Folie Vinted : quand la mode seconde main rend nos ados accros

Économiques et connectés, les dressings en ligne se juxtaposent parfaitement aux envies et aux besoins d’une jeune génération en quête de style, mais aussi d’indépendance. Comprendre leur fonctionnement, accompagner nos enfants dans leur utilisation, mais aussi les prévenir d’éventuelles dérives, Bien vivre le digital vous guide pour une séance shopping d’un nouveau genre.

Publié le : 24-06-2021

Folie Vinted : quand la mode seconde main rend nos ados accros

 

Tu ne le portes plus ? Vends-le ! Impossible de passer à côté du slogan de Vinted fleurissant sur tous nos écrans. Née en 2008 dans l’esprit de la Lituanienne Milda Mitkude qui ne parvenait pas à faire rentrer dans ses cartons de déménagement sa gigantesque garde-robe, l’application Vinted est aujourd’hui devenue l’espace incontournable d’échange de vêtements et d’objets de seconde main. 

France, Espagne, Italie, Allemagne, Pays-Bas… C’est un réseau à grande échelle qui se tisse aujourd’hui à travers le vieux continent. Rien que pour l’hexagone, marché en pole position pour la plateforme, en 2020 ce sont quelques 16 millions de personnes qui ont mis en ligne leur vestiaire. Cette même année,  Médiamétrie et la Fédération du e-commerce et de la vente à distance (Fevad) ont annoncé que Vinted se hissait au quatrième rang des sites d’e-commerce les plus consultés, derrière la Fnac et devant Carrefour. Dans ce grand brassage de données, un fait intéressant ressort : 40 % des 18-24 ans fréquenteraient le site. Alors pourquoi le cœur des jeunes bat-il la chamade pour le vestiaire en ligne ?

Gen Z, génération friperies ?

Si Vinted a su faire les yeux doux aux jeunes, c’est très certainement grâce à sa solide communauté. Sur l’application, les « vinties », aka les personnes utilisant Vinted, se tutoient, échangent par tchat et se donnent des conseils sur la vente, l’achat et sur les dernières tendances à suivre, le tout dans une ambiance très « à la cool ». C’est aussi l’endroit idéal de la jeune génération pour dégoter des pièces rares, des vêtements de créateurs ou des pépites vintages à moindre prix, ravivant ainsi la bourse d’une population pas encore active professionnellement parlant.

Alors qu’on pourrait croire que le marché de la seconde main est un domaine surtout réservé à une population plus âgée aimant se balader le dimanche entre les allées d’une brocante, il n’en est pourtant rien. Selon l’étude américaine Piper Sandler menée en 2020 auprès de 7 000 adolescents (âge moyen 16 ans), 47 % d’entre eux ont déjà acheté d’occasion et 55 % ont vendu d’occasion. Les 13-18 ans seraient d’ailleurs la catégorie la plus consommatrice de seconde main.  Preuve de ce succès certain, de multiples plateformes qui fonctionnent sur un principe similaire à Vinted séduisent désormais les jeunes en quête de trésor. Véritable phénomène outre-manche, la plateforme Depop débarque en France et pique la curiosité des plus jeunes puisque 90 % de ses utilisateurs ont moins de 26 ans. Vêtements vintages, pièces de petits créateurs, objets fait main ou décorations venues d’un autre temps… Depop fait tourner la tête de nos enfants. Cocorico, l’hexagone lui aussi entend entrer dans la danse des vestiaires en ligne avec des plateformes telles que Patatam, plateforme bayonnaise qui propose des vêtements à prix (vraiment) minis.

 
 
 
 
 
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Dans un article sur le sujet, le Huffington Post englobe cet engouement dans une analyse sociologique plus profonde : « Au-delà du point de vente physique, les plateformes de vêtements d’occasion en ligne, sont des lieux d’aspiration pour les jeunes utilisateurs, en quête d’identité, puisqu’on y voit émerger de nouvelles tendances de la mode. Elles ont même renversé le rapport de force : si auparavant les tendances venaient des rédacteurs de mode pour influencer les consommateurs, aujourd’hui, ce sont les utilisateurs de ces plateformes qui définissent les tendances, avant même l’industrie de la mode – qui parfois les récupère ». Qui a dit que la jeunesse n’avait pas son mot à dire ?

