartiers populaires.
C’est dans le département de Seine-Saint-Denis que la réalisatrice Eve Mazet a posé ses caméras pour le documentaire “Jeux dangereux. La face cachée des paris sportifs”, diffusé sur France.tv Slash. Elle y tend le micro à Abdoulaye, Eamon, ou encore Rayan, des parieurs qui racontent leur expérience à visage découvert. Ces hommes, âgés de 18 à 30 ans — période cruciale — constituent le cœur de cible des sociétés Winamax, Betclic ou Parions sport.
Rodéos urbains, arrestations, et parties de foot avec barres d’immeubles en toile de fond… ce pêle-mêle de clichés circule dans les vidéos promotionnelles au montage frénétique et aux images ultra-léchées, promues par des opérateurs de jeux en ligne. Ils entendent surfer sur les codes d’une génération qu’ils espèrent captiver. Outre l’argument de l’argent facile, ces sociétés font miroiter une ascension sociale au parieur, qui sortirait ses proches de la galère. En mars 2022, Winamax a même été contraint de retirer une publicité jugée trop mensongère.
Publicité et paris sportifs - Les membres du collège de l’ANJ ont décidé de prescrire à l’opérateur de paris sportifs Winamax le retrait de sa publicité « Tout pour la daronne », dans un délai d’un mois.
— Autorité nationale des jeux (@ANJ_FR) March 17, 2022
Pour en savoir plus : https://t.co/6GsRvSqJOn pic.twitter.com/RBe0rsiHIH
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Constamment sollicités, les parieurs peuvent rapidement basculer de l’autre côté. Entre 10 euros misés au tabac du coin et des nuits blanches à suivre des matchs sur son application de paris sportifs, il n’y a qu’un pas. Et finalement, le compte n’y est pas. En 2022, le montant des sommes perdues par les parieurs en France atteignait 1,4 milliard d’euros selon l’ANJ. Surendettement, problèmes familiaux, isolement social… les conséquences d’une telle addiction peuvent conduire au suicide. Pour ne pas tout perdre, il faut en parler. Si votre enfant est une cible potentielle, n’hésitez pas à le questionner. Vous pouvez également appeler le 09 74 75 13 13, un numéro non surtaxé que vous pouvez joindre anonymement 7j/7, de 8h à 2h, si vous avez des questions ou besoin de parler de votre problème d’addiction au jeu ou de celui d’un proche.