J’observe le décor autour de moi. Ce chapiteau, il me dit quelque-chose…Ces tissus rouges, ces éclairages, ce bar boisé.. Mais oui bien-sûr ! C’est le Cabaret Sauvage, à Paris ! Ça fait une éternité que je n’y suis pas allée. Quelle joie d’y être à nouveau, même virtuellement (surtout que j’habite à Nantes désormais).

Sauf que là, il y a beaucoup moins de monde : seulement Imany, les musiciens et moi (le concert a été filmé avec les contraintes de la situation sanitaire). Sur le coup, je me sens un peu seule dans ce grand espace… Et puis je réalise que sans la foule, la beauté du chapiteau me saute aux yeux pour la première fois. Je ne suis pas gênée non plus par ces têtes plus hautes que moi, qui m’obligent d’habitude à sautiller sur place pour voir la scène.
Mieux : j’ai tout mon temps pour me plonger dans la musique et restée concentrée dessus. Et oui : avec mon casque, je ne suis pas perturbée par mon téléphone, à vouloir prendre plein de photos et de vidéos (que je ne regarderai jamais de toute façon).

Ceci n’est pas possible avec la VR.
Trois notes et les violoncellistes me sortent de mes pensées. Ça y est, ça commence ! C’est une reprise de la chanson “Take me to Church”, de Hozier. Casque sur les yeux, gobelet récupéré à un concert à la main, je fais des tours sur moi-même pour tout regarder, ne rien louper (heureusement qu’il n’y a pas de caméra cachée chez moi, j’aurais eu l’air maligne)…
Ça fait bizarre d’être si proche des musiciens. Je ne ressens pas les vibrations de la musique dans la poitrine, il n’y a pas les odeurs, la foule, la présence “réelle” des musiciens qui fait toute l’émulation d’un concert “en vrai”. Mais là, la réalité virtuelle offre une toute autre expérience, différente et très plaisante !
J’ai l’impression de vivre un instant privilégié, un moment intime avec les musiciens et Imany. Je ne suis pas perturbée par mon téléphone, à prendre un tas de vidéos, je ne suis pas bousculée par les gens, je suis uniquement concentrée sur la performance des artistes.
Et surtout, je peux danser n’importe comment, au chaud dans mes vieilles pantoufles ! Et ça, c’est le pied.
Au fil des notes, je suis de plus en plus à fond. Puis tous les musiciens se lèvent.
La musique s’amplifie, ils dansent de droite à gauche, tapent des pieds, et je me retrouve à faire pareil. Le violoncelliste à la droite d’Imany me fixe. Je le fixe. Et nous voilà ensemble, transportés par la musique, à bouger sur le même rythme.
Dernières notes, l’image se fige : le morceau est déjà fini. Mais moi, j’ai encore envie de danser ! Alors je repasse la vidéo. Au moins 5 fois à la suite, jusqu’à ce que j’entende la porte d’entrée claquer. C’est mon conjoint qui rentre du sport :
“Tu as passé une bonne soirée, ma chérie ?”
“Oui c’était trop cool ! J’étais à un concert d’Imany…”
“…hein ?!”