Éviter que la seconde main ne tourne à la fast-fashion

Alternatives responsables aux vêtements neufs, Vinted et ses compagnons de route seraient-ils devenus les modèles d’une économie numérique et écologique ? « Vinted est basé sur le principe de l’économie circulaire au sein de l’industrie textile », explique la plateforme avant de poursuivre : « Nous ne prétendons pas être la solution complète à une mode plus éco-responsable, mais un article vendu sur notre plateforme est toujours un article neuf acheté en moins ». Certes, mais la surconsommation de nos jeunes de ces vestiaires 2.0 ne s’approcherait-t-elle pas dangereusement des habitudes d’achats classiques et moins écologiques ? « C’est une copine à moi qui m’a conseillé de me mettre sur Vinted pour trouver des vêtements de marques beaucoup moins chers et vendre facilement les habits qui ne m’allaient plus. Résultat des courses : de bonnes affaires en bonnes affaires, j’achetais au moins 3 articles par semaine et ma garde-robe grossissait à vue d’œil au lieu de s’épurer », nous explique Jade, lycéenne de 17 ans qui depuis a arrêté d’utiliser la plateforme.

Comment aider nos enfants à faire rimer bonnes affaires et vie en vert ?

Se fixer des objectifs 

Tu ne le portes plus ? Vends-le vraiment ! Le problème des plateformes à l’image de Vinted c’est qu’il est bien souvent plus aisé d’acheter que de vendre. Pour équilibrer la balance et éviter d’acheter tous azimuts, aidez votre enfant à se fixer des objectifs. Voici le deal : par exemple, pour pouvoir acheter une nouvelle trouvaille, il devra auparavant réussir à vendre 3 pièces de sa propre garde-robe. Marché conclu ! 

Faire un bon ménage de printemps 

Être accro au shopping, un « mal » que beaucoup d’ados partagent. Le problème, c’est que ces derniers se trouvent à acheter une infinité de pièces quasi similaires pour nous rabâcher au final le fameux « je n’ai rien à me mettre ». Ouvrez grand son armoire et aidez-le à faire une liste de tout ce qui s’y trouve. Avec 10 paires de jeans, 20 t-shirts et 17 petites robes, le compte y est déjà non ? 

Apprendre à donner 

Autre problème des vestiaires en ligne : la perte de l’envie de partager face à l’appât du gain. Plutôt que de faire parcourir des kilomètres aux vêtements qu’ils ne portent plus, aidez votre enfant à donner les habits qui ne sont plus à son goût ou trop petits. Famille, amis, associations… Soyons solidaires avant tout !

Trouver LA pépite 

Malheureusement, sur ces plateformes, les articles se vendent le plus sont bien souvent des pièces issues de la fast-fashion proposées à prix cassés. Avec des vêtements à 2 ou 5 euros, difficile en effet de résister à la tentation. Ouvrez le dialogue et expliquez à votre ado qu’il n’est pas vraiment utile d’acheter une pièce qu’il peut trouver dans le commerce d’à côté. Rappelez-lui que l’intérêt de ces dressings en ligne est avant tout de fouiller pour trouver des pièces de seconde main rares qui donneront un caractère unique à son look. Moins acheter, mais mieux, pour frimer ensuite devant tous les copains avec cette nouvelle pièce que personne n’aura vu ailleurs.

Choisir une alternative  

Sachez enfin qu’il existe des vestiaires en ligne de plus en plus ancrés dans une démarche éthique. Le site français au nom évocateurEthic 24h propose par exemple de donner un caractère durable aux plateformes de vente et d’achat en ligne. Ce dernier propose ainsi des produits éthiques de seconde main et de fins de séries issus d’un réel savoir-faire, fabriqués dans des matières respectueuses de l’environnement et dans des conditions de travail humaines. Comme quoi, rien n’est impossible !  

 
 
 
 
 
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